
Puis un jour survint Boniface, journalier errant, toujours à la recherche d’un nouveau patron, d’un nouvel Eldorado. Un drôle de phénomène que ce veuf de 38 ans, toujours a plaisanter, toujours à complimenter les femmes, toujours à l’affût d’une bonne aventure.
Il n’était là que depuis peu lorsqu’il croisa Louise, bizarrement il lui sourit et lui adressa quelques mots.
Cela suffit pour enjôler la vieille fille et dès lors pour elle un nouveau printemps se leva. Les choses s’emballèrent rapidement, Boniface était un coureur de jupons, il ne vivait que de a satisfaction de la chair.
Il embrouilla assez vite Louise, malgré ses cinquante ans passés elle était étrangère aux hommes. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire cet homme expérimenté enleva la place. Son dépucelage tardif métamorphosa la vieille fille, elle devint radieuse et prit soin de sa personne. Elle ne se posa pas la question de savoir pourquoi un tel homme s’intéressait à elle. Sans le sou et de quinze ans plus âgée, qu’est ce que Boniface pouvait trouver à Louise. De fait il ne lui trouvait rien, elle était disponible pour ses besoins masculins et nul besoin de chercher autre chose. D’ailleurs elle n’était pas seule et le loustic fréquentait aussi sur Saint Sauveur de Nuaillé. Ce concubinage des chairs ne plut guère à la communauté villageoise, Louise était mise de coté par son indigence, maintenant elle l’était parce qu’elle se transformait en Marie couche toi là tardive. Si en plus de la pauvreté on rajoutait la légèreté des mœurs le monde ne tournerait pas longtemps.
Au vrai le scandale ne dura pas longtemps Boniface Gourland, l’étranger de La Rochelle demanda la main de Louise Prignaud. Ce fut un véritable séisme, pensez donc, la vieille de cinquante quatre ans au bras d’un gaillard de trente neuf ans. Elle, née sous le directoire et lui à la fin de l’empire, elle eut beau faire, aucun miracle n’était à attendre, elle faisait un peu décrépie.
Le maire François Landret les maria le samedi treize novembre 1852 à six heure du soir. La famille ne comptait guère, lui était de parents inconnus et elle les siens sous la tombe. François Bergeron cultivateur chez qui Boniface faisait des journées et Gille Margat un compagnon de chopine furent les témoins du marié. François Goy un tisserand du village de Bouhet et Pierre Ardouin le furent pour Louise. Comme Boniface était veuf, ils purent se marier à l’église, François Mestre le curé mécontent de cette ignoble union expédia la cérémonie.
La morale était sauve et Louise heureuse, du moins elle se persuada qu’elle l’était. Le Boniface bon bougre au demeurant avait le gosier souvent sec et les chopines à l’auberge de Pierre Daunis se vidaient allègrement. Lorsqu’il rentrait vacillant , il y avait deux options, soit il était amoureux, soit il avait la main leste. Louise dans les deux cas subissait, et son corps en ressortait meurtri. Parfois lorsqu’elle subissait les assauts d’un Boniface sans nuance dans ses outrances, elle se mettait à regretter le temps où le jupon élimé elle tendait la main. Elle avait rejoint la cohorte des femmes battues et soumises mais au moins son ventre ne criait plus famine et elle était entrée sur le tard, il est vrai dans une sorte de normalité sociétale.
Elle s’éteignit le 2 avril 1865 et le Boniface qui ne pouvait vivre seul épousa cette fois une femme plus jeune de dix ans le 24 août de la même année, un petit veuvage de six mois pour terminer par un troisième mariage
Boniface mourut au Gué d’Alleré le 13 juillet 1891 soit vingt six ans après sa Louise.
Boniface Gourland né à la Rochelle le 03 juin 1813
Marié à Marie Migault le 29 novembre 1841 à Bouhet 17
Marié à Marie Louise Prignaud le 13 novembre 1852 au Gué D’Alleré 17
Marié à Marie Pellettier le 24 aout 1865 à Dompière sur Mer 17
CONFIDENCES DE VILLAGE, PARTIE 1, LA VIEILLE INDIGENTE