NICOLAS PERRIN, un enfant de la Brie dans la tourmente révolutionnaire et impériale.

enterrement

Enterrement paysan

NICOLAS ANDRÉ

1772 – 1832

Lorsque son père décède prématurément à l’age de 48 ans, Nicolas n’a que 9 ans.
En cet hiver glacial de 1782, une épidémie de grippe frappe la France d’est en ouest, elle balaye Jean Baptiste en quelques jours et c’est par miracle qu’aucun autre membre de la famille ne fut touché.

La disparition de son père affecte plus durement Nicolas que celle de ces frères et sœurs disparus aux maillots et qui avaient à peine vécus

Lundi 25 février 1782

Le vent glacé venu du nord balaye la Brie depuis plusieurs jours, il gèle à pierre fendre et une épaisse couche de neige a enveloppé le village.

Nicolas couché sur sa paillasse au côté de son frère Louis, fait semblant de dormir. De ses yeux semi clos des larmes coulent, il a 9 ans et son père vient de mourir. Bien que malgré son jeune age, il soit habitué à la mort, la disparition brutale de son père l’affecte douloureusement.

Cet homme qui pour lui semblait indestructible, dur au travail, toujours en activité est couché là, déjà froid dans l’alcôve sombre de leur petite demeure.
Hiératique dans son immobilité éclairé par deux bougies tremblantes, il repose paisible.
Assise la tête penchée, les mains jointes Marie Louise sa femme prie en silence, ses deux belles filles Marie Catherine 15 ans et Marie Magdeleine 17 ans l’assistent dans sa peine, tout à l’heure des voisines, des cousines viendront les relayer.

Nicolas trop jeune n’est pas autorisé à veiller, son aîné Louis dort profondément comme indifférent à la peine qui l’entoure. Jean baptiste le dernier né, vient lui aussi de s’endormir dans son berceau d’osier après avoir hurlé une partie de la nuit. Marie Victoire 3ans est quand à elle , chez une voisine.
Il aurait préféré se coucher dans la grange où dans la bergerie, être loin de cette maison marquée par la mort. Son demi frère Jean Pierre âgé de 17 ans avait d’ailleurs pris la clef des champs pour échapper à cette corvée funeste.

Après une nuit sans sommeil, Nicolas participera à la levé du corps de son père puis l’accompagnera avec les siens dans son dernier voyage.

Notre jeune Nicolas au sortir du cimetière où désormais repose son père est complètement désemparé . Il a conscience malgré son jeune âge que sa vie va changer. Matériellement, sa mère manouvrière va avoir beaucoup de mal à subvenir au besoin de la famille, la gène voir l’indigence est à leur porte. Bien sûr la solidarité paysanne jouera, mais personne n’est bien riche.

La fratrie déménage rapidement du hameau du Rousset pour se rendre non loin de là au village d’Hondevilliers.
Un conseil de famille désigne comme tuteur des 3 aînés du défunt, un cousin nommé Louis Fontaine. La veuve garde la responsabilité des 4 petits.

La vie s’organise sous ce schéma, Nicolas aide sa mère du mieux qu’il le peut et se spécialise dans la garde des moutons nombreux dans la région.

Le travail lui convient parfaitement, la vie au grand air, la contemplation des étoiles, l’affection de son chien et l’autonomie relative qui découle de sa solitude.

La garde des moutons est certes dure, les loups sont légion, et l’hiver le froid est vif sur les collines qui surplombent le petit Morin.
Son salaire est modeste, 5 sous par jour mais il augmentera en fonction de l’importance du troupeau qu’on lui confiera. Il perçoit en outre une redevance mensuelle de 5 sous par tête de bétail.

Mais ce qui lui apporte le plus d’attrait se sont les rencontres qu’il effectue au hasard de ses déplacements, il écoute beaucoup et participe à son niveau à la propagation des idées nouvelles.

Paysans-Briard-au-XIXeme-siecle

Paysans Briards

 

Les bergers sont considérés par les autorités comme un peu subversifs et un peu sorciers par la population. Nicolas n’échappe pas à cette règle, il fréquente assidûment une famille de berger de Verdelot qui lui est apparenté par sa mère les CRÉ. Hors ces derniers forment un petit groupe qui crie haut et fort leurs désaccords avec la pauvreté des uns et la richesse des autres.

Sa mère dévote et respectueuse des Messieurs est épouvantée de tant d’insolence.

