LA NIFLETTE, TRADITION PROVINOISE

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LA NIFLETTE

La généalogie n’est pas seulement la compilation d’ancêtres, elle peut être aussi une source d’évocation de souvenirs.

Nous approchons de la fête de la Toussaint et les pays Provinois et Nangissien se couvrent de mystérieuses petites tartelettes.

Les habitants mus par tradition lointaine ,se ruent chez leur boulanger pâtissier pour se fournir dès le mois d’octobre de ces petits gâteaux tout jaune.

Cette fièvre jaune s’apparente à la fièvre de l’or, où trouver la meilleure ?  Avec ou sans fleur d’oranger ?
Chacun y va de son avis et chacun y trouve son compte il s’en vend des milliers.

Cette petite pâtisserie car celà en est une, vient du fond des âges, elle se nomme Niflette et serait née à PROVINS au moyen âge. La tradition voudrait que cette gâterie soit donnée à la Toussaint aux orphelins qui pleuraient sur la tombe de leur parents.

Niflette pourrait venir du latin » ne flete » et voudrait dire » ne pleure pas ».

Mais l’origine fait débat depuis toujours ,car la société archéologique de Provins dans sa feuille du 24 aout  de 1850 publiait un article où l’auteur n’était pas convaincu de cette origine étymologique. Il déclarait et encore avec une forte réserve, que ces gâteaux Provinois de la  Toussaint rappelaient les repas funéraires des anciens. Pour lui, il était admissible que les enfants qui allaient prier dans les cimetières étaient réconfortés où récompensés par  l’achat d’un gâteau nourrissant  nommé  « Niflette ».

 

Pâtisserie consolatrice ou pas, la tradition a perduré jusqu’à maintenant. Il faut bien dire que le commercial a pris le dessus sur le folklore, car au début du siècle( le 20ème ) les choses en étaient autrement.

Début des années 1930 dans la commune de Nangis, une agitation allait croissante, une douce mélopée se faisait entendre dans la rue des Fontaines ,deux jeunes adolescents munis d’un panier en osier reprenaient en cœur une vieille chanson sortie de la nuit des temps.

– En v’ la des petites

– En v’ la des grosses

– En v’ la des petites niflettes toutes chaudes, c’est mon patron qui les fabrique avec du beurre de sa barrique.

– Approchez petits et grands.

– Ç’a brûle la gueule aux grands gourmands

– Ç’a brûle les dents des paysans
Les enfants joyeux sur le pas des portes tiraient le tablier de leur mère, pour quelques centimes même les plus pauvres pouvaient se délecter de ces petits gâteaux faits exclusivement à l’époque par des pâtissiers.

Chacun se précipitait et repartait avec son butin, les affaires allaient bon train, les vendeurs repartaient à la pâtisserie rechercher des provisions. Ces jeunes garçons embauchés pour l’occasion étaient payés à la vente et ne lésinaient pas sur la chansonnette.

Mon père, noble nonagénaire se rappelle encore cette chanson et nous la fredonne encore quand vient le temps des Niflettes. Le folklore des vendeurs de rue a disparu à jamais, mais pour 5 euros la douzaine vous pouvez toujours imaginer un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.

Bien sur la version de mon père diffère de celle chantée à Provins en 1850 et dont je vous donne la version. Elle aussi était reprise par des jeunes gens, mais ils avaient un tablier blanc et une casserole de cuivre à la main.

Voila mes petites , voila mes grosses

Voila mes petites Niflettes toutes chaudes.

Je les fais c’est pour les vendre et non pour les donner

Arrivez petits et grands

Ils sont tout chauds et tout bouillants.

En fonction du régime et de l’air du temps , les chanteurs variaient les couplets et l’assortissaient de leur opinion politique, comme cette variante apparue après la révolution de 1848

« C’est mon maitre qui les fabrique pour contenter ses pratiques »

remplacé par

« C’est mon maitre qui les fabrique pour fêter la république »

 

Pour moi les niflettes resterons attachées à mon enfance et à mes parents. Bien sur la période qui se rattache aux niflettes n’est guère joyeuse, mais comme le disait un grand roi  » Les niflettes valent bien une messe  »
Pour les non Provinois et les non Nangissien je vous donne la recette.
Temps de préparation : 20 minutes
Temps de cuisson : 15 minutes
Ingrédients (pour 4 personnes) :

– 2 rouleaux de pâtes feuilletées
– 25 cl de lait
– 2 jaunes d’oeufs + 1 jaune
– 70 g de sucre
– 1 cuillère à soupe de farine
Préparation de la recette :

Préchauffez votre four à 180°C (thermostat 6).

Préparez la crème pâtissière : dans un saladier, battez les 2 jaunes d’œufs avec le sucre. Ajoutez la farine et le lait progressivement.

Versez dans une casserole et faites épaissir à feu doux sans cesser de remuer. Dès que la crème commence à frémir, retirez du feu et laissez refroidir.

Déroulez les pâtes et à l’aide d’un petit verre type liqueur découpez des ronds.

Sur un papier sulfurisé, mettre 2 disques l’un sur l’autre et pressez au centre pour former un creux. Badigeonnez de jaune d’œuf et déposez une cuillère à café de crème pâtissière.

Renouvelez l’opération et enfournez les niflettes pendant environ 15 minutes.
Remarques :
Cette spécialité de la Toussaint vient de la ville de Provins en Seine et Marne. ( Il n’empêche qu’il y en avait à Nangis et dans d’autres villages )

PETIT LIEN POUR LES NON CROYANTS : https://fr.wikipedia.org/wiki/Toussaint

3 réflexions au sujet de « LA NIFLETTE, TRADITION PROVINOISE »

  1. Ping : RETOUR SUR UNE BELLE ANNÉE DE GÉNÉALOGIE ET D’ÉCRITURE | Arbre de vie de Camantonoé

  2. Ping : UNE ANNÉE 2018 FORT RÉUSSIE. | Arbre de vie

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