HISTOIRE D’UNE PAROISSE DE L’AUNIS AU XVII EME SIÈCLE

Lorsqu’on se plonge dans l’étude des vieux grimoires, il n’est pas rare d’y trouver des étrangetés ou des bizarreries.

Ma plongée dans celle de mon village n’y fait pas exception .

Nous sommes en 1636, le règne du roi Louis XIII s’étire lentement à l’ombre de la soutane protectrice du cardinal Armand Jean Duplessis duc de Richelieu et cardinal de son état.

La ville état de La Rochelle a été matée, ses remparts rasés et la capitale de l’Aunis de nouveau ouverte à la religion catholique. Les costumes noirs des ministres de la religion prétendument réformée se faisant plus rare.

Notre petit coin de territoire dépend au spirituel de l’évêché de Saintes actuellement sous la tutelle de Jean Raoul de la Guibourgère nommé évêque par le roi Louis XIII.

Cet ancien conseiller au parlement de Rennes, sénéchal et maire de Nantes nommé à son siège en 1631, s’intéressa de près à notre plaine d’Aunis et plus particulièrement à notre petit territoire.

L’Aunis coincée entre les marais de la Charente et de la Sèvre avec en bordure l’océan, comportait deux parties, l’Aunis occidental , terre à vigne servant de banlieue à La Rochelle et la plaine orientale plus tournée vers le froment.

La frontière entre ces deux zones se trouvant au niveau des marais de Nuaillé, qui véritable barrière géographique, faisait basculer dans un univers différent.

La densité de population était assez faible pour une plaine fertile, environ 13 000 habitants avec une densité de 27 à 28 habitants au kilomètre carré. On y comptait une quarantaine de familles nobles occupant des logis seigneuriaux épars.

Une petite bourgeoisie rurale habitait essentiellement Benon, Nuaillé , Surgères et Mauzé.

A Benon étaient les officiers du comté, ailleurs cohabitaient les gens de justice et les marchands de vin et de blé.

Seul Mauzé et Surgères atteignaient un millier d’habitant, les autres des 33 paroisses n’étaient que fort peu peuplées.

Les artisans se concentraient presque exclusivement à Benon où la fabrique du charbon de bois en forêt les employait presque tous.

Parmi toutes ces petites paroisses certaines paraissaient encore bien plus petites en ne dépassant pas la centaine d’habitants.

Deux paroisses non loin du bourg du Gué d’Alleré , étaient dans ce cas.

Autour de son château féodal qui périclitait depuis longtemps déjà, la paroisse de Milescus ( Mille écus ) ne groupait guère de feux.

La paroisse de Rioux frileusement protégée par son église et son logis noble se trouvait de même petitement peuplée.

Il était donc inutile d’entretenir un curé pour ces lieux où la population liturgique n’était plus à même d’en assurer les tâches.

L’évêque de Saintes trancha la question et Rioux et Mille écus furent rétrogradées si l’on peut s’exprimer ainsi en annexe de la paroisse du Gué d’Alleré.

Le curé Jean Boutelon ( ou Boutelou ) dut assumer dès lors les cérémonies liturgiques dans les trois endroits.

Le curé Jacques Mascaras à sa suite assura les mêmes tâches dans les mêmes lieux. Il en fut ainsi jusqu’à la révolution française et le ministère du curé François Pierre Denechau.

Car sans visiblement qu’il y ait vraiment un problème les anciennes paroisses de Milescu et Rioux gardèrent leur cimetière et leur église.

Celle de Rioux sous le vocable de notre dame de Rioux.. Celle de Milescus sous celui de saint Julien était probablement la chapelle du château.

Afin de déterminer le pourcentage de population je me suis référé aux actes de sépultures noté par le curé Dénéchaud présent sans discontinuer de 1749 à 1792. Consciencieux il notait méticuleusement dans quel cimetière il ensevelissait ses ouailles, nous donnant ainsi une indication forte intéressante.

La majorité des sépultures eurent lien et de loin dans le cimetière qui jouxtait l’église Saint André au Gué d’Alleré suivit de très loin par Mille écus, puis terminant la marche l’annexe de Rioux

527 personnes enterrées bourg du Gué

42 personnes enterrées Milecus

31 personnes enterrées à Rioux

Nous ne sommes pas à l’évidence sur une même échelle de population.

Le dernier enterrement effectué à Rioux a été pratiqué en 1785 tandis qu’à Milecus le dernier se fit en 1787.

Nous pouvons en conclure que la population de Milecus et de Rioux ne fit que diminuer au cours des décennies confortant l’idée de l’évêque de Saintes.

Mais il est à noter toutefois que le bon curé Dénechaud continua de préciser tout au long de son ministère l’origine de ses paroissiens . Il appaire à l’évidence que lorsqu’on était de Rioux ou de Mille Ecus, l’on n’était pas du Gué. Pour nuancer il n’existait pas de poste frontière et un gars du Gué pouvait bien convoler avec une drôlesse de Rioux et une pissouze de Mille Ecus pouvait bien déposer sa dot dans une famille du bourg.

L’on peut constater aussi que beaucoup d’habitants de Mille écus prenaient conjoints au bourg d’Anais situé sur l’autre rive du Gilan ( Curé actuel ) et que ceux de Rioux se tournaient vers les célibataires de Saint sauveur de Nuaillé ( saint Sauveur d’Aunis actuel ).

Actuellement la mémoire de paroisses distinctes se perd dans la nuit des temps et il y a bien longtemps que les jardins de repos de Milecus et de Rioux sont retournés à la culture. Quand aux deux églises l’on dit qu’elles servirent de carrière pour la reconstruction de celle du Gué.

Il est très difficile de se faire une idée de l’antériorité d’une implantation humaine dans l’un ou l’autre lieu.

Des sarcophages auraient été trouvés lors de fouille à Rioux et l’ancienneté du château de Milecus n’est plus à démontrer sans qu’on sache réellement sa date de construction.

Quand au Gué d’Alleré le mystère reste entier, mais l’on peut sans se tromper imaginer que le passage à Gué de la Roulière était utilisé depuis des temps immémoriaux et sûrement utilisé par la voie romaine qui menait à Thairé le Fagnoux. ( Georges Musset )

A signaler aussi que les paroisses de l’Aunis passaient en 1648 sous l’autorité de l’évêque de La Rochelle lors de la création par le pape du nouveau diocèse de La Rochelle. Création on s’en doute éminemment politique pour lutter contre l’église réformée encore bien présente malgré la reddition de sa capitale.

Pour ceux qui sont intéressés par l’histoire de notre commune ou région vous trouverez matière dans les liens suivants.Sinon rejoignez moi sur mon blog et plongez dans la vie de vos ancêtres.

UN MARIAGE AU CHÂTEAU DE MILESCUS, PAROISSE DU GUÉ D’ALLERÉ, ÉPISODE 1

UN MARIAGE AU CHÂTEAU DE MILLESCUS, Épisode 2

LE CIMETIÈRE DU GUÉ D’ALLERÉ, Histoire d’un lieu

LES SEIGNEURS DU GUÉ D’ALLERÉ, les hommes et les femmes

LES SEIGNEURS DU GUÉ D’ALLERÉ, les lieux