Nicolas est donc à l’écoute de son temps, même si dans son pré il ne perçoit que des échos déformés de ce qui se passe à Paris et à Versailles.

Il sait que la situation va mal, les pauvres ont le ventre vide, les caisses de l’état aussi. Les tentatives timides de réforme du pouvoir royal sont systématiquement rejetées par les privilégiés.

Les assemblée des notables sont des échecs, le roi se résout à la convocation des états généraux pour le mois de mai 1789.

Cette réunion à Versailles de députés sert d’introduction à la révolution qui va bouleverser la France puis l’Europe,

Nous n’en sommes pas au suffrage universel et Nicolas ne peut participer aux élections, il participa tout de même à la compilation des doléances du village d’ Hondevilliers. Ces recueils de plaintes rédigés dans chaque village sont remis aux délégués qui se rendaient aux assemblées de bailliage pour l’élection des députés et donnèrent lieu à des véritables débats. Nicolas y participe avec passion.

Évidement les plaintes des paysans furent singulièrement condensées dans les cahiers rédigés au bailliage et l’on dit même que des modèles de rédaction circulèrent.

Puis c’est l’écroulement d’un monde et la reconstruction d’un nouveau. Les privilèges sont abolis, les curés deviennent presque des fonctionnaires et doivent prêter serment. L’exécutif est désormais aux mains des assemblés successives.
Mais la révolution ne perturbe guère le quotidien, il faut manger et Nicolas continue de garder ses moutons.

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Prise de la Bastille

Il est maintenant délivré de la messe dominicale, monsieur le curé Pierre Blost devient agent de la commune et remplit les nouveaux actes d’états civils comme il remplissait les registres paroissiaux. Un maire est désigné par vote dans chaque village à Hondevilliers cela échut à Pierre Proffit.

La guerre se déclare, la patrie est en danger, comme le disent les avocats des assemblées. Nicolas ne se porte pas volontaire, il répugne à la violence et ne ressent pas le danger pressant d’une invasion étrangère.

Il passe aussi à travers la levée en masse de 1793, il a de la chance et n’est pas désigné. Dans sa vie privée il commence à éprouver une attirance pour la fille de François Cré le berger de Verdelot. Mais elle est trop jeune et il se contente d’observer de loin l’affinement de ses courbes

Il a aperçu cette dernière lors d’une fête républicaine. Pour mieux la voir il s’installe à Pilfroid hameau de Verdelot où habite la famille Cré. Il trouve à se loger dans une petite mansarde avec d’autres manouvriers. Il travaille maintenant pour cumuler un petit pécule qui fera plier son futur beau père.
La révolution bat son plein, les événements se succèdent et les gouvernants aussi. Le seigneur des lieux le comte Armand Jean d’Allonville a émigré, les château de l’ Aulnois Renault et celui de la Roche sont vendus comme biens nationaux ainsi que le Prieuré. C’est un parisien qui achète le château de l’Aulnoy, l’ensemble sera transformé en ferme, les paysans du coin profitent peu de la vente de ces biens car les lots sont trop gros. Seuls quelques gros laboureurs peuvent arrondir leur possessions. Nicolas pauvre comme job et qui tente de mettre quelques sous de coté pour son éventuel mariage ne peut évidement acquérir aucun bien.

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Chateau Launoy Renault

Les années passent, la mouvance révolutionnaire s’achève et un homme à poigne prend le pouvoir.

Pour les paysans la stabilité a du bon, ils vont vite déchanter.

Le maire Louis Bechard tient bien sa commune, il est à la tête du village depuis la création des municipalités en 1790, soit comme agent municipal soit comme adjoint à ce dernier. Jusqu’à l’arrivée de Bonaparte, les habitants élisaient leur maire, l’instauration du consulat change la donne, le préfet nomme désormais les maires à partir d’une liste de confiance ( ou de notabilité ).
Le pouvoir va de nouveau revenir aux plus riches, après la période sans culottide. (Mais les pauvres ont ils eu le pouvoir ? )

Louis Bechard est donc nommé par le préfet Collin de Sussy, comme il avait été élu par les habitants.

C’est donc ce dernier qui le 17 brumaire an 12 (mercredi 9 novembre 1803 ) à 10 heures du matin marie Nicolas André avec Marie Louise Angélique Cré.

