PHOTOS, GENS DU PAYS ET AMOUR DES MOTS, 1ER ÉPISODE

 

 

L’histoire que je vais vous conter débute par l’acquisition extraordinaire d’un lot de photos. Une véritable mine d’or généalogique, des notables possesseurs de châteaux, décorés pour la plupart de la légion d’honneur et des héros à foison. Des militaires, des magistrats, des hauts fonctionnaires, des hommes politiques, des nobles d’empire.

C’est un trésor qui se dévoile à moi et il me faudrait écrire plusieurs ouvrages pour narrer de tels destins. Mais là n’est pas ma démarche et pour commencer je vais mettre en parallèle le destin d’un héros de l’empire et un héros de la troisième république. L’un est l’ancêtre de l’autre, commençons notre saga

Jacques Joseph Oudet, colonel du 17ème de ligne, baron d’empire et officier de la légion d’honneur.

Né le 17 octobre 1772 à Maynal dans le Jura est issu d’une famille d’agriculteurs aisés et son père est recteur d’école dans son village

Jacques Joseph Oudet héros de l’empire

Contrastant avec le froid qui régnait à l’extérieur, la chaleur du feu d’enfer qui sortait de la cheminée de la salle des mariages de la maison commune, était presque étouffante. Augmentée par la foule qui se pressait, elle engourdissait les êtres silencieux attendant l’arrivée du maire Jacques Rivaille. Ce gros négociant de la petite ville de Saint Martin en Ré se faisait attendre comme à son accoutumée. Le marié qui n’avait pas la patience chevillée au corps, maugréait, lui qui se faisait une fierté de ne jamais arriver en retard. Il regarda sa future qui avec un sourire enjôleur le détendit. Enfin, sanglé dans sa redingote l’édile arriva et vint se placer derrière la table de bois qui servait d’autel civique. Visiblement la chaleur le gênait, son visage rouge brique étincelait d’une ample suée.

Joseph grommela de le voir si mal, les chandelles vacillèrent et tremblèrent sous son souffle désapprobateur. Sa promise à coté de lui, n’était au contraire que sourire, âgée de 20 ans puisque née en 1785 à Amsterdam, elle n’avait pas la même expérience de la vie mais mourait du désir de la découvrir dans ses bras. Anne Élisabeth avait rencontré Jacques Joseph dans un salon de cette ville de garnison. Close sur elle même, inondée d’un monde militaire en fusion, abritée des fureurs tout en étant susceptible d’être forcée par une descente des culs rouge de la perfide Albion les gens qui comptaient, se croisaient et s’y recroisaient au rythme des affectations de chacun.

Mademoiselle Guillobé, fille du négociant armateur Nicolas fut immédiatement séduite par la haute prestance et l’aura que dégageait un officier supérieur. Bien entendu, elle ne brava pas le carcan des convenances en l’abordant directement mais fit en sorte de se trouver devant lui au détour d’une conversation. Il ne fut pas certain que le vaillant guerrier qui se jouait des femmes et qui en pressait un grand nombre dans sa couche ai eu un intérêt quelconque pour cette oie blanche aux traits de cire, sanglée dans une robe de provinciale. Certes les voiles transparents  à la mode de Joséphine, de la Récamier ou de la Tallien n’avait plus cours mais la raideur vestimentaire de la bourgeoisie rhétaise l’ennuyait à mourir. Mais soit qu’on lui susurra que le parti était bon et qu’une femme dans un foyer n’obligeait guère à une abstinence extra conjugale ou bien que son joli minois finit tout de même par le séduire, il lui fit une cour pressante.

Lui que sa maigre solde de major ne mettait jamais à l’abri, fut tenté par la dot de la fille d’un armateur. Bien que l’armement se fit plus difficile depuis que les croisières anglaises infestaient les pertuis, la famille ne sombrait pas dans une malencontreuse pauvreté. Il fit sa demande et Nicolas Guillobé se trouva enchanté de se lier à une personnalité ayant l’écoute du pouvoir en place. L’affaire fut rondement menée, une belle dot pour mademoiselle et une aisance familiale pour l’épousant. Certes Nicolas fut un peu contrarié que Jacques Joseph ne fusse pas encore général où colonel de son régiment, mais ne doutant guère d’une promotion possible il agréa l’union de la belle avec le guerrier couturé de mille cicatrices.

Même si Jacques Joseph n’avait pas encore gagné son bâton de maréchal, son parcours fait de vaillance, suscitait l’admiration. Engagé dans les volontaires du département du Jura en 1792 il devint l’un des capitaines du premier bataillon, après son élection par les troupes.

Il participa ensuite avec l’armée du Rhin au siège de Mayence, intrépide et allant toujours de l’avant, il fut blessé d’un coup de sabre à la jambe droite. Mais qu’à cela ne tienne il reprit vite sa place au combat .

En juillet 1793 après la reddition de la place avec armes et bagages il s’en alla combattre les brigands de Vendée. En septembre il fut gravement blessé près de Cholet.

La gravité de sa blessure l’éloigna pendant 3 ans. Il se morfondit et ce ne sont pas les conquêtes féminines qui apaisèrent sa soif de gloire.

Pendant le directoire il fréquenta un peu les salons dépravés du directeur Barras et croisa un général famélique aux dents longues. Ils entretiendront une passagère amitié dans les nuages des capiteux parfums des femmes faciles.

Pendant que lui cicatrisait ses plaies d’autres devenaient généraux. Il entra ensuite au service du général Malet comme chef d’état major à la 6ème division militaire basée à Besançon. C’était comme un retour aux sources.

Bien que fasciné par Bonaparte, il était encore partisan d’une république épousant en cela les inspirations du général Malet.

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