Je me suis toujours demandé si dans une époque reculée les riches et les pauvres étaient touchés par la mort de la même façon.
J’ai donc tenté de répondre à mon interrogation en analysant les décès des différentes paroisses de la ville de La Rochelle pour l’année 1783.
Chaque paroisse de cette petite ville, fermée d’une ceinture militaire, comportait ses spécificités, les habitants s’y groupaient souvent par corporation ou pour le moins par types de métiers, »négoce, artisanat, monde maritime, paysannerie, bourgeoisie, monde ouvrier.
Bien sur ces paroisses n’étaient pas entièrement hermétiques et des pauvres côtoyaient des riches, la société n’était pas entièrement close.
Les beaux hôtels pouvaient jouxter des immeubles où s’entassait la plèbe, mais néanmoins comme actuellement certains quartiers, certaines paroisses étaient plus huppées.
La ville blanche était découpée en cinq paroisses :
Paroisse Saint Barthélémy, paroisse Saint Jean du Perrot, paroisse notre Dame, paroisse Saint Sauveur, paroisse Saint Nicolas.
La paroisse Saint Barthélémy est celle des beaux hôtels, et des belles demeures, mais par la porte neuve cette entité est aussi tournée vers la terre et vers l’extérieur.
La paroisse Saint Jean du Perrot est plus tournée vers l’océan, elle forme comme un îlot entre la mer , le port, la Verdière et le Lafond. On y rencontre beaucoup de marins et beaucoup de professions liées à un port.
La paroisse Saint Nicolas est presque une île, on y rencontre là aussi des marins et des artisans travaillant pour les industries liées aux activités portuaires.
La paroisse Saint Sauveur est liée au monde de l’artisanat et du commerce, mais le port n’étant jamais loin elle est aussi abondamment habitée par un monde hétéroclite de marins , de portefaix et de tonneliers.
Puis nous avons pour finir la paroisse la plus ancienne celle par où tout a commencé, ouverte vers les terres, campée légèrement sur une hauteur, artisans, fariniers, boulangers et tout un monde de passage attiré par le port et par le grand large.
Dans certaines paroisses , ils existaient des hôpitaux ou des dépôt de pauvres et aussi une prison. J’ai choisi de ne pas les inclure et de les traiter à part, car la plus part des gens qui y décédaient, n’appartenaient pas à la paroisse.
Pour la détermination des métiers, j’ai choisi celui du père ou du mari.
Voila les choses étant dites nous pouvons commencer notre étude.
PAROISSE SAINT BARTHELEMY
Hôpital Saint Barthélémy
Sur cette paroisse se trouve l’hôpital Saint Barthélémy, uniquement réservé aux hommes,il y a eu 162 décès pour l’année étudiée.
Établissement où étaient hospitalisés les soldats et les marins. Il est le plus vieux établissement de la ville puisque fondé en 1203 par un riche armateur Mr Aufrédy.
37 marins et 49 soldats ainsi que 4 prisonnier anglais, pour ces militaires aucune mention de l’age n’a été faite.
Pour les autres, l’age est mentionné et nous trouvons une moyenne de 32 ans ce qui est bien peu.
Leur profession est la plus part du temps manuelle et tous sont notés par les frères comme pauvres.
Pour exemple on compte 11 journaliers, 6 jardiniers, 5 domestiques et 5 tonneliers, les autres sont rouliers, charretiers, tailleurs, perruquiers, vignerons, cordonniers, couteliers, boulangers, maçons et aussi guichetier de la prison.
La plus grande partie de ces pauvres laborieux n’est pas de la paroisse de La Rochelle ni de son diocèse, car sur le nombre seulement 4 sont mentionnés comme natifs des environs. Les autres viennent de la France entière et aussi de l’étranger.
Hôpital Saint Étienne
Réservé aux femmes pauvres et malades, dirigé par les sœurs de Saint Étienne ou Forestière. Fondé en 1709 par une paroissienne nommée Anne Forestier ( protestante nouvellement convertie )
Il accueillait des femmes pauvres et malades et se trouvait au niveau de l’actuel magnifique café de la Paix.
9 personnes y décédèrent pour une moyenne d’age de 33 ans, la plus jeune 8 ans la plus vieille 64 ans.
Bien évidemment et là aussi les décédées ne sont pas de la paroisse.