Notre mariée est bien plus jeune que Nicolas elle a 23 ans, c’est une adolescente lorsque que notre berger commence à avoir des vues sur elle. Maintenant devenue femme elle a enfin cédé à son prétendant et son père a accepté la demande de Nicolas. Il savait que cette union était inéducable et s’en félicitait . Hormis quelques baisers et quelques prudes étreintes, la belle avait gardé sa fleur. Les deux futurs languissaient maintenant de se découvrir

La cérémonie se passe merveilleusement bien, Nicolas a choisi comme témoin Louis Gabriel Adrien le mari de sa sœur aînée et Jean Baptiste son frère. Sa sœur qui habite Sablonnières est venue avec toute sa nichée et Jean Baptiste garçon célibataire est venu avec sa mère Marie Margueritte Cré.

Le père et le frère de la mariée servent de témoins à cette dernière, ils demeurent tous ensemble au hameau de Pilfroid.

Les deux mariées sont vaguement cousins à la 4 ème génération. Excepté le beau frère de Nicolas personne ne sait signer, les bergers ont une culture plus tôt orale.

Après la cérémonie civile, la noce se dirige vers l’église Saint Crespin, vaste édifice dont les bases sont du 12ème siècle. L’union est donc sacrée par le curé, Marie Louise pieuse aurait considéré vivre en concubinage sans cette cérémonie.

Le couple s’installe en famille au hameau de Pilfroid, la présence familiale est parfois pesante, mais la structure paysanne est faite ainsi.

La pression de l’église est un peu moins pressante et certains préceptes s’assouplissent, les corps peuvent s’unir pendant les périodes de jeûnes et de fêtes religieuses, l’abstinence pendant la grossesse et l’allaitement avait déjà disparu des mentalités paysannes. Par contre Marie Louise ne transige pas sur la position more canino  ( Levrette )mais accepte celle du mulier super virum (La femme sur le dessus ).  Ces deux positions étaient prohibées par l’église ( sauf dans les bordels ).

Quoi qu’il en soit le couple est récompensé par une grossesse 10 mois après leur union.

La situation matérielle de Nicolas s’est notablement améliorée, augmentation de son salaire et augmentation du nombre de mouton qu’on lui donne à garder. Le troupeau appartient au nouveau propriétaire de l’Aulnois Renault Monsieur Chardon, bourgeois parisien acquéreur de biens nationaux. Le couple peut enfin s’installer dans une petite maison et vivre à l’abri des regards souvent inquisiteurs et parfois réprobateurs des parents Cré.

En février 1805, Nicolas André est prévenu par son frère Jean Baptiste que leur mère est au plus mal, cette dernière s’éteint le 25 février 1805 après une courte agonie. Dernier adieu à son passé, ils enterrent leur mère dans le cimetière d’Hondevilliers

Le premier enfant du couple naît le 3 mai 1805. Reçu à la mairie par Mr Bechard, le maire du village qui avait marié le couple l’année précédente, Nicolas André donne son propre prénom à son premier fils comme il en va d’ailleurs très souvent. Son frère Jean Baptiste qui travaille comme manouvrier sur Verdelot et son Beau père François luc Cré sont les témoins.

Le 10 nivose An 14 en application du décret impérial de fructidor An 13, le calendrier républicain est supprimé et le retour au Grégorien est accueilli avec joie par la population qui n’avait au fond jamais accepté cette incongruité révolutionnaire.

 »A noter que les actes d’état civil furent enregistrés An 14 de la république même après le sacre impérial  »

En novembre 1806 la famille Perrin s’agrandit d’une petite fille, prénommée Marie Louise.

L’annonce des victoires françaises de Iena et Auersted sur les prussiens entraîne une liesse populaire et les villageois laissent éclater leur joie. Nicolas devient, lui qui n’a jamais adulé personne, un vrai Bonapartiste. Les victoires rendent encore la conscription raisonnable, les récoltes sont bonnes, le pays est sur.

En mars 1807 le maire Mr Bechard décède en son domicile, fin d’un temps car ce dernier a assumé cette place pratiquement depuis la création de cette fonction.

Il a d’ailleurs parfaitement assuré cette mission en une période troublée, il était apprécié de tous et savait tempérer l’impétuosité des différents comités.

Un autre agent municipal bien connu des villageois Nicolas Crespin Beguin assure l’intérim jusqu ‘au mois de juin 1807, date à laquelle Mr Chardon Daniel 35 ans propriétaire de L’ Aulnoy Renault est nommé par le préfet Collin de Sussy maire de Verdelot.

C’est donc ce dernier qui reçoit déclaration du décès de la fille de Nicolas en septembre 1807.

