Le régiment à la suite de ces jours extrêmement durs alla se mettre au repos , Fernand blessé légèrement à la main gauche fut évacué vers l’arrière.
Blessure dûment certifiée par trois de ses compagnons d’infortune, le Sergent Major Anceaux René, le Caporal Fourrier Burneau Charles et le 2ème Classe Manchoux Jean. Le médecin Major Lombardy Pierre le soigna et le fit évacuer.
Pour Fernand cette 4ème blessure n’était qu’une égratignure, juste un mois d’arrêt et il rejoindra son régiment en Meurthe et Moselle. La mission du régiment était très simple en ce front reculé, surveillance des vallées de la Moselle et de la Seille. Du haut de la cote du Xon à 356 mètres d’altitude, les soldats se relayaient en une surveillance monotone. Les zouaves y seraient presque bien, si un froid vif et piquant ne venait durcire la terre et endolorir les membres.
En avril les Zouaves pleurent le départ de Papa, en effet le lieutenant colonel Rolland laisse sa place au lieutenant colonel Poirel.
Un régiment d’élite ne pouvait éternellement rester en surveillance, ,une tâche immense attend nos zouaves. Les Français piétinent face au mont de champagne, collines de craie répondant aux jolis noms de Cornillet, mont Haut, mont Blond, mont Perthois, le Casque, le Téton, et le mont sans Nom. Ces monts fortifiés, creusés d’immenses galeries forment un vaste observatoire pour les Allemands qui dominent ainsi nos positions. L’attaque Française débute le 7 avril, les zouaves entrent en scène le 13 mai pour l’attaque finale du Cornillet.
Fernand toujours au 11ème bataillon en cette nuit du 13 au 14 mai s’apprête à relever le 2ème bataillon du 48ème d’infanterie dans le premier secteur.
Son chef le Capitaine Alessandri s’assure de bon déroulement de l’opération, avec 2 compagnies, les mitrailleurs s’installent en 1ère ligne.
Outre les gardes, Fernand comme les autres se transforme en terrassier, création de parallèles de départ et d’une ligne de soutien. La craie se prête à merveille aux travaux mais la chaleur est importante et les hommes se fatiguent vite.
Le 19 mai Fernand et le 11ème sont retirés de la 1ère ligne et s’installent dans la ligne de soutien et dans la tranchée Erfurth.
Ayant eu vent d’une attaque éminente, Fernand s’emporte de ne pas être dans la 1ère vague.
- Non de dieu une semaine qu’on creuse et vla ti pas qu’on nous fout à l’arrière.
- Tu devrais être content bougre de couillon, on clamse toujours au départ de l’attaque.
- De la viande qu’on est .
- Ouai mais moi je veux bouffer du boche et rentrer chez moi le plus vite possible.
- Sur mon gars ta Fernande elle va s’en trouver un autre.
- Ferme la ou j’te fous un coup de Rosalie.
Le 20 mai les zouaves sont en place pour l’attaque, le bombardement ennemi se déchaîne, les hommes habitués sont impassibles, Verdun et la Somme les ont endurcis. Les nouveaux, encadrés par la vieille garde n’osent broncher.
L’Artillerie Française se déchaîne également et va crescendo jusqu’à midi.
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Un Allemand se rend vers 13h 30 et révèle la position d’un vaste tunnel occupé par un bataillon presque entier.
Les tirs d’artillerie s’acharneront sur ce dernier faisant des centaines de victimes.
A 16 h 25, les zouaves s’élancent comme à la parade, les canons Allemand se déchaînent, Fernand et le 11ème ramassent pas mal.
Chacun baisse le col quand la déflagration arrive, puis soudain un sifflement, puis un autre et encore un autre.
Fernand en est complètement abruti. Puis un bruit suivi d’un silence.
Il fait noir, Fernand suffoque, les yeux lui brûlent, de la terre s’introduit dans sa bouche, il va crever c’est sur, il prend conscience qu’il est enterré, panique tente d’ hurler mais la craie le bâillonne. Il se débat, ses forces l’abandonnent. Mais la mort n’est peut être pas pour aujourd’hui, il se sent tiré par des forces extérieures, enfer ou paradis ?
