
Le 31 octobre, les ouvriers sont dans la rue, Auguste est entrainé, il va perdre encore une journée, n’aura pas de pain, mais qu’importe Agathe les cheveux au vent est là, elle hurle, exorte les hommes au courage. La veille les soldats ont subi une grave défaite au Bourget, des milliers de morts et visiblement un grave attentisme de la part des gouvernants, il faut renverser cela. En début d’après midi l’hôtel de ville est envahi. Les discours du maire Arago et du chef du gouvernement Trochu ne font rien à l’affaire, les manifestants veulent un nouveau gouvernement, cela tourne à l’émeute. Agathe est déchaînée, elle bouscule les plus faibles.
Mais la journée fait long feu, le gouvernement n’est pas renversé, Auguste et Agathe retourne vers la rue Beausire. Ils ne sont pas tête basse, la fierté de vouloir, de tenter exultent leur corps. Cette fois , il n’y aura pas de séparation, Agathe prend la main d’Auguste et tous les deux montent en courant les roides escaliers crasseux du domicile du peintre. Pour Auguste ce n’est plus le grinçant raidillon à la rampe poisseuse, mais cela devient l’escalier renaissance d’un château de la Loire, c’est l’échelle qui mène au paradis.
Dans la chambre c’est Agathe qui en mains expertes dirige la danse du bal des débutantes. Elle ne l’a jamais fait, n’a pas de frère, n’a plus de père, elle ignore tout. Mais pourtant avec une intuition animale venue du fond des ages, elle sait. Lentement avec une expertise de cocotte de café concert elle dévêt Auguste, celui ci comme un grand enfant se laisse faire, bouton par bouton sa chemise est ouverte, elle joue avec les boucles de sa velue poitrine, elle voit se tendre le ventre musculeux.
Puis lui dégrafant sa ceinture elle s’autorise à pénétrer dans sa masculinité. Lui ne voit plus sa mansarde, il est dans une pièce du château des tuileries, l’unique ouverture sur le ciel se transforme en de larges baie qui donnent sur la Seine. Le broc de porcelaine devient une vaste baignoire où une eau parfumée et savonneuse appelle les corps. Il sent maintenant les mains d’Agathe, il perçoit que son pantalon d’ouvrier glisse lentement. Il est nu devant elle qui gentiment le pousse vers le grand lit à baldaquin. Les draps sont de satin noir, la couverture de laine grise chinée de fils colorés, tout suscite l’amour. Maintenant la blanchisseuse, la pucelle du lavoir, la vierge de la rue Beausire se dévoile. Chaque morceau d’étoffe qui tombe à ses pieds dévoile un nouveau morceau de chair. Une blanche épaule, un ventre plat où naît une transparente crinière blonde, un sein où un téton qui pointe semble montrer le chemin de la volupté. Il ne voit plus rien qu’une princesse sans écrin, un joyau brut. Elle le chevauche comme si en amazone dominante elle faisait preuve d’une longue expérience, c’est la jouissance, la délivrance. Ils se repaissent d’amour.
Dehors un orage gronde, les éclairs rayent l’obscurité de la nuit, un torrent d’eau se déverse et inonde les routes et les chemins. Les sentinelles sont trempées, les canons de bronze scintillent de l’eau et la lumière lunaire. Les responsables de l’insurrection du jour se cachent , les vainqueurs exultent, la mère d’Agathe se rongent les ongles de ne pas voir sa fille revenir.
Mais les deux amoureux seuls dans leur gourbis nauséabond où leur chambre bourgeoisement décorée, puis refond le monde.
Au matin réveillée par une fraîcheur inaccoutumée depuis quelques semaines Agathe est réveillée. Nue comme au premier jour elle prend possession du lieu comme elle a pris possession d’Auguste, tire le pot et d’un pissat puissant marque comme le ferait une chatte son territoire. Lui s’étire maintenant, mais Agathe n’a cure de cet appel , elle est vêtue et lui jette les vêtement qu’elle lui a obligeamment retirés hier. Elle doit aller travailler, sa mère doit être morte d’inquiétude.
Lorsque Agathe rejoint sa mère cette dernière devine, sa fille rayonne de féminité, elle n’a jamais été plus belle. Son désordre de tenue sent la nuit d’amour.
Le dimanche suivant Auguste est invité à la table familiale, il est intimidé. Les aliments commencent à se raréfier et il a un peu honte de voir les deux femmes sacrifier une partie de leur réserve pour lui faire honneur.
Mais tout de suite Auguste est à l’aise avec Agathe mère, désormais pour tout le monde, Auguste Louis Rose est le julot de Agathe Clotilde Mazin. D’autant que bizarrement personne n’avait fait la liaison mais le frère d’Auguste est lui même marié avec une Mazin, nièce du père d’Agathe, on est donc en famille.
Tous les soirs Agathe rejoint Auguste, mais pour la convenance il est décidé qu’elle ne s’installerait pas avec lui.
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