DÉTOUR EN VENDÉE

MARIAGE MARTINEAU 001 (2)

DÉTOUR EN VENDÉE

Il y a encore quelques années de cela une vieille dame demeurait dans une petite maison dans un village reculé de Charente.

Malgré les années, elle avait su garder  un esprit vif et un regard malicieux qui la rendait agréable à ceux qui venaient la visiter. Ses nombreux descendants l’appelaient Mémé Titine, les gens du village les plus anciens la nommait Ernestine, les autres respectueux lui donnaient du Madame.

Bien qu’on l’identifia à l’histoire du village car elle y vivait depuis plus de 60 ans, elle n’y était pas née. Ce n’était  pas les collines vallonnées qui bordaient le fleuve Charente qui l’avaient vu naître mais les haies épaisses du bocage Vendéen.

Née en 1911 au hameau de la Cossonnière à la Chapelle Achard, elle vécut en Vendée toute son enfance et toute sa jeunesse. En 1930, elle migra pour la Charente avec sa famille.

Son père ouvrier agricole profita d’une opportunité qui jusqu’à maintenant ne s’était jamais présentée. Il accepta la proposition d’un propriétaire terrien du village de Coulonges en Charente, Mr POUGNAUD  lui proposa un contrat de Métayer pour l’une de ses fermes, nommée la  » Malbatie  ». Le père d’Ernestine, Jean Marie PROUST fit comme des milliers de Vendéens, il suivit le chant des sirènes et alla voir si la vie était meilleure ailleurs. Plutôt que de s’échiner comme gagne petit chez un fermier, mieux valait suer et se tuer au travail pour tenir une métairie. On avait un peu l’impression de posséder la terre.

Le flot migratoire Vendéen était d’ailleurs arrivé presque à terme , commencé pendant la crise du phylloxéra, il s’écoulait depuis presque 50 ans, nourrissant de ses paysans les régions qui en manquaient. La Charente était de celle la, couverte de vignes, pays de monoculture, la crise l’avait frappée de plein fouet. Le prix des terres s’était écroulé. Les fils de paysans abandonnèrent la terre de leurs ancêtres qui paraissait ne plus devoir les nourrir. Il manqua cruellement de bras pour transformer cette terre vinicole en terre de polyculture. Les baux de métayage furent bradés et devinrent attractifs. Les vendéens dont la situation chez eux étaient l’exact antagonisme en profitèrent. Des agents recruteurs et des notaires furent mandatés par les propriétaires pour recruter des bras. Le recrutement se faisait sur les foires ou bien de bouche à oreille. Les premiers installés faisaient venir leurs proches et leurs connaissances.

Ernestine s’installa donc à Coulonges avec son père, sa mère ses 3 frères et sa petite sœur, elle trouva d’ailleurs rapidement chaussure à son pied et épousa un paysan issu comme elle d’une famille Vendéenne. Elle l’avait connu en Vendée et la chose se fit le plus naturellement possible.

René Clément MARTINEAU et Marie Élisabeth Ernestine Alexandrine PROUST s’unirent à Angeac sur Charente et une magnifique photo fut prise pour l’occasion.

Sur ce cliché apparaissent plusieurs fratries vendéennes.

Tout d’abord celle de la mariée

Assit à coté d’Ernestine son père, PROUST Jean Marie 46 ans, puis sa mère Mathilde GUERIN avec sa coiffe vendéenne 40 ans, l’un des frères d’Ernestine, Denis a revêtu la tenue de marin traditionnelle pour les enfants dans un mariage de cette époque, à coté de lui un couple âgé ce sont les grands parents maternels de la mariée, Charles Auguste GUERIN , 70 ans et sa femme Clémentine FERRÉ, 67 ans elle porte aussi la coiffe traditionnelle.

A coté du marié se trouve sa mère Armance TAILLÉ, 49 ans, petite dans son manteau, portant coiffe comme sa commère. Le père du marié Victor Aimé MARTINEAU tassé sur lui même tient son chapeau, il a 58 ans.
Assise à coté de lui Damascène MARTINEAU la sœur unique du marié.

Juste au dessus de la mariée sa sœur Albertine, sur le même rang à l’extrême droite une tante d’Ernestine.

Nous allons donc voyager dans le temps avec ces familles qui toutes ont le même berceau et tenter de retracer leur itinéraire en Vendée.

Les famille MARTINEAU, PROUST ( PROUX ), GUERIN, TAILLÉ et FERRÉ (FERRET) sont très présentes dans le secteur géographique qui nous concerne , à savoir les communes de La Chapelle Achard, Le Girouard, La Mothe Achard, Sainte Flaive les Loups , Grosbreuil et Sainte Foy .

  MARTINEAU

MARIAGE MARTINEAU 001 (6)VICTOR AIMÉ

26 novembre 1872 La Chapelle Achard (85)

13 Janvier 1947 Saint Pierre de l’ile (17)

 

 

Nous allons commencer par le père du marié, Victor Aimé, sur son acte d’état civil mais appelé Aimé sur les recensements, et sur tous les autres actes ou il est mentionné.

Il est né sur la commune de La Chapelle Achard en 1872 au lieu dit la Chabossière, groupement de maisons qui appartient désormais à la comme de Saint Mathurin.

Il n’y restera guère car ses parents journaliers, s’offraient dans les exploitations où il y avait du travail. Il habita avec sa famille au Hameau de la Rebelière sur la commune de Sainte Foy. Bien que sur des communes différentes les deux habitats n’étaient éloignés que de quelques champs et les parents d’Aimé se louaient toujours dans les fermes ou ils avaient leurs habitudes.

