La mort vient souvent de l’eau
On estime que le foyer original du choléra est le delta du Gange en Inde, au 19ème siècle la maladie a voyagé dans le monde entier en 6 importantes pandémies.
Le choléra a depuis lors fait plusieurs millions de victimes. Le choléra est devenu endémique dans de nombreux pays.
Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille vibrio cholerae.
Les symptômes sont des crampes violentes, des fortes diarrhée, une soif inextinguible, un amaigrissement rapide, une excavation des orbites et des sueurs froides.
La transmission est féco oral est souvent due à une mauvaise hygiène et à une gestion calamiteuse de l’environnement et en particulier de l’eau.
Il n’existe aucun cas de transmission par des cadavres
La version atténuée du choléra s’appelle la cholérine.
La mort peut survenir de quelques heures à 3 jours.
En 1855, la maladie arrive en Charente, pourquoi, comment ?
Une contamination par les soldats revenant de la guerre de Crimée est une explication possible, quoi qu’il en soit, début janvier la ville d’Angoulême est touchée. L’épidémie se propagera alors en tout sens dans le département.
Le petit village de Saint-amant-de-Boixe est construit en amphithéâtre sur le vallon d’un coteau, baigné par un affluent de la Charente, le Javart. Une magnifique abbatial implanté au centre du village impose sa magnifique architecture depuis plus de mille ans. Elle à pour origine un ermite qui vivait au 6ème siècle dans la forêt de Boixe, le nommé Amant. Elle fut l’un des plus grands centres monastiques de Charente, mais dès le 14ème siècle un long déclin s’annonce. Pour la période qui nous intéresse, les moines ont disparu et la commune peine à entretenir cette vaste structure.
Le village est composé du bourg principal avec une partie haute et une partie basse où s’entasse la population la moins aisée. Au sud ouest se trouve le hameau de la Fichère et au sud est celui de Nitrat.
Le Javart et l’abbatial
L’officier d’état civil de la commune a eu la bonne idée de mentionner toutes les causes de décès pour l’année 1855 facilitant ainsi un travail statistique.
Le premier cas arrive le 17 septembre 1855 et touche un bébé de 2 ans dont le père est chauffeur d’omnibus ( peut être un lien de transmission ). D’après le docteur Chapelle l’épidémie se révéla dans la partie basse du village réputée plus pauvre pour ensuite frapper sans distinction entre riches et pauvres et partie basse et partie haute.
Il y a eu 11 mort au hameau de la Fichère et le reste sur le bourg, le hameau de Mitra a été curieusement épargné.
La proportion de femme est très importante, 42 pour 23 hommes.
Catégories d’ages
0 à 10 ans : 12 soit 18,46 %
11 à 20 ans : 4 soit 6, 15 %
21 à 30 ans : 3 soit 4,61 %
31 à 40 ans : 8 soit 12,30 %
41 à 50 ans : 8 soit 12,30 %
51 à 60 ans : 11 soit 16,92 %
61 à 70 ans : 5 soit 7,35 %
71 à 80 ans : 9 soit 13,8 %
81 à 90 ans : 4 soit 6,15 %
Le nombre de foyers différents est très important, environ 59 sur 65 décès.
En effet très peu de foyer perdirent plusieurs personnes.
Francois Tribot et Marie Bouffanais perdirent 3 enfants âgés de 2 ans , 7 ans et 13 ans.
Marie Nadeau 78 ans morte le 24 octobre avait perdu son mari de 81 ans 2 jours plutôt ( mais de vieillesse, on peut s’interroger !!! ).
François Masson, 35 ans mort le 7 octobre juste le lendemain de son épouse Marie Certain, 25 ans.
Jean Sylvestre 30 ans et son père Jacques, mort respectivement le 11 octobre et le 14 octobre.
Le couple François Gautron et Marie Bouvalet respectivement 44 et 48 ans ainsi que leur fille Jeanne âgée de 14 ans. La famille fut décimé en 3 jours, soit les 11,12, 14 octobre.
Anne Menier 82 ans morte le 12 octobre était veuve de Jean Bouffanais depuis le 3 octobre.
Le maire et huissier Louis Védrenne perdît sa femme Anne Jolly le 1 novembre elle avait 41 ans.
La dernière victime fut la fille du boucher du village Pierre Picard, elle se nommait Marie et avait 4 ans, nous étions le 6 novembre 1855.
Du 17 septembre au 6 novembre l’épidémie avait fauché 65 personnes.
Le docteur Chapelle dénombre 72 victimes au total pour cette apparition du choléra sur les coteaux de Saint-Amant-De-Boixe en effet quelques cas de cholérine furent enregistrés en 1854 et en 1856.
Le choléra disparut à jamais de ce jolie coin de Charente, sans que l’on sache pourquoi ni comment.
D’autres personnes furent contaminées sans en mourir et le traumatisme fut sans doute très important.
Si la France n’enregistre plus de décès par le choléra, ce dernier fait encore de nombreuses victimes dans le monde.