LE ROMAN DES MORTS, Épisode 40, la méprise

Les bonnes œuvres du maire

Gougaud qui se targue d’être un bon maire a décidé de visiter tous les infortunés qui ont perdu un proche.

La tournée risque d’être longue mais en ces mois d’hiver il est moins occupé à gérer ses terres. D’ailleurs celles-ci pour la plupart sont en fermages et il n’a qu’à s’occuper de la bonne rentrée de l’argent.

Il lui reste simplement en exploitation semi-directe la métairie qui se trouve à coté de la maison, mais Volcy est un homme sérieux et intègre, la moitié de tout c’est la moitié de tout il n’y pas à transiger là-dessus.

Il prévient donc sa femme Berthe qu’il va faire le tour de ses veuves, c’est un peu possessif comme expression, mais il se sent comme un père avec toutes ces jeunes femmes.

Il arrive de bon matin chez Émilienne, l’heure n’est guère avancée car il la surprend au saut du lit.

Le maire qui jusqu’ alors ne l’a vue que dans une tenue décente est surpris par sa beauté sauvage.

Ses cheveux cascadent, indomptables sur sa chemise de nuit. Ses yeux encore légèrement endormis sont une invite à la contemplation.

Sa poitrine généreuse saille de l’échancrure de son vêtement de nuit.

Gougaud se dit qu’il ferait mieux de revenir plus tard mais l’atmosphère qui règne au sein de cette pièce en désordre le retient. L’odeur forte de cette femme, le champs de bataille des draps du lit qu’elle n’a pas eu le temps de refaire. Même l’indécent vase de nuit qui point en dessous du grand lit l’attire et le force à rester.

Il se dégage de cette ambiance animale un érotisme qu’il est bien en peine de retrouver dans la couche de la vieille Berthe.

D’ailleurs c’est bizarre mais jamais, même au temps de sa jeunesse et au temps où sa femme n’était pas encore une vieille bourgeoise en bonnet de nuit qui tuait le désir, il n’avait ressenti une telle chose.

D’autorité il s’installe et demande des nouvelles. Émilienne est de plus en plus mal à l’aise, elle n’est pas en tenue pour recevoir un homme et ne sait pas comment faire pour écourter la conversation. Ses vêtements gisent sur une chaise et elle donnerait bien une belle aumône pour pouvoir se soustraire au regard maintenant concupiscent de l’officier municipal.

Comme elle s’efforce de lui répondre, lui est encouragé à rester. Il se croit au spectacle, elle n’est pas la Goulue n’y Polaire et il n’est pas Lautrec ou Degas.

Elle n’ose guère bouger, lui est très bavard. Une lanière de sa chemise se refuse à rester sagement sur son épaule. On dirait que l’un de ses seins demande à être miré par le visiteur. Elle se rajuste mais ce petit geste se transforme en une coquinerie aux yeux du vieux monsieur qui voulait des nouvelles.

Il déboutonne son veston, la visite va sûrement s’attarder, elle lui propose une goutte d’eau de vie, mais lui préfère le café qui se réchauffe sur le potager plein de belles braises.

Elle le sert et en profite pour attraper son chandail. Elle le pose sur ses épaules, au moins sa poitrine sera à l’abri des yeux fauves du maire qui maintenant fait la grimace en buvant le noir liquide.

C’est de l’ersatz de café réchauffé, rien de comparable à celui qui coule tous les matins dans les gorges de ces seigneuries les Gougaud.

Il ne vient pas d’un torréfacteur de La Rochelle mais d’un colporteur de ma maison du Caiffa.

La conversation s’éternise et Gougaud s’échauffe, il promet à Émilienne une aide directe si elle devient une gentille fille.

Elle ne comprend guère cette expression, car son statut de veuve l’éloigne fortement du vocable fille.

Il se lève et fait le tour de la table, elle n’est plus rassurée du tout et comprend tout d’un coup les intentions du maire.

Il lui saisit les mains en une supplique, il fera son bonheur et celui de son fils.

Il lui promet monts et merveilles en l’échange d’une connaissance biblique.

Il l’attrape par la taille, elle presque nue sent la sollicitude masculine du gros bourgeois. Elle tente de se dégager, mais son regard fou et son étreinte puissante l’en empêche. Sa bretelle a définitivement glissé et son mamelon s’obstine à vouloir sortir. Sa chemise est remontée sur ses cuisses, elle a peur.

Le temps est comme suspendu mais un élément oublié, un cri, le fils d’Émilienne et Alexandre appelle sa mère.

Le maire s’arrête immédiatement et se confond en excuses, il est confus perturbé et bientôt se sauve en abandonnant la veuve.

Émilienne ne sait quoi faire, il ne lui a rien fait d’ailleurs, juste prise dans ses bras, peut être serrée un peu fort, rien de méchant.

Elle décide donc de ne rien dire .

Le maire a oublié son chapeau, va t’-il venir le rechercher.

Gougaud rentre chez lui aussitôt , sa femme est surprise de le voir rentrer si tôt. Il lui dit qu’il est fatigué et qu’il va se reposer dans son bureau.

Quelques jours plus tard le chapeau est toujours là mais Émilienne apprend qu’elle va avoir une aide de la commune.

Le maire s’en veut, il a honte de son comportement, d’avoir voulu profiter de la détresse d’une femme ne lui ressemble pas, il voudrait revenir en arrière.

Il espère qu’Émilienne ne dira rien car sinon sa réputation de vieux sage et de père de la population chancellerait à coup sûr.

Mais alors qu’il est en train de regarder la ligne d’horizon marquée par la cime dansante des arbres qui bordent le ruisseau, il aperçoit la silhouette floue d’ Émilienne, la bretelle de sa chemise est enfin tombée et il admire subjugué les deux fruits qui s’offrent à sa vue. .

Berthe rentre et brutalement l’invective  » mais mon ami vous ne cessez de rêver devant cette fenêtre, venez donc dîner ».

Il n’a guère faim, mais il doit donner le change. Peut-être que Berthe ce soir acceptera de modifier le jour de ses entrées.

Il doit aussi envoyer Marie rechercher son chapeau.

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