image IA
Marthe est à n’en point douter fille du grand Morin, une femme libre d’air et de champs, elle est née à Saint Siméon un petit village de la Brie laitière ou Brie des Morin.
Ce n’est guère remarquable, la population y est faible et les jeunes sont obligés de se louer dans les villes et villages alentours.
Le grand Morin qui se jette dans la Marne et le rû du Vannetin baignent le creux du village. C’est bercé d’une monotone quiétude que les habitants y vivent, perpétuant les gestes et les coutumes ancestrales.
Marthe est née Doublet, son père est maçon et la famille originaire de Saint Rémy la Vanne. Elle a une grande sœur âgée de cinq ans de plus qu’elle et un jeune frère qui a six ans de moins. Ce n’est pas la richesse mais Stanislas le père à force de travail nourrit son petit monde.
La maman de Marthe est une Mulot, ils sont légions dans le village et chaque famille en a du sang qui circule dans leurs veines.
Marthe est une grand fille de plus d’un mètre soixante, blonde avec des taches de rousseur, ses yeux sont d’un bleu pâle un peu inquiétant. Sa poitrine est forte et plus d’un garçon s’y perdrait dans ses vals. Elle pourrait être considérée comme une beauté si des yeux un peu exorbités ne nuisaient pas à un parfait ensemble.
Les hommes du village qui n’ont pas forcément le regard porté sur le visage la scrutent avec envie. Elle est gracieuse, distribue force sourire et fait tourner les têtes.
Elle est domestique comme la plupart des filles mais envie sa sœur qui est couturière.
Elle a trouvé une place à la Ferté Gaucher chez un négociant bonnetier nommé Ernest Prieur. La place est bonne et madame Agathe est dans l’ensemble assez souple avec sa bonne.
Le lundi 20 mai, Marthe n’est pas au mieux, pâle comme une morte, les yeux cernés de noctambules, les traits tirés. Elle peine à pouvoir effectuer son travail et demande à son maître de pouvoir rentrer chez elle au hameau des Bordes à Saint Siméon.
Prieur s’interroge et demande l’avis de sa femme, hier elle semblait en parfaite santé.
C’est assez bizarre , mais en cela rien ne changeait de d’habitude, car Marthe pour être bonne fille n’en était pas moins affublée d’un sacré caractère. D’ailleurs cela faisait quelque temps qu’elle avait changé, des rondeurs lui étaient venues avec des sauts d’humeur et cela inquiétait fort les deux commerçants.
Agathe avait interrogé sa servante mais cette dernière se déclarait en pleine forme.
Ernest ramena donc sa servante chez ses parents. La mère Mulot trouva bizarre que sa fille revienne dans un tel état. En femme elle flairait une énormité. Après le départ du maître elle interrogea sa fille qui bien sûr n’avoua aucun problème.
Madame Doublet bien consciente des bruits qui couraient sur sa fille dans le village fut morte d’inquiétude. Le père en rentrant n’eut pas plus de succès et les menaces de lui mettre une volée n’eurent guère plus de succès. Marthe n’avait aucun problème et surtout contrairement à ce qu’on racontait elle n’était pas enceinte. Ce n’était que calomnies et vilenies.
Lorsque monsieur Prieur rentra, sa femme lui fit part de sa découverte, le matelas de Marthe était taché de sang et malgré un lavage forcené des traces suspectes apparaissaient sur le carrelage.
Dans le même temps la mère de Marthe en voyant les draps ensanglantés que cette dernière avait ramené, fila chez les Prieur pour leur demander des explications.
Tous évidemment convinrent de la même chose. Monsieur Prieur qui avait appris depuis le 5 mai que sa domestique était enceinte s’était renseigné auprès de leur blanchisseuse pour savoir si aucune trace suspect n’apparaissait sur le linge. Devant les dénégations de sa blanchisseuse il n’avait guère insisté. Mais maintenant tout devenait limpide.
Le lendemain Madame Doublet fit examiner sa fille par le docteur Mullot, cela ne lui plut guère mais elle ne put se soustraire à l’autorité de ses parents. Le praticien déclara qu’elle avait bien accouché récemment.
Elle nia et nia encore, l’avis du médecin et sa forte poitrine laiteuse, rien ne la fit plier.