UN AMOUR FOURASIN, PARTIE 6, LE VENTRE ROND DE JEANNE

Jeanne peu à peu prenant une tranquille assurance, se surprenait à élever le ton lorsqu’elle n’était pas obéie, lui savait tout cela. Sara la jeune sœur de Simon avait lors d’un passage à Saint Laurent sentit que la relation entre les deux n’était pas seulement de maître à servante, qu’il y avait autre chose.Avec sa clairvoyance de femme elle avait deviné l’intimité qui existait entre son frère et sa servante

Elle s’en ouvrit à son frère mais lui, haussa la voix, répondant qu’il était chez lui et qu’il embauchait les servantes qui lui convenaient. La véhémence de la réponse conforta Sara, son frère avait des privautés pour cette moins que rien et il allait falloir agir promptement.

Elle n’en n’eut pas l’occasion car un séisme toucha le logis, la cuisinière à la fin de l’été remarqua que madame la servante s’arrondissait, rien de bien perceptible mais elle lâcha l’information dans le village et bientôt Saint Laurent et Fouras furent au courant que la servante aux Gauvin prospérait au delà de toutes espérances.

Comme personne ne lui connaissait de vilain, la rumeur enfla et enfla encore. Partout, aux fontaines, aux lavoirs, à la récolte des huîtres, dans les champs l’on se demandait qui était le père.

Même les curés des paroisses environnantes furent mis au courant, Pierre Marie Gilbert le desservant de Fouras, faillit avaler de travers son vin de messe, l’ancien aumônier du régiment du Béarn et prêtre du Vergeroux le père Talamy qui connaissait fort bien Simon s’indigna qu’il fusse aussi mal adroit dans ses copulations. Quand à Burgaud le curé de Saint Laurent il s’étrangla de fureur et s’il en avait eu la possibilité aurait excommunié les deux amants.

Simon absent fut avisé de la faute de sa servante par son frère Abraham, il était inadmissible que dans une famille de notables protestants l’on tolère qu’une fille de bordel fisse un service quelconque.

Simon ravala l’affront que lui faisait sans le savoir son frère et retrouva dès le soir même sa servante maîtresse.

Ce fut orageux et Jeanne comme un jonc s’efforça de plier sous le vent de la colère. Visiblement le fait qu’elle soit pleine était de sa faute et lui n’avait rien à voir là dedans . Alors de toute sa jeunesse, de toute sa petitesse de paysanne ignorante, elle tint tête à son maître, à son violeur, à son amant.

Elle lui fit voir sa petitesse, elle allait partir pour rentrer dans son village de Breuil la Réorte. Lui qui était prêt à la battre, à la châtier d’avoir l’insolence d’être enceinte de ses œuvres devint soudain comme un petit enfant, un agneau, il s’excusa, s’agenouilla en pleurant devant elle. Il lui cria son amour et le soir pour la première fois il la prit par la main et la conduisit dans sa chambre. Jusqu’à présent leurs étreintes cachées à tous, avaient lieu dans l’étroitesse de son grabat de servante,maintenant elle aurait lieu aux yeux de tous dans la chambre seigneuriale.

Jeanne avec son ventre qui enflait devenait presque une dame mais il restait un écueil qu’elle ne pouvait encore franchir. La famille de Simon faisait bloc contre elle, les connaissances des Gauvin réprouvaient en masse cette union hors nature et les autorités ecclésiastiques fulminaient contre cette fumelle tentatrice qui avait détourné cette noble âme de Simon.

Simon lui malgré la tempête tenait bon la barre, il aimait Jeanne et peu importe de quel ventre elle venait. De plus sa moralité était sans faille, c’est lui qui l’avait compromise, c’est lui qui l’avait forcée, il se devait de réparer.

Il n’était pas le premier gentilhomme à compromettre une paysanne, ce n’est d’ailleurs pas cela qu’on lui reprochait après tout un ventre de femme était fait pour être comblé et il lui faisait un honneur de la besogner. Non c’est plutôt l’importance qu’il semblait lui accorder, cette place de presque gouvernante et maintenant cette place dans son lit. Une hérésie puisque ce lit aux colonnes majestueuses, au ciel en plus beau tissu était le lit de feu maître Abraham et de feue madame née Seignette. Il y avait malhonnêteté à ce qu’une catin au cul sale, une moins que rien ne se roula dans les draps fins de la bourgeoisie Rochelaise.Qu’elle fut prise comme une jument à l’écurie, dans la paille et les crottins par le maître du Magnou ne tirait guère à conséquence mais l’acte pour sûr devenait répugnant dans la douceur de la literie familiale des Gauvin.

Abraham adjura son frère d’éloigner Jeanne et de faire élever son enfant loin d’ici en lui versant un peu quelque chose. Elle avait tout à gagner dans cet échange de bons procédés, une petite rente et la possibilité de trouver un homme honnête qui voudrait la prendre pour épouse malgré sa tâche. Abraham se proposait même de trouver à Jeanne un marin de la royale, un soldat ou même un saunier, n’importe qui en fait, du moment qu’il y avait éloignement.

Simon refusa catégoriquement, il batailla des heures, Abraham qui était le chef de la famille et avait autorité menaçait de sanctions. Rien n’y fit.

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