PHOTOS, GENS DU PAYS ET AMOUR DES MOTS, PARTIE 3/4

Armand d’Aussy un héritier dans la gloire

Jeanne sanglée dans sa belle robe de mariée, où myriade une infinie rangée de perles. Corsetée à en perdre le souffle comme la chanteuse de cabaret Polaire, gantée de satin blanc, voilée d’un tulle qui mettait en valeur sa pâle beauté, se démenait avec sa traîne. Au milieu de cette attente qui se prolongeait, elle observait Armand et se grisait déjà des peines qu’il aurait à la dévêtir pour la nuit de noces. Sans doute lui était il un habitué, mais elle, restait d’une virginité absolue. Bien sûr elle avait été allégée par les récits de sa sœur qui sans pudeur aucune lui racontait ses ébats. Bien évidemment elle savait comment faire car même au pensionnat on arrive à connaître de ces choses là.

Enfin c’était son tour, elle en avait pleuré de voir se marier sa sœur avec le beau vicomte de la Faille. C’était un privilège que de s’unir à un sang bleu pour ces deux orphelines de la bonne bourgeoisie.

Oui, il était encore de bon ton en ces années de république naissante, de sentir le doux parfum d’une noblesse décadente. Mais à quoi bon la royauté bourgeoise, le deuxième empire avait gommé les barrières, il vous suffisait d’être confortablement dotée par des parents honnêtement riches et vous pouviez être prise comme ribaude par un baron, un comte où même un prince.

Née à Bordeaux en 1881, elle habitait au Bouscat avec sa mère, sans se soucier des biens matériels de la vie, elle y vivait entourée de sa femme de chambre, de son cocher, de son valet de chambre et de son jardinier. Le notariat rapportait beaucoup et il ne suffisait que de paraître dans les beaux salons pour y être courtisée par un beau militaire.

Ce beau militaire sanglé dans son uniforme de lieutenant du 57ème régiment d’infanterie portait beau l’honneur de sa race.

Né en un château enchanté sur les bords du plus beau fleuve de France, héritier de plusieurs lignées d’hommes illustres, il regardait sa Jeanne avec un amour non dissimulé. Quand on pouvait trouver l’amour sans déroger à son milieu tout était parfait.

Marie Éliacin Hyppolite Armand Joly d’Aussy est donc née dans le château de ses parents à Crazannes en Charente Inférieure. De fait, le château venait de son ancêtre Marie Élisabeth Guillobé la veuve du héros qui l’avait reçu de son deuxième mariage avec un avocat nommé André Jouanneau.

La demeure était passé ensuite dans les mains du baron Oudet son fils qui lui avait convolé avec Victoire Sélima Boubée de Lespin.

Des deux enfants qu’ils eurent, Louise Oudet était la mère de notre marié.

En 1863 Louise Oudet s’était mariée avec Gabriel Denys Joly d’Aussy un homme de loi, homme politique et érudit de surcroît de bonne noblesse.

Armand regrettait que son père et sa mère n’aient pas vécu assez longtemps pour le voir marier, leur départ prématuré l’avait beaucoup affecté. C’est sa grand mère Victoire Sélima qui lui avait donné son accord pour ce mariage, elle avait 89 ans. Pétillante à souhait,elle désirait plus que tout voir le nouveau siècle, en ce 22 novembre 1899 il ne lui restait plus longtemps à attendre.

Si son père n’avait pas été militaire, son grand père le Baron Oudet deuxième du nom l’avait été un temps. Il ne l’avait certes pas connu mais l’éducation qu’il avait reçue; venait en droite ligne de la stricte discipline militaire.

Les Oudet et les d’Aussy étaient des serviteurs de l’état et du pouvoir en place et Armand se faisait un devoir et un honneur de suivre les pas de ses ancêtres. Quatre générations le séparaient de l’illustre colonel des guerres de l’empire mais les jardins et les couloirs du château de Crazannes retentissaient des multiples combats de l’épopée.

Armand en bon héritier après son baccalauréat avait été admis à l’école spéciale militaire de Saint Cyr. En cette année 1890, il quitta la silhouette protectrice du château et les douces crinolines de sa mère et sa grand mère.

Au bout de deux ans il en était sorti sous lieutenant et avait été affecté au 114ème régiment d’infanterie. Sa carrière en ces temps de paix prit le cours normale des choses, lieutenant en 1894, il passe au 57ème régiment en garnison à Bordeaux.

Il en était là lorsqu’il rencontra sa belle, beau, riche, plein d’un bel avenir.

Il la mena devant le curé et devant monsieur le maire, l’instant était solennel, son premier témoin le colonel Cloquart commandant du 57ème lui faisait l’honneur de l’assister. Puis il y avait le baron Oudet son oncle qui était là avec toute sa famille, Thérèse et Marie ses deux cousines qui étaient entrées dans les ordres, François raidi dans son uniforme de polytechnique et Joseph le compagnon de jeux des châteaux de Crazannes et de de Beauvoir à Éculat.

Du coté des d’Aussy ses oncles Hippolyte et Alfred lui font l’honneur d’être présents. Pour la mariée seront témoins son beau frère le vicomte de la Faille et le baron d’Etcheverry chevalier de l’ordre pontifical de Saint Grégoire le grand du christ du Portugal et porteur de la croix pro écclésia du pape Léon XIII.

Rien que du beau monde en ce mariage mondain du jeune lieutenant et de sa belle Jeanne.

PHOTOS, GENS DU PAYS ET AMOUR DES MOTS, 1ER ÉPISODE

PHOTOS, GENS DU PAYS ET AMOUR DES MOTS, 2EME ÉPISODE

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