
Louise cloîtrée chez elle ne se remet pas de l’affaire, cette bigote de madame Brédif n’a pas levé le petit doigt pour virer la traînée. Elle n’aurait jamais cru que cette bourgeoise aux robes larges et empesées, pleine de principes et dépourvue d’humour, n’accepte que sa bonne ne se fasse culbuter sous son toit par un moins que rien.
Louise va devoir trouver un autre subterfuge pour écarter sa rivale mais aussi va devoir faire preuve d’audace pour que Charles trouve enfin le chemin de sa couche à elle.
Rose se fait toute petite, elle n’ose même plus rencontrer Charles , c’est Marie Desroche qui se charge de lui faire passer des messages. Le jeune Martin est embêté d’avoir fait du tort à Rose, chez lui son père à gueulé, sa mère a levé les yeux au ciel et ses frères se sont moqués.
Son frère Eugène pour lui remonter le moral lui confie ses déboires avec la jeune Rose et l’inquiétant François Daviaud qui a surpris la gamine dans la remise.
Dans un renfoncement à l’abri des regards Marie transmet un message à Charles, les deux se connaissent peu mais le regard de braise de Charles opère encore une fois. Marie remet le petit bout de papier où est marqué le lieu du rendez vous ainsi que quelques mots d’amour mais laisse traîner sa main dans celle de Charles. C’est comme un coup d’orage dans un ciel dégagé, la foudre amoureuse tombe sur les deux êtres, leur corps en est chamboulé. La missive est en de bonne main mais le loup est dans la bergerie.
Marie remonte chez elle toute émue, désormais elle le sait Charles sera à elle.
La rue de l’Escale frémit certes des beaux équipages, des belles dames et des beau messieurs, mais pour des ces mains blanches il y a pour corollaire des domestiques.
Au début de la rue le procureur Charles Naudeau et sa famille sont servis par cinq domestiques, la vieille Fanny Bourillon qui demeure à coté à pour sûr la sienne.
Le docteur Avrard est bien évidement dans le même cas et a comme petite main Marie Dorin.Le sous inspecteur des douanes, Das schaff à la retraite et Frédéric Giraudeau propriétaire ont les leurs. Étienne Michelin le rentier et sa méchante fille en ont quatre, monsieur Edouard Dubeugnon s’en contente de deux. Meyer Louis le courtier maritime et sa belle mère Fanny de Langle née Richemond de Meschinet en ont également deux, ce qui finalement est peu en comparaison de leur opulence.
Les Pellegrin ne dérogent pas ils en ont deux car les hauts fonctionnaires des finances ne peuvent faire seuls les viles tâches.
Et le vieux Paul Alix Castel rentier se fait servir par une beauté de trente ans ce qui fait bien évidement jaser.
Il y a donc beaucoup de domestiques dans cette riche rue, salissant de leur sueur l’odeur proprette des nanties, c’est un balai de lingères, de porteurs d’eau, de videuses de merde, de commissionnaires, de petites mains qui se rendent au marché. C’est une palette riche en couleurs, c’est un savant échafaudage de vie, une interaction entre ceux qui possèdent et ceux qui n’ont rien, une fusion entre ceux qui dirigent et ceux qui servent.
Le tableau n’est ni noir, ni idyllique, tout est question de foyer, dans certains intérieurs le domestique est presque de la famille et dans d’autres ils sont souffres douleurs. Parfois même l’ honnêteté des jeunes filles est bafouée, c’est une loterie, c’est une chance de vie ou une catastrophe.
Il y a dans cette rue 35 domestiques pour 25 ménages, une belle minorité agissante, pour peu on pourrait croire qu’ils ont le pouvoir.
Beaucoup sont des toutes jeunes filles venues des campagnes environnantes, elles ont entre 17 ans et 20 ans et échappent ainsi à la condition de servante de ferme.
Il est indéniable que le travail y est moins dur, mais la plupart ont quitté leur famille et les êtres qui leur étaient chers. De plus la ville fourmille de dangers inconnus des oies blanches de la campagne d’Aunis. Les marins du port, les soldats, les ouvriers des quais ainsi que les fils de familles sont tous à la recherche de la bonne prise et sont tous de redoutables chasseur de virginité. C’est donc au maître de prévenir l’ensemble des désordres et Louis Babin en est entièrement convaincu, il tente donc de rallier à sa cause monsieur le juge d’instruction et monsieur le procureur.
Mais Louis Babin est peu de chose et personne ne viendra dire à Zoé Brédif comment mener son intérieur. Lui et Louise ont perdu, c’est à ne plus y revenir.