
Ce fut dans cet état d’esprit qu’il arriva au Magnou, suivant le même rituel il laissa sa monture pour monter gérer ses affaires dans son bureau à l’étage. Une ombre cependant l’en détourna, Jeanne venait de rentrer dans le cellier.
Il la suivit et pénétra à sa suite, elle était derrière le treuil casse cou et ne pouvait le voir. Il l’observa et éprouva les mêmes envies que les fois précédentes. Elle sans se douter de la présence du maître s’activait à récupérer pour la cuisinière un tas de pommes. L’odeur de fruit pourrissant mélangée à l’odeur du vin enivrait Jeanne, elle ressentait un trouble dont elle ne connaissait pas la provenance, un état inconscient la mit en état d’alerte. Simon soudain surgit devant elle, surprise elle lâcha son seau. Lui était déjà sur elle la bloquant le long du mur de pierres, il la couvrit de baisers dans le cou, Jeanne n’osait bouger, elle avait peur mais ne pouvait crier. Elle était maintenant terrifiée car d’une main ferme, il lui avait remonté sa robe. Elle sentait la virilité de Simon et en était paralysée. Jeanne se retrouvait maintenant toute petite, écrasée par une sorte d’autorité. Elle se remémorait la terreur qu’elle éprouvait devant l’autorité parentale . Elle avait été soumise à son père et maintenant elle était soumise à son patron. Il était maintenant allongé sur elle, sans qu’elle ne sache comment il avait fait , elle était presque entièrement nue. Une de ses mains lui caressait l’intérieur des cuisses et avec sa bouche il lui embrassait le bout de la poitrine. Elle voyait que Simon avait baissé sa culotte, toujours bloquée, toujours muette, partagée entre la terreur, la douleur et une sorte de chaleur Jeanne était devenue une proie parfaite. Maintenant il lui racontait des choses insensées, il l’aimait, il était fou d’elle, elle allait devenir sa femme. Il devenait un peu fou, elle ne l’écoutait plus , son esprit était sorti de son corps. Il se promenait là bas sur l’estran, vers un rivage meilleur.
Une douleur survint, un cri lui échappa, il était en elle, le temps lui dura et dura encore, il n’en finissait plus de se satisfaire, prolongeant, en prenant pour son argent. Il se délivra enfin et bascula sur le coté, le possesseur et la violée restèrent un long moment nus cote à cote. Soudain il lui prit la main, comme un amoureux et lui dit rhabillons nous, quelqu’un pourrait venir. Ils remirent un peu d’ordre en leur toilette.
Simon s’approcha de nouveau, mais elle n’avait plus peur car elle sentait la faiblesse de celui qui normalement avait la puissance. Il la regarda fixement, lui sourit, puis décrocha une chaîne avec une croix qu’il avait au cou. Il la serra dans sa main puis dégageant la nuque de Jeanne il lui offrit ce pendentif.
C’était la croix protestante de sa mère.
Simon sortit et Jeanne resta seule un instant, elle ne savait pas quoi penser. Un viol est un viol mais elle avait senti comme une sorte d’amour, comme l’élan irrépressible de quelque chose de fort. De toutes façons, elle ne dirait rien à personne, on ne la croirait pas, un maître a le droit de posséder sa servante, de la forcer, c’est en fait un honneur qu’il consent à lui faire. Prendre le corps sale d’une souillon, n’est pas le salir d’avantage. Mais pourquoi lui avoir donné sa croix, les autres vont croire qu’elle l’a volée et puis elle n’osera pas. Elle se rappela soudain que la cuisinière attendait les pommes, une engueulade l’attendait. Arrivée dans la cuisine Berthe la regarda d’un drôle d’œil, curieusement elle ne dit rien.
- Le maître m’a dit qu’il t’avait commandé à autre chose et que tu arrivais.
- Oui me voilà
- Il t’a demandé quoi de si important
- Oh rien une brassée d’avoine pour son cheval
- C’est n’importe quoi, maintenant si les fumelles se mettent à s’occuper des chevaux.
- Oui bon il faut que j’y aille, j’ai maintenant le poulailler à m’occuper.
La cuisinière grosse madone au passé trouble qui passait pour avoir été l’amusement de feu monsieur Abraham le père de monsieur ne crut pas une seconde à la farce que lui avait racontée Jeanne. La futée à la vie bien remplie avait remarqué le trouble de Jeanne et son désordre vestimentaire, personnellement elle n’avait pas souffert de suppléer la rêche protestante qu’avait été madame mère en ouvrant ses cuisses généreuses. Abraham Gauvin qui ne dédaignait pas la gaudriole était las de la rigidité huguenote de sa femme, alors il l’avait fait placer à l’office où chaque jour il pouvait en profiter un peu. Finalement elle n’en avait pas vraiment souffert, c’était une sorte de promotion sociale.
Elle était mieux à l’office que dans un champs ou une étable et puis monsieur était propre et bien intentionné. Si elle avait deviné qu’il se tramait quelque chose, elle était loin de pressentir la tempête qui allait s’abattre sur le Magnou et dans la famille Gauvin.
UN AMOUR FOURASIN, PARTIE 1, SIMON GAUVIN
UN AMOUR FOURASIN, PARTIE 2, LES GAUVIN DU MAGNOU
UN AMOUR FOURASIN, PARTIE 3, LES CRAINTES DE JEANNE