Comme la majorité des fils de journaliers il trouva une place comme domestique de ferme à la Crépaudière sur la commune de La chapelle Achard exploité par Pierre JODET, il y est mentionné au recensement de 1891, mais il devait déjà y être placé depuis quelques années.

Il est déjà à noté que la Crépaudière est le lieu de naissance du grand père de la femme de son fils ( PROUX Barthélémy Aimé ).

Mais Aimé ne resta pas à la Crépaudière et se gagea comme domestique à la Florencière chez Joseph ROUSSELOT, nous étions en 1896.

En 1901 il changea encore une fois et devint journalier à la Gendronnière dans la commune du Girouard.

En 1904 lors de la naissance de son premier enfant, il est dit » cabaretier » au hameau le Chène sur la commune de la Chapelle Achard, changement d’orientation professionnelle certes non, les cabarets fleurissaient en cette époque mais étaient souvent tenus en complément d’une activité agricole
En 1906 on le retrouve avec sa famille au hameau de Bel air commune de Grosbreuil, mais l’errance ne s’arrête pas là et en 1908 il demeure au hameau du Puy Gaudin commune du Girouard.

Il reste sur cette commune quelques années mais en changeant de Hameau, 1911 le Corbeau et de retour en 1919 sur le hameau Gaudin.

La mémoire familiale n’a pas gardé souvenir de la date de son départ en Charente, mais une certitude en 1928 il demeure à Saint Amand de Boixe

On le voit, les ouvriers agricoles bougeaient beaucoup

Chabossière                                                                           Chapelle Achard

Rebelière                                                                                Sainte Foy

Crépaudière                                                                           Chapelle Achard

Florencière                                                                             Chapelle Achard

Gendronnière                                                                        Girouard

Le chène                                                                                 Chapelle Achard

Bel air                                                                                      Grosbreuil

Puy gaudin                                                                              Girouard

Le Corbeau                                                                              Girouard

Gaudin                                                                                      Girouard
Je n’ai pas d’autres informations quant  à présent sur ses mouvements en Charente.

Le père de Victor Aimé qui se nommait d’ailleurs ainsi, était aussi journalier alors qu’a la génération précédente les MARTINEAU tenaient une métairie.

PROUST

MARIAGE MARTINEAU 001 (3)

JEAN MARIE

14 avril 1884 Sainte Flaive les loups (85)

Aout 1940 Coulonges (16)

Le père de la mariée Jean Marie PROUST est né en 1884 au Beignon commune de Sainte Flaive les loups.

En 1891 la fratrie déménage à la Cossonnière commune de la Chapelle Achard, groupement de 18 maisons où le grand père de Jean Marie, Pierre CLOUTOUR prend une métairie.
Cette exploitation sera tenue par l’ensemble de la famille, d’abord par l’ancêtre CLOUTOUR, puis par Barthelemy PROUST, son gendre et père de Jean Marie.

Jean Marie ne sera jamais métayer à la Cossonnière, mais toujours en second derrière son grand père puis son père. Il n’en bougera d’ailleurs pas jusqu’à son départ pour Coulonges en Charente où il deviendra enfin métayer pour son propre compte à la ferme de la Malbatie.

On voit donc, qu’au contraire de son compère Aimé MARTINEAU, journalier qui changeait de ferme très souvent, cette  »dynastie  » de métayers gardait leur exploitation de génération en génération.

Mais la mécanisation agricole sonna le glas des fermes tenues par plusieurs générations d’une même fratrie et c’est sans doute l’une des causes du départ de Jean Marie en Charente.

TAILLÉ

MARIAGE MARTINEAU 001 (5)

Armance

16 juillet 1881 Le Girouard (85)

Passons maintenant à la mère du marié, Armance TAILLÉ, elle est née en 1881 au hameau du Corbeau sur la commune du Girouard ses parents sont également journaliers , elle demeurera avec eux jusqu’à son placement comme servante.

Les recensements de 1881,1886, 1891 trouvent la famille au Puy Gaudin puis à la Gendronnière sur la commune du Girouard.

Après son mariage avec Victor Aimé MARTINEAU elle suivra donc ce dernier.

A noter que son père journalier également a longtemps travaillé dans une métairie tenue par son oncle, donc encore une fois en famille.

GUERIN

MARIAGE MARTINEAU 001 (4)

MATHILDE ERNESTINE

25 Septembre 1890 Sainte Flaive les Loups (85)

19 Novembre 1970 Coulonges (16)

La mère de la mariée se nommait Mathilde Ernestine GUERIN né à Sainte Flaive les Loups à la Gourdière. Ses parents sont métayers et resteront avec une belle constance dans la métairie de la Corberie , commune de Sainte Flaive les Loups.

Ils en changeront et demeureront au Puy Gaudin  sur la commune du Girouard de 1891 à 1901.

Le père de Mathilde changera une dernière fois pour la Gendronnière toujours sur la même commune et il y rendit son dernier souffle en 1938

Comme toutes ses sœurs Mathilde fut placée comme domestique, elle se retrouva en 1906 au service de Henri PUAUD à la Minzerie sur la commune du Girouard.

En 1910 elle épouse Jean marie PROUST et s’installe chez ses beaux parents à la métairie de la Cossonnière sur la Chapelle Achard.

Elle suivra évidement son mari en Charente où son souvenir perdure car elle y est morte en 1970

Une réflexion au sujet de « DÉTOUR EN VENDÉE »

  1. Des patronymes qui me sont familiers (MARTINEAU, PROUST…)..! Je ne connaissais pas en revanche l’exode du phylloxéra qui effectivement a dû avoir un certain impact sur les vendéens.

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