
Un matin alors qu’il arrive à son atelier Auguste voit que ses camarades discutent dehors, le ton est véhément. Il apprend alors que le patron a filé pendant la nuit, peur des représailles, peur de perdre sa position d’entrepreneur. Pourtant plein de gouaille, il hurlait avec les loups et fraternisait avec ses ouvriers. Tous ont conclu que c’est sa grosse bonne femme qui gonflée d’importance au fur et à mesure de l’agrandissement de l’atelier de son mari, lui a insufflé l’idée de se sauver. A moins que cela ne soit sa pimbêche de fille, froufroutante à souhait, remuant du croupion et pétant plus haut que son cul qui lui ait soufflé cette somptueuse idée. En fait cela n’a aucune importance de le savoir, ils sont sur le carreau, sans travail. Auguste la tête basse rentre chez lui, des idées mauvaises plein la tête. Il n’a jamais chômé, c’est pour lui une honte.
Les délégués de la commune ne veulent pas de guerre civile et tentent une conciliation avec Versailles. Mais Thiers ne veut rien savoir, il ne reconnaîtra pas la commune, dont l’élection est illégale à ses yeux. Un comité exécutif est désigné, il est temps de prendre des mesures, car la situation devient précaire pour bon nombre.
Auguste qui n’a plus payé son loyer depuis un moment se demande bien comment il va faire, toute la journée il ressasse la même chose. Demain il ira chercher du travail et en premier lieu là où travaille son frère.
Le lendemain comme il peut s’y attendre il ne trouve pas de travail, qu’à cela ne tienne, il s’engage dans la garde nationale, anticipant le recrutement obligatoire. Au moins il sera soldé et pourra manger. Agathe le félicite chaleureusement et le prenant dans ses bras, il la repousse en lui disant » c’est vrai que toi tu aimes les gardes ». A ses paroles elle s’indigne et se retient de le gifler, de le mordre de le griffer. Encore une parole comme cela et elle se jure de retrousser son jupon dès qu’elle rencontrera l’officier.
Ce n’est pas elle qui le rencontre en premier mais Auguste qui par manque de chance va servir dans sa compagnie.
Le 2 avril les Versaillais occupent Courbevoie et Puteaux, plus nombreux, ils obligent les parisiens à un replis précipité. Les premiers fusillés de la commune sont couchés en joue sans procès et abattus. Le 3 avril, les communards se décident à prendre Versailles, ce n’est guère une armée, le commandement n’est pas assuré, le ravitaillement non plus. C’est un désastre, une déroute, les fédérés surpris par la canonnade du fort du Mont Valérien qu’on avait négligé d’occuper surprend les hommes. C’est le reflux vers la capitale, des prisonniers sont exécutés et les autres conduits sous bonne garde au camp de Satory. Les élégantes, les bourgeoises versaillaises, les filles publiques se conduisent comme des poissardes et jouissent des crachats qu’elles envoient sur les malheureux et des coups d’ombrelles qu’elles distribuent. Les hommes démissionnaires des administrations parisiennes les rejoignent dans la haine et distribuent des coups de cannes et de poings sur les presque forçats qui épuisés de fatigue peinent à avancer.
Dans Paris le peuple demande une nouvelle sortie, Agathe se retrouve sans savoir comment avec une troupe de femmes qui brandissent des drapeaux rouges en hurlant.
Le soir Auguste qui n’a pas participé à l’action peine à reconnaître sa future femme en cet être diaphane, exsangue, ivre de fatigue, morte de faim, remontée par une colère venue du tréfonds de son être. Elle se jette sur lui, lui hurle dessus, le bat, il n’est qu’un lâche de n’avoir pas pris Versailles. Auguste essaye de la calmer, de la tranquilliser, mais rien n’y fait. La scène dure un bon moment, on frappe à la porte pour les faire taire. Mais soudain la digue se rompt, Agathe pleure, et se blottit dans les bras d’Auguste, elle s’excuse, l’embrasse, lui boit ses larmes, la reçoit comme une offrande divine. La furia au drapeau rouge se transforme en odalisque au service d’un sultan, elle se laisse doucement dévêtir. Les mains caleuses de l’ouvrier se transforment en douceur, céleste. Toute sa fureur se métamorphose en abandon, Auguste prend possession de ce don féminin, de ce cadeau de la nature. Les deux dans les bras l’un de l’autre oublient tout, de nouveau ils reparlent du mariage, fixent même une date et discutent des futurs invités.
Le lendemain c’est la faim qui désunit les deux corps nus encore enlacés. Auguste après s’être sustenté se rend rue du petit Musc pour terminer avec d’autres l’érection d’une barricade.
Le siège de Paris commence alors, les Versaillais se renforcent grâce aux prisonniers que lui sont rendus par Bismarck. Les combats sont sporadiques mais les bombardement réguliers, la vie sur Neuilly est devenue un enfer pour les habitants qui se terrent.
LE COMMUNARD DE LA ROCHELLE, PARTIE 9, LES CANONS DE MONTMARTRE
LE COMMUNARD DE LA ROCHELLE, PARTIE 8, LES OUVRIERS ROUGES
LE COMMUNARD DE LA ROCHELLE, PARTIE 7, UN MARIAGE ET UNE RÉPUBLIQUE
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