
LA MORT DU BARON OUDET
Jacques Joseph bien que rentré en grâce n’était qu’un des rouages mit en place par le génie fulgurant de l’empereur. Il attendait donc sous une pluie battante que ce fusse le tour du 17ème régiment d’infanterie qu’il commandait de franchir sur un pont de bateau, le bras du fleuve Danube qui les séparait des ennemis.
Le temps en ce 5 juillet 1809 était épouvantable, trempés, sans rien savoir, l’attente était longue pour tout le monde. Tous malgré leur ignorance des choses se savaient pénétrés d’un devoir, ils allaient combattre et encore une fois leur Dieu allaient les conduire à la victoire. Jacques Joseph plus au fait de par son grade de colonel, ne se faisait pas d’illusions sur la soif de victoire de celui qui les gouvernait et sur sa dangereuse obligation qu’il avait de devoir toujours vaincre.
Jacques Joseph avait fait son devoir et avait attendu d’intégrer la grande armée en tenant garnison à Pau et à Belfort. En 1807 lors de la campagne de Pologne il s’était de nouveau couvert de gloire sous les ordres d’Oudinot. Il s’était fait remarqué par sa vaillance lors de la victoire de Friedland. Ce qui lui donna l’opportunité d’être nommé officier de la légion d’honneur le 8 juin 1807. Il fut même doté le 18 mars 1808 de 2000 francs en Westphalie. Il était sous les rayons de l’astre et le 31 janvier 1809 il prenait le commandement du 17ème de ligne avec le grade de colonel.
Les Autrichiens avaient profité des difficultés de Napoléon en Espagne pour rallumer la guerre et le colonel Oudet avec ses troupes commença une campagne d’Autriche qui s’avéra brillante pour lui.
Il faillit mourir à la bataille d’Abensberg, mais c’était le lot de tous et ce ne fut après tout qu’une cicatrice de plus. Pour le récompenser, Napoléon l’anoblit en le nommant baron le 6 juin 1809 pendant une revue au palais de Schonbrunn. Enfin une chose à transmettre à son fils Eliacin qui l’attendait sur l’Île blanche avec sa mère.
Son régiment faisait partie de la prestigieuse division Morand du corps d’armée du non moins prestigieux maréchal Davout. Il n’avait encore pas vu le maréchal mais avait échangé quelques mots avec le général Morand. L’on disait que Davout était aussi bon que Napoléon lui même en stratégie et qu’il n’avait jamais perdu une bataille.
Enfin le 17ème s’ébranla et passa le pont, placé à droite du dispositif impérial le troisième corps de Davout se trouvait sur deux lignes. Jacques Oudet avec la division Morand et Pucthod en arrière et les division Gudin et Friand en avant.
Vers 13 heures en ce 5 juillet les masses se mirent en branle, le chemin fut difficile pour le troisième corps, les champs de blé enflammés par les tirs d’artilleries se dressaient en une montagne de feu. Le cheval de Jacques se cabra mais sous la main ferme du maître avança tout de même, les hommes tombèrent fauchés. Sur la droite Jacques aperçut les cavaliers de Montbrun alors que sur sa gauche il voyait trotter les dragons de Grouchy. La progression fut irrésistible, vers 18 heures en une multitude de combats toute l’armée était aux prises avec les Autrichiens. Jacques Joseph était comme ses hommes ignorant de tout, les masses étaient confuses, la fumée des incendies, le bruit et les milliers d’hommes qui s’entre tuaient, augmentaient l’impression de vertige qu’ils ressentaient . La boucherie était totale et il était bien loin le temps où les tueries étaient plus modérées.
Les combats se prolongèrent sans qu’aucun temps de repos ne fusse accordé aux troupes exténuées.
Après un énième échange d’artillerie Jacques Joseph avec ses troupes franchit la petite rivière Rusbach. Mais les autrichiens opiniâtres ne s’en laissèrent pas compter et rejetèrent l’attaque malgré l’entrée en action de la réserve.
Devant cet échec Davout mit les troupes aux bivouacs. Chacun chercha un peu de repos, quelques heures de sommeil volées sur la nuit, quelques biscuits avalés avec un peu d’eau de vie. Jacques Joseph s’enroula dans une couverture et s’endormit.
Mais le repos ne fut qu’éphémère, vers quatre heures du matin alors que les premières lueurs du jours se levaient à peine, les autrichiens attaquèrent. Le combat reprit violent mais Davout revenu du grand quartier général reprit les choses en main. L’ennemi soudain reflua et Napoléon donna ordre à Davout de contre-attaquer. De nouveau Jacques Joseph et le 17ème repassèrent le ruisseau, le combat pour la tour moulin fortifiée de Markgraf commença.
Toute la journée les combats se prolongèrent, sans rien savoir, inlassablement les assauts se poursuivaient, les autrichiens ne lâchant rien et tels des tours d’airain empêchaient les troupes Françaises d’avancer .
La fatigue était extrême en ce deuxième jour de combat, la faim tenaillait les ventres. Une odeur nauséeuse envahissait le champs de morts. Partout des cadavres grimaçants, certains figés par le feu d’autres déjà presque rendus à la terre.
Jacques Joseph s’efforçait de transmettre les ordres, mais la fumée et le bruit ne facilitaient guère sa tache. Ivre comme les autres de cette excitation produite par la peur, il donnait ses forces pour que la victoire paraisse pour qu’enfin la grande armée dont il était partie intégrante, fusse en mesure de retourner en France couvert des lauriers de la victoire.
Il n’était pas un va en guerre et pensait que l’impérialisme de Napoléon pourrait à terme provoquer une catastrophe, mais là au milieu du danger, au milieu du charnier; Jacques donnait son âme au diable Bonaparte. La victoire était presque acquise lorsqu’un dernier sursaut autrichien surprit le colonel du 17ème et ses officiers. Blessé gravement d’une balle reçue dans l’épaule gauche et pénétrant dans la poitrine, il fut retrouvé, entouré d’une barrière de corps et emmené par ses hommes pour être soigné dans une ambulance.
Il expira trois jours plus tard à Vienne, laissant une jeune veuve et un fils avec un titre de baron d’empire.
Il ne sut rien de la victoire, ne sut rien des conclusions de cette guerre et de l’arrivée d’un ventre autrichien dans le lit de l’ogre.
Le 17ème régiment avait perdu onze officiers tués et trente autres blessés.
Eliacin le fils se vit attribué une dotation de 4000 francs en Hanovre à titre posthume.
Il va sans dire que ces dotations disparurent à la fin de l’empire, mais qu’une loi en 1821 accorda une indemnité à ceux qui avait perdu ces dotations.
Le jeune baron Oudet se vit octroyer une indemnité de 1000 francs alors que sa mère Anne Élisabeth Guillobé recevait une pension viagère de 730 francs.
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