Sur Pilfroid les naissances et les décès s’enchaînent dans les familles Perrin et Cré. En octobre 1809, Nicolas est père d’une fillette qu’il nomme Denise Florentine.

Napoléon a quand à lui battu les Autrichiens, mais s’enlise en Espagne.

Le 31 mai 1810 jour de l’ascension la population de Verdelot est réunie au centre du village, le père Lelandais curé du village bénit la nouvelle croix du calvaire offerte par le maire Mr Chardon.

Nos bergers de Pilfroid grincent un peu des dents, ce retour ostentatoire à la religion les gênent eux qui ont connu la période de déchristianisation révolutionnaire.

L’année suivante a également lieu la restitution au curé de la statue notre dame de pitié qui avait été cachée pendant la révolution. La bonne dame est replacée dans sa niche, la femme de Nicolas pétrie en dévotion comme les autres femmes du village crie au miracle.

L’année 1811 est d’ailleurs pour le curé une très bonne période, le presbytère est recrépis, le mur du cimetière est refait et la croix replantée. Le 30 juillet 1811 a également lieu l’adjudication des travaux pour la réfection de l’église. Payable en 5 ans les 9080 francs que doit payer la commune est une grosse charge, les paysans regimbent à de telles dépenses, mais Mr Chardon clérical dans l’âme impose ses vues.
La cloche est démontée et stockée à l’entrée du petit cimetière en attendant son remontage sur le grand portique début janvier 1812.

En novembre 1811, Marie Louise met au monde un nouveau garçon, Nicolas et son inséparable beau frère François isidore Cré déclarent l’enfant à la mairie et le nomme Louis Théophile.

L’année 1812 n’est pas une bonne année pour la France, Napoléon court à sa perte en s’enfonçant dans les steppes Russes. Il y perd son armée et sa réputation d’invincibilité en attendant de perdre son trône.

La conscription redouble, mais les réfractaires aussi. L’empereur tente de reconstituer une armée et se bat avec l’énergie du désespoir contre l’Europe liguée et hier encore à ses pieds.

Le maire organise de mauvaise grâce les tirages au sort, mais pusillanime et le temps des trahisons pas encore venu il s’exécute.

Mais même le génie doit succomber à la multitude, les chiens dociles recommencent à aboyer.

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Campagne de France 1814

 

Début 1814 les hordes germaniques et slaves violent le territoire Français. Le chat botté de 1796 renaît de la défaite et en quelques fulgurances avec des soldats imberbes corrige les impudents.

Mais hélas les alliés plus nombreux défont le dieu de la guerre.

La situation des paysans de Verdelot en ce début 1814 est catastrophique, ils subissent le flux et le reflux des troupes françaises et étrangères, réquisition de fourrage, de bestiaux,de bois et de farine.
Les paysans doivent aussi s’atteler aux canons car sur les chemins détrempés et enneigés les chevaux ne suffissent plus.

La violence est partout, on fait la chasse aux indicateurs, les timorés ne prennent pas position ou se terrent, d’ailleurs Monsieur le maire s’est éclipsé, laissant son adjoint Mr Mauclerc se dépêtrer avec les autorités pour fournir aux exigeantes demandes.

Nicolas, son frère et son beau frère sont inquiets et cachent le peu qu’ils possèdent. Ils emmènent leurs bêtes dans les bois en espérant les distraire à la convoitise.

Pour se défendre les paysans s’arment de piques et de fourches et tentent des embuscades aux soldats isolés. La réputation des soldats prussiens et des cosaques russes est terrible ce n’est d’ailleurs pas usurpé. Ivre de vin et de haine, encouragés par leurs chefs, ils violent, pillent et tuent.

Nicolas a peur pour sa femme et sa petite fille, les cosaques violent toutes les femmes sans distinction d’age. Marie Louise sur le point d’accoucher ne serait sûrement pas épargnée.

C’est dans se contexte peu rassurant que vient au monde la petite Joséphine le 3 février 1814.

Il n’est que le temps de partir car les soldats approchent, le 10 février 1814, les Russes, les Autrichiens, les Prussiens, les Saxons, les Bavarois et les Wurtembourgeois pénètrent dans Verdelot.
Les troupes n’occupent pas le village mais passent et repassent en se servant sur l’habitant.
Plusieurs femmes sont sauvagement violées et quelques paysans battus sévèrement.

occupation russe

 Occupation  étrangère à Paris 1814

Elles sont parues 13 fois et le 27 mars les cosaques en se retirant volent les vases sacrés dans l’église. Un ciboire, un calice et un ostensoir en argent massif sont partagés entre les pillards.

