CEUX DE LA RUE DE L’ESCALE, PARTIE 15, MADAME SE MEURT

 

Marie Maingrin comme un bateau au milieu de la tempête est ballottée entre les vagues de la fidélité à sa maîtresse et la peur d’André. Cela la taraude, la mine de l’intérieur, elle ne vit plus et chaque soir elle a peur de le revoir dans sa chambre, de humer à nouveau sa vilaine haleine et de sentir son physique de mâle menaçant.

Elle s’enferme en bloquant sa porte avec sa chaise, mais elle le sent qui tourne autour d’elle comme un loup auprès d’un troupeau, Geneviève en rigole et se fait complice de lui. Marie se doute qu’il en ferait son aide et qu’elle la maintiendrait si il voulait abuser d’elle ou pire si il voulait la supprimer.

De plus sa maîtresse décline, elle se doit de l’éclairer et tout lui dire afin que les deux ne profitent de rien.

André n’est plus aussi sûr de lui depuis qu’il a vu et entendu le frère de Madame, il sent le froid du couperet sur sa nuque, il imagine son renvoi.

Ce n’est pas possible jamais personne ne le renverra, et puis qu’a t’ il fait de mal?

Un soir, André lassé par les charmes de Geneviève entend séduire Marie, après tout elle n’est pas si mal, peut être un peu grasse, mais qu’importe, un peu de vals dans sa marche amoureuse le changera bien de la plane vallée de sa concubine.

Geneviève est de garde auprès de madame Vincent, il est tranquille. Mais la porte est close, il appelle, Marie morte de peur se recroqueville dans son lit. Il tente d’entrer secoue la porte, la chaise branle, bouge sur elle même. Elle n’ose pas crier, des larmes de terreur coulent sur son visage. André toutefois ne veut pas alerter les femmes à l’étage du dessous, il décide de partir et d’aller rue du minage boire un verre dans une auberge où il a ses habitudes. Foutue femelle pense t’ il.

Mais la situation tourne différemment madame Vincens ne se sent pas très bien, Geneviève commence sérieusement à s’inquiéter, elle va chercher Marie qui peut être, elle saura quoi faire.

Marie toujours enfermée croyant à une ruse de Baumers ne veut pas ouvrir, Geneviève supplie, pleure, implore, Madame se meurt, il faut faire vite.

Marie sort enfin, elle est en chemise, constate que le domestique n’est pas là et se fait expliquer.

Madame suffoque, elle a du mal à respirer. Marie s’habille en vitesse et suit sa collègue. En effet Madame Vincens est très mal, elle ne respire qu’avec peine. Marie prend la décision d’envoyer Geneviève quérir le docteur Avrard qui habite au 17 de la rue de l’Escale. Madame l’a déjà consulté.

Au 17 Geneviève a du mal à se faire ouvrir, elle tambourine encore et encore. Finalement c’est Marie Dorin la domestique qui ouvre. Monsieur ne consulte pas il est couché et Madame dort sans doute . Une lutte commence entre celle qui défend l’antre de son maître et le protégerait presque de son corps et celle qui ose déranger le savant des corps. Les deux servantes se connaissent bien mais ne s’apprécient guère, elles n’évoluent après tout pas dans les mêmes maisons. Un médecin n’est rien au rapport de la haute société de Madame la sous préfète Emmery. Mais pour les gens de la haute comme pour le bas peuple la présence d’un éminent membre du corps médical peut parfois changer la donne. Rose par manque d’intelligence et par manque d’éducation ne perçoit pas qu’il y a une sorte d’égalité le dedans.

La domestique est prête à renoncer quand apparaît le docteur en tenue de nuit, il s’informe. Immédiatement il se doute que l’affaire est d’importance, de toutes façons Madame Vincens est une notabilité et dans ce cas on hésite moins. Il va s’habiller en vitesse et muni de sa sacoche suit Geneviève dans le noir de la rue.

Dans la chambre de Madame Vincent c’est effervescence, Baumers est de retour, il a bu mais il devine immédiatement la gravité de l’état de sa maîtresse. Il se colle à Marie et dans un souffle alcoolisé lui susurre une ignoble proposition,  » la vieille elle va crever, sais- tu où elle cache son magot ». Marie est soufflée, elle ne peut le mettre dehors. Il commence à fureter et à tirer quelques tiroirs. Madame sort momentanément de sa somnolence. Il doit sortir, il y a de l’indécence là dedans, un homme dans la chambre de Madame alors qu’elle est presque dénudée. Jamais Baumers ne se serait permis ce genre de chose si elle avait encore la force de lutter. C’est un bougre de salopard mais il est intelligent, il entend Rose qui ramène un médecin, il s’éclipse.

Avrard fait son travail et immédiatement ausculte sa cliente, il demande à Rose d’ouvrir la chemise de Madame Vincens. Le pouls est faible, fuyant, la respiration est rauque, crépitante. Avec l’aide des bonnes il surélève la patiente. Il continue sa visite au corps presque moribond, lui tâte sous les aisselles, puis le ventre. Il a sa tête des mauvais jours, peu d’espoir en vérité.

Il se renseigne, sur le médecin traitant, sur les médications prises, mais il apprend en fait que Madame jusqu’à présent n’était pas aussi faible, que son état s’est subitement dégradé et quand fait elle n’a jamais consulté.

Le médecin est maintenant rouge de colère, c’est une idiotie, presque un homicide de n’avoir pas prévenu de son état. Marie et Rose paniquent, assurément elles avaient bien vu que Madame déclinait mais delà à se douter qu’elle pourrait mourir il y a un grand pas.

La situation presse, le docteur ordonne qu’on aille prévenir la famille et aussi qu’on prévienne un prêtre.

Madame est protestante prévient Rose,  »alors faite quérir un ministre du culte , vite  ».

 

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