LES SŒURS DE LA RUE SAINT THIBAUD, ÉPISODE 5, la Julie

La Julie,  comme tout le monde la nomme; est une jolie poupée de seize ans qui passe pour une sacrée délurée.

Son éducation de femme a été faite par sa sœur lorsque cette dernière lui racontait ses rencontres et ses amours avec Jollet et les autres. La petite s’était nourrie de la sexualité de sa sœur, cela les faisait bien rire toutes les deux lorsque sous la couette Joséphine se confiait. Elles en retiraient un plaisir certain et certainement ambigu. Dans leur trouble nudité les deux sœurettes jouaient les coquines et gageons que sans aller dans les profondeurs de l’inceste elles y trouvaient un notable plaisir.

Non, Julie avait fait ses armes plus prosaïquement avec un dragon du 22ème régiment. Elle lui avait laissé son voile, là bas dans un fossé près de la poterne Faneron. L’endroit passablement en friche avait abrité des regards, son premier amour.

Enfin entendons nous bien sur la définition, elle s’était retrouvée le cul à l’air et lui la culotte en bas, il lui avait fait son affaire militairement parlant. En avait -elle éprouvé une jouissance quelconque c’est fort improbable, alors elle recommença, avec le même, puis avec d’autres.

Le nombre augmentant elle eut l’idée de se faire offrir quelques cadeaux, après tout, ils avaient leur compte elle pouvait bien avoir les siens.

Ensuite elle rencontra Mélique et se fut comme un coup de foudre, il décidèrent de se marier, lui en avait l’age et elle un peu moins mais bon l’amour tenaillait les deux amants et ils en avaient marre des rencontres furtives et brèves.

Le 7 octobre 1878 les voilà mariés, Joséphine assiste à la noce, les parents baissent un peu la tête mais l’alcool aidant on s’embrasse et on se réconcilie.

Mais rapidement le couple va se désagréger. Julie qui avait aimé cette vie faite d’hommes a des velléités de la reprendre. Cela se fait naturellement, un après midi chez sa sœur Joséphine, il y a un homme qui s’appelle Louis Vrinat. C’est un bel homme d’âge mur, manouvrier de son état , mais Julie se dit qu’à voir ses mains cela fait longtemps qu’il n’a pas œuvré.

Sa sœur devant lui minaude, joue les vierges effarouchées, roucoule, tourne son popotin. Il est beau parleur, les charme, le reste ne sera que détail.

Il devient l’amant des deux, mais décidément Joséphine choisit toujours les mauvais , un soir il lui met une volée et l’offre à un ami. Du client que l’on vous amène,  à la rue il n’y a qu’un pas. Joséphine maintenant bat le pavé et cherche le ribaud.

Julie qui n’est pas de la même trempe voit tout de suite le parti qu’elle peut tirer de tout cela. Elle relativise tout et considère qu’écarter les cuisses est moins fatiguant et plus lucratif que de trimer dans une ferme.

Mais tout de même racoler dans sa rue a quelques inconvénients, c’est un peu le faire devant sa famille. Joséphine s’escrime à être discrète d’autant que bon nombre de membres de son ex belle famille vivent rue Saint Thibaut, mais Julie elle se fait voir.

Sa tenue est légère, son langage est châtié, malheur à qui la regarde de travers ou même bien qui ne la regarde pas. L’autre jour elle a montré son derrière à des bonnes sœurs de l’hôtel Dieu. Cela ne peut continuer. Vaillant l’agent de police les arrête toutes , Joséphine, Julie, et Virginie Dromerel une domestique qui fait aussi quelques passes.

Bien sur le julot Louis Vrinat est aussi de la fournée.

Le jugement est sévère pour ce trouble à l’ordre public, Julie la petite cheffe de file aux cheveux blonds, la poupée d’un mètre cinquante, qui de ses yeux gris bleus  hérités de sa mère vous transperce et vous déshabille écope de 8 mois fermes, Joséphine sans doute considérée comme une sorte d’intermittente restera trois mois enfermée. Virginie l’autre comparse prend 4 mois et le Louis sera le grand gagnant en prenant un an.

La honte s’abat sur la famille, Alphonse le père n’ose même plus aller boire un godet avec ses compagnons couvreurs. Alphonse le fils s’enfonce dans la mélancolie et se dit qu’il ne trouvera jamais de femme à marier avec de telles sœurs.

Quand à Joséphine la mère, elle pleure toutes les larmes de son corps, la misère n’excuse pas tout, les temps sont durs pour tout le monde et toutes n’offrent pas leur corps. Elle même, n’a jamais envisagé quelque chose de se genre.

Mélique le mari qui comme un couillon ne savait rien a pris le large, on ne le voit plus guère et il ne va pas rendre visite à sa femme à la prison de Provins.

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