LA RUE SAINT SAUVEUR, PARTIE 33, UNE SÉRIE D’ILLÉGITIMES

Marie Anne Renaud malgré le plaisir que lui a donné sa fugace liaison avec Jean Victor entend bien rester femme Testard. A aucun moment elle n’a imaginé que lever son jupon pour un autre était un motif de terminer sa vie familiale avec son mari. Ce fut un moment magique d’égarement, une vengeance pour l’humiliation qu’il lui a fait subir en la battant pour rien. Mais jamais au grand jamais ce ne fut une résurgence d’un amour de jeunesse passé.

Ses préoccupations étaient ailleurs, ses filles bientôt en âge de se marier requerraient la plus extrême vigilance.

Ce ne fut pas le long fleuve tranquille qu’elle avait espéré, fiançailles, mariages, enfants et belles installations avec un employé ou un artisan honnête.

Au lieu de cela, la rue Saint Sauveur vibra d’un royal méli-mélo. C’est Louisa qui commença le roman, un marin déluré, un peu de sac et de corde lui prit sa virginité sans évidemment lui proposer la lune. L’idiote recommença la danse en y éprouvant un certain plaisir oubliant quand cette matière la nature pouvait être cruelle. Elle se retrouva pleine, non pas d’espoir mais des œuvres du beau pécheur.

Louisa quitta le domicile parental et habita avec son chevalier des mers qui consentit à reconnaître l’enfant et à la marier. Les temps furent un peu durs car le joyeux marin n’avait que dix sept ans.

La troisième fille de Marie Anne qui se devait de faire comme sa sœur, trouva le moyen de se faire engrosser par le frère de son beau frère.

Louise donna vie à un petit garçon qui à part le nom ne reçut que très peu de chose de son père également marin.

Contrairement à son frère il ne maria pas sa belle qui devra attendre plus de sept ans pour convoler avec un respectable journalier qui fit changer de région.

La sœur aînée, celle qu’en famille et dans la rue l’on nommait Fannie attendit un peu pour faire comme ses sœurs et se retrouver enceinte des œuvres d’un homme qui ne désirait nullement en faire son épouse.

En 1862 elle donna vie et son nom à un petit garçon que nul père ne reconnut.

Elle se maria à 36 ans en 1871 avec un tonnelier, sans avoir d’autres enfants et décéda en 1877 .

Pour ne pas être en reste la quatrième fille du couple Lacoste Testard fauta aussi hors mariage et en bonne fille donna à l’age de 19 ans un enfant sans père. Théodore perdit son petit et se maria bien plus tard avec un coupeur d’habit. Il lui fit 10 enfants mais attendit que le dernier ait quatre ans pour enfin la marier.

Comme bon sang ne saurait mentir, Élodie la petite avant dernière, couturière comme ses sœurs tomba grosse des œuvres d’un inconnu en 1872. Bien sûr il n’y eut pas de mariage et le malheur s’acharna car l’enfant et la mère moururent deux plus tard. Elle n’avait que 25 ans.

La petite dernière nommée Louise comme ses autres sœurs ne fit à l’évidence guère mieux que ses sœurs, elle se maria avec un ancien soldat, mauvais élément qui un temps fit de la prison pour mendicité.

Marie Anne mourut en 1889 rue Saint Louis à La Rochelle, son mari Louis n’était plus de ce monde depuis 1873.

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