Le premier avril 1814 le sénat prononce la déchéance de Napoléon. Revenu en juin le maire Mr Chardon pourra écrire dans le registre d’état civil que Napoléon Buonaparte a été déchu par ce dernier. Il n’aurait pas osé quelques mois plus tôt écrire le nom de l’empereur de cette façon. Mais les édiles dignes girouettes allaient dans le sens du vent.

Heureusement, les envahisseurs repartent rapidement et le 17 avril 1814 passent une dernière fois dans le village. Les paysans sont exsangues, mais reprennent avec courage le chemin de leurs ouvrages.

La vie aurait pu reprendre normalement, le négociateur habile, traître et girouette en chef qu’est le nommé Talleyrand adoucie les conditions drastiques des allies. Évidement la France revient à ses frontières de 1792, mais les paysans se foutent pas mal de la Belgique, de la Hollande et de la rive gauche du Rhin.

En mars 1815, l’aigle vole à nouveau, il se réinstalle dans son palais dès le 20 mars. Au village Nicolas est heureux mais inquiet à la fois. Il a peur d’une nouvelle guerre et d’une nouvelle occupation.

Au village rien ne change à part le maire Chardon qui craint pour sa place, car il a manifesté un royalisme bon teint pendant l’année écoulée. Les lenteurs de l’administration lui permette de rester jusqu’au 15 juin, c’est encore une fois Mauclerc qui le remplace.

Le 18 juin c’est le drame l’aigle est abattu dans une morne plaine Belge. Les étrangers reviennent et sont encore plus vindicatifs que l’année précédente. L’ancien maire revient aussi, Mr Mauclerc lui rétrocède la place. Bien heureux en somme car il va falloir gérer l’occupation des troupes vainqueurs qui risquent de rester un moment. Les réquisitions s’abattent de nouveau sur les villageois et chacun peine à trouver le nécessaire.
Le 8 juillet 1815, 600 bavarois passent par le village en pillant tout ce qu’ils peuvent, ils s’emparent d’un cheptel de 15 vaches. Nicolas exècre particulièrement cette nation qui doit tout à Napoléon et qui l’a trahi comme les autres. Le 14 juillet c’est les troupes Russes qui passent dans le village il n’y a plus rien à voler, les femmes se cachent.
Le 17 juillet un détachement russe fort de 110 hommes et commandé par un capitaine s’installe à demeure dans la commune ils sont forts exigeants, Mr Chardon fait des miracles pour les contenter.

Nicolas surveille ses moutons avec vigilance car les soldats ne dédaignent pas la viande ovine. Le 2 septembre une nuée de cosaques et de tartares envahit le village, heureusement il ne reste qu’une journée. Nicolas et sa famille comme tous les villageois crèvent de faim. Le 15 octobre il a encore fallut nourrir 150 hussards prussiens, ils restent jusqu’au 21 octobre.
Le village n’a plus de réserve et la mauvaise saison commence. Mais les pauvres n’en n’ont pas fini car d’autres passent, encore et encore. L’occupation se prolonge ,l’année 1816 est froide, les moissons se prolongent jusqu’en octobre et l’avoine reste dans les champs. Le roi dans sa grande bonté accorde sur ses fonds propres 1300 francs aux indigents de Verdelot. Le maire fait la distribution, la famille Perrin et la famille Cré n’y ont pas droit. Pourtant Marie Louise est grosse de son 6ème enfant, elle accouche le 27 juin 1817, son beau frère absent n’est pour une fois pas témoin, l’instituteur Mr Berthemet et Mr Gaillard patron de Nicolas signent l’acte de naissance.

L’année n’est bonne pour personne, fin mai les paysans se révoltent et pillent Launoy renault et la Bonneterie, le maire fait appel aux autorités et les cuirassiers de la garde royales rétablissent l’ordre. Nicolas et plusieurs autres sont appréhendés, heureusement le roi magnanime accorde une amnistie. Mr Chartron saura se souvenir du pillage de sa demeure.
Le pain déjà cher est monté jusqu’à 9 sols la livre, le peuple mange de l’avoine . En mesure d’apaisement social 1500 francs de pain est distribués à Verdelot, cette fois Nicolas et sa famille en profitent.

