LE COMMUNARD DE LA ROCHELLE, PARTIE 15, LE MARIAGE SUR LES RUINES

Le samedi 19 octobre 1872 , Agathe est toute belle dans une robe qu’elle a réussi à coudre elle même, enfin avec l’aide de sa mère qui elle aussi pour l’occasion semble reprendre le dessus. Auguste s’est fait prêter un costume, il flotte un peu dedans mais à quand même fière allure. C’est l’adjoint au maire Joseph Prudhomme qui officie, il expédie un peu l’affaire car en ce samedi c’est un peu la presse pour les cérémonies de mariage.

La famille est présente, il y a Joachim Rose le père avec la belle mère d’Auguste, Augustine Réaud, lui est toujours serrurier et elle couturière on se voit très peu à la vérité mais les mariages et les enterrements sont aussi des retrouvailles familiales où l’on se jure de se revoir en sachant évidement qu’on en fera rien. Pierre qui sert de témoin est venu avec sa famille, Alphonsine sa femme qui depuis ses grossesses a perdu sa belle silhouette d’antan et qui est devenue une imposante matrone aux formes plus que généreuses et qui fait dire à son mari qu’un bourgeois se perdrait dedans. Ils sont accompagnés de leurs quatre enfants, Suzanne onze ans poussée comme une asperge, une jeune effrontée qui mène sa mère à la baguette et qui régente Clotilde sa jeune sœur. Le frère George tire visiblement son physique de sa mère, replet, dodu, potelé le lascar rigole tout le temps et deviendra sûrement le bout entrain de la famille, il sera de ceux qu’on invite pour animer une noce. Dans les bras de sa mère il y a l’affreux poupon. Juliette est tellement laide qu’on peinerait à dire aux parents ce qu’on dit  lorsqu’ils présentent leurs enfants.

Du coté d’Agathe pour sur il y a sa mère, malgré son malheur de l’insurrection et la fuite de sa beauté, il lui restait tout de même un brin de charme. Celui que développe certaines femmes à l’approche de la cinquantaine, un érotisme d’arrière saison qui comme un soleil d’automne peut rayonner et éclairer. Auguste qui maintenant vivait avec se surprenait parfois à l’observer comme il observait sa femme..

Agathe mère fière de sa fille se tenait dans un coin de la salle avec son frère Jules Huchot sellier de la rue de Vanves et dernier rejeton de la famille.

Il y avait encore Jules Germons emballeur de la rue Quincampois et Emile Mazein souffletier, rue au maire. La cérémonie vite avalée, on se dirigea vers une auberge où Auguste avait réservé une table.

Les finances n’étant pas bien hautes, Joachim et Agathe mère avaient ouvert leur bas de laine. L’on fit une bombance raisonnable puis l’on décida de se promener dans le Paris qui peinait à se relever de ses ruines. On alla en devisant sur le chantier du château des tuileries où dit-on des braises couvaient encore. Tous se remémorèrent ces mois d’aventures, Agathe pensait secrètement à son officier et Auguste à Angèle.

Le soir Agathe mère disparut de son appartement le laissant aux deux jeunes mariés. Bien sûr Auguste connaissait maintenant les charmes d’Agathe par cœur et elle les yeux fermés était capable de deviner la moindre parcelle de peau de son peintre en bâtiment. Mais les deux décidèrent que ce serait la première fois et ils feraient semblant de se découvrir.

Agathe exigea d’abord de se déshabiller pudiquement dans le noir, alors que journellement elle revendiquait une nudité en avance avec son temps et qui faisait pester sa mère. Dans l’obscurité complète elle s’effeuilla, aguichant Auguste avec chaque morceau de tissu qu’elle faisait courir sur son visage. Lui serait devenu complètement fou de ces effluves féminines si nue comme un ver elle ne s’était glissée enfin à ses cotés.

En jeune vierge effarouchée par des choses qu’elle soupçonnait à peine elle attendit que son expert lui fasse découvrir ce qui habituellement était tu aux jeunes filles.

Auguste soigna son entrée un peu plus qu’un mari de nuit de noces, il prit son temps, puis mu par une inspiration subite il découvrir à Agathe.

Le corps d’Agathe n’était pas celui d’une pucelle et sa réactivité fut explosive, Auguste moqueur lui affirma que Thiers l’avait entendu jouir jusqu’à Versailles. N’ayant pas à se préoccuper de la présence de l’ancienne ils décidèrent de jouer dans chaque endroit propice de l’appartement. La table de chêne débarrassée des napperons encombrants grinça sous les assauts de la lutte ouvrière. Auguste pour faire le sot, entièrement nu se drapa comme un Talma de pacotille de la courtepointe de sa belle mère. Puis les deux dans un élan d’impudicité allèrent se bécoter sur le palier juste devant la porte de deux vieilles filles.

La nuit passa tumultueuse et pleine d’amour, au lendemain Agathe mère les trouva encore endormis dans les bras l’un l’autre.

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