Ci- gisent Lewis Mervyn BLANCKENSEE, Albert WILLIAMS et Jash GUEST
NOVEMBRE 2015, SAINT HILLIERS, SEINE ET MARNE , FRANCE
Ma quête généalogique m’a amené par une froide journée d’hiver à pousser les grilles du petit cimetière de la commune de Saint-Hilliers, petit village briard à l’ombre de la cité médiévale de Provins.
Si ce jour là je n’ai pas trouvé d’indice me permettant de combler des manques dans mon arbre généalogique j’ai découvert un sujet d’écriture.
Dans un coin du cimetière au milieu de sépultures en ruine, 3 pierres tombales identiques émergent d’ un carré de gravillon. Aucune fleur, n’égaie la morne froideur du lieu, aucune couronne en ce mois de Novembre ne commémore le sacrifice de ces 3 jeunes hommes. Seule une épitaphe simple rappelle leur existence .
15 HEURES, 13 JUIN 1940 , FORET DE GAULT, MARNE, FRANCE
Nous sommes le 13 juin 1940, une colonne allemande de blindés fonce sur Paris, la ville déclarée ouverte le 12 juin ne sera pas défendue. L’armée Française est en déroute ,surclassée dans son utilisation par une armée allemande moins nombreuse et moins bien équipée, mais mieux dirigée et dont la spirale victorieuse écrase doute velléité de résistance.
Les anglais également défaits ont rembarqué à Dunkerque, perdant leur matériel mais sauvant l’essentiel, leur potentiel humain.
Tout est déliquescence, le vieux Weygand remplace l’incapable Gamelin, le président du conseil Reynaud s’adjoint le cacochyme Pétain. Les Laval et les Darlan sont tapis dans l’ombre et attendent de prendre les rênes collaborationnistes d’une France qui ne voulait mourir ni pour le Rhénanie, ni pour la Tchécoslovaquie ni pour Dantzig mais qui finit par mourir quand même.
Mais, qu’on ne s’imagine pas des lâches fuyant l’ennemi cela serait faire injure aux 100000 soldats qui sont morts pour tenter de faire front et de combler l’incurie des hommes politiques de l’entre deux guerres. Les soldats firent leur devoir et en quelques fulgurances rappelèrent aux soldats couleur felgraud qu’ils étaient les enfants des poilus de 14
La guerre de 14-18 fut gagnée mais la victoire fut perdue (Claude Paillat )
Quoi qu’il en soit les panzers confiants avancent, ils traversent maintenant la forêt domaniale de Gault dans la Marne demain ils seront à Paris.
Aérodrome Bodney
15 HEURE 5, 13 JUIN 1940 ,NORD- EST DE L’ANGLETERRE
Sur le petit aérodrome de Bodney près de Norfolk, un Bleinheim MK IV s’élance sur la courte piste, le pilote Lewis Mervyn Blanckensee est concentré, malgré son jeune âge il est très expérimenté. La guerre forme rapidement et depuis la campagne de France Lewis et son équipage multiplient les sorties au dessus de la Belgique et de la France, aujourd’hui la mission est de bombarder une colonne allemande qui s’avance sur Paris.
Le soutien des Anglais aux Français est indéfectible malgré le désengagement progressif de la chasse Anglaise qui doit être réservée à la défense de l’île.
Bleinheim
Le bleinheim MK IV que pilote Blanckensee est un bombardier léger rapide qui porte 450 kilos de bombes et est équipé de 3 mitrailleuses de 7,7 mm. Sa vitesse maximum est de 422 km/ h, il monte à 8660 mètres et peut couvrir 3140 km.
Les deux autres membres de l’équipage se nomment Albert Williams et Jash Guest. Le premier jeune sergent de 20 ans est originaire de Bristol et a le rôle d’observateur, le second, nouveau promu dans le grade de sergent a également 20 ans et vient de Smithies dans le Yorshire.
Radio mitrailleur ce dernier a abattu un chasseur Messerschmitt 109 au dessus de Dixmude le 29 mai 1940 ce qui lui a valu son avancement.
L’équipage motivé et performant malgré la fatigue accumulée, s’apprête donc à remplir une nouvelle mission. Hier ils ont ensemble bu quelques pintes pour fêter la victoire sur ce chasseur allemand tant redouté.
Bleinheim
16 HEURES 30, 13 JUIN 1940, FORET DE GAULT, FRANCE
Messerschmitt 109
Au dessus de la forêt de Gault, des chasseur Messerschmitt 109 de la Luftwaffe couvrent de leurs ailes protectrices le déplacement des blindés de Rommel . La supériorité de l’aviation allemande commence à s’affermir au dessus du sol Français. Surtout depuis le retrait de la chasse Anglaise, Sir Wiston Churchill la réservant avec sagacité pour la future bataille d’Angleterre.