L’année 1818 est une bonne année, il fait un temps magnifique les blés sont beaux et le vin abondant et puis les troupes étrangères d’occupation quittent enfin la France, finit les réquisitions et les vexations. La mort de la petite dernière en septembre vient ternir malgré tout la joie de la maisonnée.

La prospérité revient peu à peu, les occupants enfin sont rentrés chez eux, le climat est clément en cette année 1819, Marie Louise est de nouveau enceinte, elle a 40 ans . L’ accouchement a lieu en février 1820, Nicolas André donne à son petit les prénoms de Joseph Alexandre Napoléon, le maire après avoir noté les trois prénoms se récrie et raye le prénom honnis sur le registre d’état civil. Nicolas qui passe pour un original devient un factieux qu’il faut surveiller.
Il ne fait pas bon en 1820 de manifester un Bonapartisme trop voyant. Une semaine avant la naissance de Joseph, le duc de Berry héritier du trône a été assassiné en héros chrétien comme le dit le très royaliste maire de Verdelot. Mais le 27 décembre 1820 lui naît un fils posthume que l’on nomme le duc de Bordeaux, seul rejeton de la famille chérie des bourbons comme l’écrit le même maire.

Avec un tel flagorneur à l’égard des gens en place, il n’y a aucun risque de voir un enfant de la commune s’appeler Napoléon.

L’année 1821, voit quelques changements à la tête de la cure du village, l’abbé Rollin a quitté le village, un jeune prêtre nommé Lebeau a assuré l’intérim en attendant l’arrivée du titulaire L’abbé Bardin, qualifié par le très clérical Mr Chardon de recommandable.

Nicolas s’en moque il ne va que très rarement à la messe malgré les bouderies de son épouse.
Les paysans sont heureux cette année car le blé est abondant, par contre les vignerons font grise mine car il n’y a pas de récolte. Mr Chardon grand seigneur fait réparer le pont de l’école.

Nicolas qui n’a bénéficié d’aucune instruction envoie ses enfants auprès de l’instituteur Monsieur Berthemet, il lui en coûte un peu mais les mœurs évoluent peu à peu.

Les années se succèdent, en 1822 l’église du village qui avait été pillée par les cosaques retrouve un peu de splendeur avec le don de 6 flambeaux et une croix d’argent, le village sous l’impulsion du curé et du maire célèbre l’événement. Même Nicolas traîné par son épouse va à l’église.
A 44 ans Marie Louise pensait être tranquille mais elle reste fertile et se retrouve encore enceinte, bien que cela soit le lot de toutes les femmes elle aurait préféré ne pas l’être . Nicolas a déjà 5o ans, il n’est plus aussi solide qu’autrefois. La délivrance arrive en avril 1823 ce fut long et douloureux l’enfant de sexe féminin meurt 3 semaines plus tard. D’après la sage femme Marie Louise ne pourra plus enfanter.

Mr le maire se félicite de l’expédition du duc D’Angoulême en Espagne en se gargarisant qu’il a réussi là où Buonaparte a échoué. Belle promenade en vérité qui fait pleurer de rage les anciens grognards. En 1824 le roi podagre décède, lui succède son frère au grand plaisir de Mr le maire, Nicolas craint le retour des bigots.

Les premiers enfants sont maintenant des adultes, le couple pense être tranquille du coté des maternités il y a 5 enfants vivants, les 2 aînés travaillent dans des fermes et le 3ème à 14 ans est déjà pâtre avec son père. La récolte de 1825 est bonne et le vin est excellent, le bon roi renoue avec les fastes de Reims et se fait sacrer .

En 1826, Marie Louise est de nouveau enceinte c’est la catastrophe elle va avoir 47 ans et maudit son bonhomme qui va sur ses 55 ans.

L’accouchement se passe pourtant bien et l’enfant vivra en pleine forme, cette même année notre bon maire à la douleur de perdre sa fille. Sainte femme de 25 ans dévouée aux pauvres, son père la fait rapatrier dans le cimetière de Verdelot où son tombeau est vénéré. Nicolas ne croit pas à ces fadaises et ignore la ferveur des masses autour d’une défunte même si c’est la fille du maire.

Nicolas André n’a pas la chance de vivre assez longtemps pour voir le mariage d’un de ses enfants, par contre il a le plaisir de voir s’effondrer la royauté des ultras et voir monter sur le trône la branche cadette des Orléans, bien sur il aurait préférer un Bonaparte mais cela seul ses enfants le verront.

Le 18 juillet 1833, à 2 heures de l’après midi il meurt en son domicile à l’age de 66 ans passés.

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