Le visage de Gaston lui apparaît soudain, de l’air pénètre à nouveau dans ses poumons, il crache, vomit et tousse, ses yeux lui font mal.
A peine remis, Fernand doit s’élancer à son tour, la montée est rude, des trous partout, des troncs d’arbres calcinés, des cadavres déchiquetés, des lambeaux de barbelés formant de cruels pièges et le tir précis des mitrailleuses teutonnes.
De nouveau une explosion, Fernand est encore enseveli, moins profondément que la première fois, il s’extirpe seul de son linceul de terre.
Mais enfin dans un élan irrésistible l’attaque est consumée et les Allemands chassés du sommet.
Fernand n’est pas blessé mais un grand nombre de ses copains ne se relève pas. Il a soif, a un goût de terre dans la bouche, ses poumons sont en feu et ses yeux à moitié mi clos lui font endurer le martyr. L’essentiel, c’est à dire sa vie a encore été préservée.
Il ne participe pas au nettoyage du tunnel mais il y jette un coup d’œil au passage. Un indicible spectacle s’offre à lui, emmurés, asphyxiés 400 jeunes gars sont entassés grimaçant, bavant, bleuis, noircis, les yeux exorbités, disloqués en des postures grotesques.
Fernand pourtant endurci en est tout chamboulé.
Mais pas le temps de s’apitoyer la CM 3 est versée dans le bataillon du Capitaine Simondet.
Les Allemands n’entendent pas rester sur cette défaite et déclenche une série de contre attaque.
Elles vont toutes échouer, la mitrailleuse de Fernand est brûlante.
La nuit va être particulièrement longue, aucun ravitaillement n’est possible, la faim est tolérable, mais la soif rend cinglé, enterré 2 fois, de la craie plein la bouche, Fernand en aurait bien bu sa pisse si il avait pu se soulager.
Le lendemain la violence des bombardement ne faiblit guère, Fernand en 1ère ligne en subit les conséquence, un obus incendiaire tombe à coté de lui, cette fois si, il est mur pour une 5ème blessure, sa jambe gauche est brûlée et des gaz l’intoxiquent.
Les poumons sont légèrement touchés, sa respiration est difficile, sa langue a doublé de volume, et ses yeux s’obscurcissent. Sur la civière qui l’emporte il se dit qu’il préfère mourir que de devenir aveugle.
Il s’inquiète pour rien, il reverra le sourire de Fernande et ses fesses dodues. Bien soigné, les yeux lavés, désaltéré, la brûlure pansée, il n’aura qu’un repos de 1 mois avant de retrouver ses copain de malheur.
Pour certain, l’enfer du mont Cornillet souffle d’un feu équivalent au brasier infernal de Verdun.
1200 zouaves du 1ere régiment y laisseront leur peau, les citations tomberont.
Décimés, renouvelés, les chacals sont toujours là.
Quel travail toute sa Biographie militaire au Fernand ! en ont bavé !!
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Ping : 1021/20 mai 1917 | 1914-1918: Reims dans la Grande Guerre
Ce parcourt de Fernand me touche doublement :
1 – Alfred, mon grand père à vécu de semblables mésaventures à des endroits différents. Il m’a remis sa croix de guerre avec 3 étoiles et palme et sa légion d’honneur.
2 – J’habite si l’on peut dire au pied du Mont Cornillet, et avec les allemands, notre association vient de commémorer le centenaire de cette terrible journée du 20 mai 1917.
Notre association:
http://www.lesamisdenauroy.fr/
https://www.facebook.com/Nauroy/
Bravo pour ce témoignage.
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Mon grand-père s appelait Ferrand.
Il a fait la grande guerre.
Il s est engagé afin que son père rentre à la maison.
Ses permissions étaient au cœur des champs de bataille.
Il était Champenois.
Il a eu beaucoup de citations et j ai trouvé sur internet une citation le concernant. Quelle émotion ! L général Gouraud lui a offert sa montre pour le recompenserEnsuite il fut décoré de la légion d honneur pour son appartenance à la résistance et es actes de bravoure pendant la guerre 39-45
Nos aïeux ont souffert
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