Prison rue Chaudrier
Deux hommes et une femme sont morts en ces lieux , un homme 34 ans et la femme 48. Pour le deuxième homme l ‘âge n est pas mentionné.
Décès paroisse
Maintenant passons au cœur de notre étude à savoir les décès à domicile. Il y en eut 68.
La moyenne d’age est de 33,7 ans, ce qui est la moyenne des deux hôpitaux précédemment cités.
Égalité parfaite entre les hommes et les femmes 34 hommes et 34 femmes.
Sur 68 décès nous constatons une énorme mortalité infantile, car je recense 18 enfants de moins de trois ans.
Si la personne la plus âgée est un homme de 86 ans, la moyenne chez les femmes est plus élevée: 34,9 ans contre 32,7ans pour les hommes
Nous rencontrons dans ce quartier qui est rappelons le celui des grands hôtels, une part notable de négociants, courtiers, capitaines de navire, écuyers au conseil du roi, huissiers, procureurs, directeur chambre de commerce. Mais aussi bon nombre de laboureurs et de jardiniers qui sortaient par la porte neuve pour travailler sur les terres hors les murs, nous y trouvons aussi quelques métiers de l’artisanat, maréchal, loueur de chevaux etc.
Ancienne église Saint Nicolas ( maintenant hôtel )
PAROISSE SAINT NICOLAS
Comme je vous l’ai dit c’est un univers de marins, de charpentiers de marine, tout y fleur bon l’océan et la plus part des activités y sont liées.
Il y a eut 87 décès.
48 femmes et 39 hommes
La moyenne est de 31,28 ans
La mortalité des moins de 3 ans est effrayante car ce n’est pas moins de 30 enfants qui décèdent dans ce créneaux soit 34,4%
Ces morts précoces font évidemment chuter la moyenne car on y rencontre de vénérables vieillards, dont une veuve de charpentier de marine âgée de 91 ans et 5 autres qui meurent octogénaire.
La moyenne d’age pour les femmes est de 36,06 ans
Pour les hommes elle n’est que de 27,71 ans ce qui est fort peu même pour l’époque.
On peut déjà constater que la terrible mortalité infantile ne peut être compensée par ces quelques vieillards
A QUEL AGE MOURAIT ON DANS UNE VILLE AU 18EME SIÈCLE, LA ROCHELLE VILLE OCÉANE, SUITE
si je peux me permettre 1ou 2 remarques pour l’amélioration de cet article dejà fort intéressant :
– le métier, en tant que descripteur social, correspondrait à la catégorie socio culturelle ; mais il n’est pas entièrement fondé – vu qu’on peut etre pauvre ou riche dans un meme metier ( commerce de detail « patron d’hypermarché » et « épicier du coin » c’est différent)
– dans l’analyse statistique il me semble que dans une distribution trés déséquilibrée, par la mortalité infantile, on utilise des descripteurs plus précis qu’une moyenne qui n’a plus de sens, en calculant des moyennes hors extrémes par exemple . l’avez vous fait ?
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Vous avez raison, la mortalité infantile est elle qu’elle déséquilibre forcement la moyenne, mais je crois que c’est comme cela qu’on la calcule. Mais effectivement j’aurais pu faire un autre calcul à part. Pour les métiers la aussi vous avez raison, il est difficile de définir exactement le degré de richesse à partir de la profession ce n’est qu’un indicateur, car effectivement dans un même corps de profession les disparité peuvent être énormes. Mais les registres paroissiaux n’indique que le métier et encore pas toujours, ce n’est donc qu’une indication. De toutes façons les moyenne d’ages sont identiques dans toutes les paroisses et je ne crois pas finalement qu’il y eut une distinction entre riches et pauvres
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Peut être à cause de l’impact de la mortalité infantile… 😊😉
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Passionnant. Un peu la même remarque que ci-dessus : il serait intéressant d’avoir la moyenne d’âge hors mortalité des moins de 3ans
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Ping : A QUEL AGE MOURAIT ON DANS UNE VILLE AU 18EME SIÈCLE, LA ROCHELLE VILLE OCÉANE, SUITE | Arbre de vie
Bonjour et merci pour ce travail intéressant. Mais mon ancêtre rochelais est du XVII è s., connaissez vous aussi la Rochelle de cette époque ? Ou des pistes où chercher? En vous remerciant. A.Trévinal.
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