PAR LE REGARD D’UNE FEMME, ÉPISODE 5, LES YEUX DE LA FEMME QUI DÉSIRE.

 

Mon père occupé a désaltéré son veuvage, ma sœur mariée, de nouveau mère et exilée dans le canton voisin j’étais devenue une orpheline à peu près libre de la marche de ma vie . Mon corps s’était libéré peu à peu du carcan de ma jeunesse je n’étais plus une brindille qui se plie au vent, une fleur sauvage de fossé, j’étais devenue une plante dont la culture arrivait à point.

Je sentais en moi une force vive que rien ne pouvait arrêter. Il émanait de mon être comme une aura subtile qui faisait que je prenais tous les garçons dans les rets de ma sensualité. Le père qui enrageait de me voir courtisée comme une basse dame me traitait de foutue femelle. Il avait tort car rien dans ma conduite ne méritait une telle épithète.

J’avais eu quelques aventures bien sûr non menées à terme avec deux garçons. L’un m’avait raccompagnée plusieurs fois et je l’avais récompensé de son assiduité en lui offrant la virginité de ma bouche. Cette joute linguale m’avait transformée à jamais, j’étais rentrée à la maison les jambes tremblantes et mon ventre tout chamboulé. J’avais eu l’impression que le haut de mes cuisses s’était mué en un foyer de braises ardentes. Il m’avait fallu une force de volonté inouïe pour ne pas me donner.

Avec un autre garçon l’aventure avait bien failli aller à son terme et ce fut un hasard malheureux pour que je ne devins femme ce jour là.

Tout concourait d’ailleurs à cet accomplissement, l’homme me plaisait infiniment et mon désir d’amour était suffisamment fort pour que je puisse lui abandonner une partie de moi même.

Je l’avais laissé rentré chez moi en l’absence du père, nous nous étions assis sur mon lit et la suite est de la narration érotique. Après que sa bouche eut enflammée mes sens il avait conquis avec sa main mon territoire inconnu. Millimètre par millimètre ma peau avait été caressée, je n’étais déjà plus moi même alors que ses doigts effleuraient à peine mes cuisses. Je sentais son souffle chaud et sa respiration courte, le parfum puissant de son corps appelait à l’abandon. Je n’avais pas osé encore le toucher quand il positionna ma main sur son torse. Je ne calculais rien, ne réfléchissais plus, mon corps se donnait, mon sexe se trempait d’une chaude rosée. J’étais presque dénudée, offerte à sa vue, en sa possession. Lui je le sentais, n’avait plus que l’unique obsession de me posséder. Il était entrain de baisser son pantalon quand j’entendis le chien aboyer. Je remis de l’ordre à ma tenue immédiatement et mon amoureux se reculotta et refoula précipitamment le panet de sa chemise.

Mon père nous trouva innocemment assis chacun à notre bout de table en pleine discussion anodine. Il sortait de l’auberge et n’avait pas les idées très claires, il ne remarqua pas mon rouge aux joues, mes boutons de chemisier que j’avais fermé, lundi avec mardi, le lit froissé et la chemise de mon amoureux mal remise sur son séant.

Par contre j’ai bien eu peur que le père ne m’offre en mariage. Il multiplia les coups de blanche et interrogea longuement le pauvre garçon en pleine débandade.

Autant vous dire que je n’en menais pas large car de mari je n’en voulais point et ce que nous avions commencé de faire n’était qu’une simple envie de femme et d’homme. Il avait mis le feu à mon corps mais pas à mon cœur. Cela avait dévoilé en moi un appétit de choses ignorées, une irrépressible envie de prendre un homme et de me faire prendre par lui.

C’était je le savais un jeu dangereux et ma sœur pouvait en témoigner mais à voir et à entendre les ragots et les bavardages de chacun et chacune il était évident que ces choses étaient l’une des préoccupations principales de l’être humain.

Cette expérience ne m’ encouragea  pas à pousser plus loin mais je sus dès lors que mon corps féminin pouvait réagir à ce genre de chose. Je n’avais pas de terme pour exprimer ce que j’avais ressenti contrairement aux hommes qui se glorifiaient de la chose par une somme d’épithètes plus expressifs les uns que les autres. Ces caresses volées furent le début de l’ efflorescence de ma féminité, rien ne fut pareil, rien n’eut le même goût.

J’avais fait ce que réprouvait la communauté, mais j’avais fait ce que faisait la communauté. C’était une sorte de non dits, sérieux et sérieuses jusqu’au mariage et la nuit de noces, jusqu’au viol conjugal en quelque sorte. C’était une aimable plaisanterie, l’envie de l’autre s’épanouissait bien avant d’être passée chez le notaire et le curé. Il fallait bien se satisfaire et sortir en toute clandestinité de ce carcan.

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