Le groupe était commandé par L’Hauptmann Wilhelm Balthasar, jeune héros de 26 ans ayant à son actif une liste d’avions abattus très impressionnante.
Le ciel dégagé et le soleil encore haut, les Allemands aperçoivent les bombardiers anglais qui avec une escorte très faible s’apprêtent à larguer leurs chapelets meurtriers sur les les panzers bien visibles en dessous d’eux.
L’escorte des chasseurs français se trouve vite en infériorité, le combat devient très inégal et tourne à l’avantage des allemands. Le Bleinheim MK IV numéro R3676, YH est immédiatement engagé par Wilhelm Balthazar. Le pilote de la RAF tente de se libérer de l’étreinte mortelle des rafales allemandes, mais l’as aux multiples victoires blesse à mort le bombardier. Le jeune Guest est déjà mort foudroyé dans sa tourelle. Le chasseur allemand lâche sa proie quand il voit que l’avion de son adversaire est enflammé. Blanckensee tente dans une manœuvre désespérée avec son avion qui n’est plus qu’un brasier de fuir pour se poser de toute urgence quelque part. Mais malgré tous ses efforts la lutte est veine, désemparé l’avion s’écrase quelques minutes plus tard dans un champs près de Saint Hilliers.
En une énorme boule de feu l’avion explose ne laissant aucune chance à l’équipage. Les habitants du village non partis en exode se précipitent. Les corps sont retirés de la carcasse encore chaude de nombreuses heures après le crash. Le maire consigne les décès et les trois aviateurs sont inhumés loin des leurs, victimes de la barbarie Nazie.
Leur vainqueur en combat aérien est récompensé le lendemain pour avoir abattu 23 avions en 1 mois ( record Allemand ) avec la croix de chevalier de l’ordre de fer.
Il meurt le 3 juillet 1941 près de Saint Omer en s’écrasant au sol pour tenter d’échapper à la Chasse de la Royal Air Force.
Ayons donc une petite pensée pour ces gamins d’hier et pour ces gamins d’aujourd’hui quelque soit le camps qu’ils ont choisi et qui sacrifient leur jeunesse et souvent leur vie pour des fausses causes et des idéaux pourris .
Pascal Tramaux
Ping : UNE MORT HÉROÏQUE OU LA ROYALE AIR FORCE PENDANT LA CAMPAGNE DE FRANCE, JUIN 1940 | Arbre de vie de Camantonoé
Bonjour Monsieur. Je suis en admiration devant votre travail d’historien ! Journaliste et secrétaire de rédaction retraité de La Presse de la Manche à Cherbourg, fils d’anciens résistants décorés des médailles de la Résistance et d’Internés politiques en raison de leur action contre l’ennemi d’hier, j’ai une immense et insatiable passion pour l’Histoire avec un grand H. Je vous adresse ce mail pour vous dire que je connais le neveu de Lewis-Marvin Blankensee. Il se nomme Louis Sheldon-Williams et est un ancien acteur qui a joué dans des films dans les années 70. On peut trouver sa filmographie sur Internet. Il a fait aussi beaucoup d’apparitions dans des spots publicitaires. Louis a découvert tout récemment que son oncle avait été pilote dans la RAF, que son avion avait été abattu et que sa dépouille, ainsi que celles de ses deux camarades, étaient inhumées à Saint-Hilliers. J’ai trouvé votre superbe texte relatant l’histoire du Blenheim de ces trois jeunes gens, mais je n’ai pas pu le sortir sur mon imprimante. Je vous transmets donc les coordonnées de M. Sheldon-Williams, qui parle couramment le français :
M. Louis Sheldon-Williams
26 Lingfield Avenue
Kingston Upon Thames
Surrey KT 1 2 TN
England
Tél.fixe : 00 44 20 82 87 04 13
Portable : 00.44.77.22.53.56.32
Mes coordonnées :
M. Pierre Loret
108, rue Saint-Sauveur
50100 Cherbourg-en-Cotentin
Tél. fixe : 02 33 23 16 45
Portable : 06 35 92 06 62
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes respectueuses salutations, ainsi que toutes mes félicitations pour vos écrits. Pierre LORET.
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Superbe visite pour Toi Pascal !!!
Encore une Histoire passionnante et combien bien triste MAIS il y a la Mémoire….
A la prochaine Histoire
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Hélas combien de jeunes vies perdues !
Mon grand père est mort à 27 ans le 3 juillet 40, le Cuirassé Bretagne coulé à quai dans un port Algérien Mers El Kebir. avec 1 200 compagnons français Sacrifiés par Wiston Churchill qui craignait que la flotte française ne se rende aux Allemands ! le vieux cuirassé qui était désarmé à coulé en moins de 10 mn avec les hommes à son bord !
Il a fallu plusieurs décennies pour que l Angleterre s excuse pour cette décision révoltante de nos alliés…
Ma grand mère etait veuve à 25 ans, mon père petit orphelin de 3 ans…
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