UNE PROSTITUTION PROVINCIALE OU LES SŒURS DE LA RUE SAINT THIBAUD, ÉPISODE 6, la putain

Les deux sœurs encagées derrière les haut murs méditent leur avenir.

Joséphine sort avant sa sœur et reprend une vie normale, elle redevient lingère et semble se tenir loin de toutes offrandes de son corps.

Pour Julie il en est différent, le ver est dans le fruit et ce n’est pas la fréquentation des bas fonds provinois qui purgent comme elle leur sentence qui vont la faire rentrer dans le droit chemin.

En sortant elle ne sait où aller, son mari le salopard a foutu le camps à Meaux, si elle osait elle irait le remuer ce sans couille. Si il était moins veule, il la soutiendrait et elle travaillerait pour lui. Mais ce bon à rien préfère gâcher de la terre et manier des moellons que d’avoir une chemise propre et les ongles faits.

Mais finalement ce n’est pas grave, elle s’abouche avec la veuve Boyer. Cela a été simple comme bon jour, les deux autour d’un bon repas s’organisent.

La veuve est blanchisseuse cours Pernelles, elle a 55 ans, ce n’est pas elle qui officiera.  Même si elle ne dédaigne pas de le faire elle a tout de même passé l’age de le faire de façon professionnelle. Par contre avec sa gouaille elle est fort capable de racoler les clients et de les ramener chez elle afin que Julie s’en occupe.

Le manège ne dure guère, le policier Vaillant veille à sa ville et Julie ne sait pas s’assurer par une gâterie une quelconque protection policière.

La veuve qui vient sur le banc de l’accusé a déjà une quinzaine de condamnations, alors aucune indulgence, elle fera 1 mois et payera les frais de justice.

Julie s’en sort pas trop mal, le juge est indulgent et la laisse libre.

Elle aurait sans doute pu reprendre un cours de vie normale, mais Julie est déjà marquée par une sorte de fatalité. Elle retourne à ses travers, puis disons le, l’argent est facile, Provins est une ville de garnison. Elle a une large clientèle, tout le monde la connaît et des dortoirs aux chambres particulières des officiers on se gausse de se l’être payée.

Elle tapine un peu partout, en ville à la sortie des auberges, au bas de la rue Saint Thibaud, pendant la foire Saint Jean. Elle va aussi traîner vers la caserne où pourtant les sentinelles de faction ont l’ordre de chasser les ribaudes.

Julie a son succès, elle est dans la plénitude de sa beauté, sa carnation est parfaite et malgré sa petite taille l’on se battrait presque pour la posséder un instant. Puis elle n’est pas exigeante, certains se soulagent avec elle le long d’une borne ou d’une porte cochère d’autres plus sophistiqués l’emmènent dans leur chambre. Elle n’a pas de spécialité Julie, mais pourvu qu’on paye, elle est ouverte à tout.

Bref c’est un scandale permanent et peu de mères de famille souhaitent que leurs enfants tombent sur un tel spectacle, les plaintes afflux.

Elle n’a pas de domicile fixe, dort chez l’un, baise chez l’autre. Elle fréquente un peu sa sœur Joséphine qui parfois lorsque le désespoir ou que la police se fait plus pressante; l’héberge pour quelques semaines.

Avec les autres membres de la famille c’est plus compliqué, la plus jeune fille Blondelot est partie à Paris comme domestique, elle est dans une bonne maison alors si tout va bien elle ne sombrera pas comme ses aînées.

Les garçons ne la regardent pas, Alphonse crache même quand il la croise. L’autre jour elle a vu sa mère avec le petit dernier qui s’appelle Jules. Elle a pris un coup de vieux avec cette maternité tardive. Julie ne cache pas son dégoût, comment peut-on être aussi maladroite, avoir un enfant à quarante huit ans.

Les deux femmes se toisent un moment, sans parole, si les yeux étaient des bras, ce serait une rude empoignade. La mère aimerait foutre une danse à cette effrontée qui leur cause du souci et salie toute la famille, Julie elle aimerait malgré sa haine, prendre sa mère dans ses bras et pleurer dans son tablier. Elle voudrait redevenir enfant et que sa maman la berce, la coiffe, la corrige et surtout s’occupe d’elle. Il n’en a rien été c’est dommage, la mère de famille dans cette économie de subsistance n’avait que le temps de nourrir pas d’éduquer.

Laisser un commentaire