Fernand est au milieu de la photo
Fernand en pleine forme, avec un uniforme neuf et une forme physique recouvrée tente de rejoindre son bataillon. Le périple a été compliqué mais il approche enfin, sa hâte de retrouver ses copains, lui font chasser les regrets qu’il a eut de quitter les siens, après une brève permission.
Les potes du régiment n’ont pas eu cette chance, depuis le début de la guerre , peu ont quitté l’unité.
Le régiment est amputé de la moitié de ses effectifs, la bataille des Flandres a durement touché les Zouaves.
Le petit groupe de Fernand conduit par un sergent a cheminé depuis le dépôt de Saint Denis tantôt en train, tantôt en camion, tantôt à pied. Il se présente le matin du 12 décembre au cantonnement de Kruistraat près d’Ypres (Belgique ),devant le capitaine Bornèque commandant le 11ème bataillon.
Content de recevoir quelques troupes fraîches, le capitaine les passe en revue.
Alors Tramaux de retour
Oui mon Capitaine
Vous avez été blessé à quel endroit
Épaule droite mon Capitaine
Vous irez rejoindre votre compagnie
A vos ordres Capitaine
Les autres recrues sont dispatchées, le capitaine déplore la disparité du recrutement, en effet bon nombre des nouveaux sont des Algériens, des Italiens et des Maltais. Il pressent que l’intégration va être difficile.
Le bataillon est en réserve de division, mais le 14 décembre, il se rapproche du front en passant en réserve de secteur à la ferme de Klauss Poorts.
Le 16, il est en ligne près du Canal d’Ypres. Fernand est un novice de la guerre des tranchée.
Il est tout de suite dans le bain car à peine arrivé il effectue une attaque à la grenade à main sur une position adverse. Bien vite repoussés les zouaves sont de retour dans leur boyaux.
Dans les tranchées, les soldats manient autant la pelle que le fusils, ces paysans retrouveraient presque avec satisfaction l’odeur de la terre retournée si cette dernière n’était pas si gorgée d’eau. Tel un travail de Sisyphe, les soldats s’évertuaient à maintenir la tranchée en état.
Les bombardement sont incessants, les Allemand répondant aux Français et les Français aux Allemands. A se rythme les corps se fatiguent vite, le bataillon est relevé de 1ère ligne le 19 décembre et se rend à Poperinghe.
Pour bien comprendre, un sous secteur est attribué à un régiment et les bataillons qui le composent alterne les phase en 1ère ligne, en 2ème ou au repos à l’arrière.
Fernand passe son 1er Noël loin de chez lui, l’illusion d’une victoire rapide à disparue, le rêve d’être Berlin avec une Gretchen aux seins nues dans les bras s’estompe.
Un aumônier en ce soir de nativité célèbre une messe, Fernand pas croyant pour 2 sous y participe quand même, les distractions sont fort rares. Un supplément de pinard est distribué, quelques douceurs venues dans des colis de l’arrière sont partagés entre tous. La fatigue et le vin ébranlent les cœurs, Fernand entonne sa chanson favorite
Le pinard c’est pas de la vinasse
ç’a fait du bien pour où ce que ç’a passe.
Le régiment est passé en revue par le Général Humbert, une armée de va nue pied, épuisé, sans godasses, couverte de boue, mais déjà glorieuse.
Puis la bonne nouvelle arrive le lendemain, la division est enfin relevée.
Le 31 décembre les troupes embarquent à Cassel et à Hazebrouck et descendent à Montdidier (Sommes ). Les cantonnement s’échelonnent dans la région de Lamorlieu et Welles-Ferennes ( Oise ) .
Le régiment passe provisoirement, avec le 4ème de Zouaves, sous les ordres du Colonel Capdepont.
Pendant 15 jours l’instruction va succéder à l’instruction, des renfort arrivent, mais la encore le colonel se plaint de la qualité des nouveaux, recrutement algérien d’hommes d’origines ,Italienne Maltaise, Espagnole, Israélite.
Le déficits en homme est faramineux il y a 1400 zouaves, en lieu et place de 2360, le régiment totalise 1732 hommes pour 1399 fusils.
Les presque vacances se termine le 17 janvier 1915, la longue colonne serpente jusqu’à la gare de Montdidier, mulets avec leur bat, hommes et leurs bardas, les officiers sont quand à eux véhiculés dans les tous nouveaux véhicules automobiles.
On va arriver avant eux
Pour sur, leurs engins n’avancent guère.
Moi avant le grand merdier , j’en avais jamais vu.
Ces messieurs crotteront pas leurs belles bottes.
Quelques heures plus tard, c’est Dunkerque et ses belles plages
f’rai pas si froid, que j’me fouterais bien à l’eau.
T’es pas bien se foutre le cul à la flotte c’est pour les costumés de la ville et les gens de la haute.
La brigade reste cantonnée jusqu’au 31 janvier dans les environs d’Hondshoote.
Il faut dire maintenant qu’en quelques mois, la physionomie de la guerre à changée, la guerre de position succède à la guerre de mouvement. Les troupes s’enterrent et se fortifient. L’économie nationale se transforme en machine de guerre, le pays en entier œuvre pour la libération du pays.
De nouvelles armes apparaissent, toutes plus meurtrières les unes que les autres, l’homme a un don d’auto destruction fort élevé. Les hautes sphères pensent enfin au changement de tenue, la petite veste et le sarouel vont disparaître pour laisser place à une tenue plus apte à la boue et au froid de la Belgique et du nord de la France. La tenue est de couleur kaki ( moutarde ) et l’on reçoit une capote » Poiret », de la tenue orientale on ne garde que la chéchia et la grande ceinture de tissus.
On pense aussi devant la dramatique liste des blessés à la tête a doter les troupes d’un casque. En attendant ce dernier on fournit au soldats des coques métalliques à mettre sous les képis. Protection dérisoire que l’on appelle , » allez savoir pourquoi cervelière ». Heureusement les fameux casques Adrian arriveront assez vite dans le régiment.
Le cantonnement aussi s’améliore, bien sur on dort souvent sous la tente ou dans des granges, mais pour les grand camps de l’arrière les territoriaux » les pépères » ont monté des baraques modulable en bois ( baraque Adrian ), on y est mieux que dehors car elles sont chauffées.
Le colonel Bigault de Granut fait entraîner son régiment, ordre serré, évolution d’ensemble, adaptation à la guerre des tranchées. C’est rasoir, mais nécessaire.
Le règlement du chef de Brigade stipule, exercice du levé jusqu’à 10 h et de 12 h à 17 h.
La fréquentation des café et des restaurants se fait de 10 h à 12 h et après 17 h.
L’appel du soir est à 20 h et l’extinction des feux à 20 h 30 ( à cause du nouveau danger que présente les aéronefs ).
Le 2 février 1915 la brigade se rend de nouveau en 1ère ligne dans le secteur de Nieuport.
Mais laissons quelques mois nos Zouaves, car Fernand à été gravement blessé par balle au bras gauche. Le cubitus est en miette et la blessure s’infecte, il risque l’amputation.
Nota : Mon grand-père Fernand a si je me conforme à son livret militaire été blessé le 22 janvier 1915, hors le régiment est à cette période en cantonnement et en instruction. Je n’est pu encore déterminé les circonstance de sa blessure. Détachement provisoire, patrouille, cela reste un mystère quand à présent.
Nous le retrouverons quand il reviendra sur le front dans quelques mois
bonjour je suis toujours émue de lire les histoires de nos aïeux ! merci de nous faire partager ces souvenirs
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