Mais pour l’heure ce qui agitait notre petite communauté fut que l’Augustin il avait engrossé une petite sans être marié. Si ce couillon avait fait attention nous n’en serions pas là déclara péremptoire la Madeleine. C’est que la bougresse était déjà fille naturelle d’une marie couche toi là.
De plus la Léopoldine comme de juste était sans le sou et la dot point grosse voir inexistante et comme l’Augustin n’était qu’un pauvre journalier la situation s’avérait peu confortable. D’autant que la diablesse avait déjà un petit bâtard de 3 ans qui courait dans ses jupes.
Ce fut la grande question, comme d’ailleurs elle se posait souvent, où ce couple chargé de famille allait il aller ? Dans le foyer Gréaume ou chez Joséphine Frébourg, car un foyer indépendant n’était guère envisageable aux vues des finances d’Augustin. Comme Justine allait mettre au monde notre sixième, Augustin et Léopoldine allèrent chez la Frébourg.
Ouf un de moins à la table commune.
En avril les douleurs de l’enfantement arrivèrent, comme pour les autres ce fut une formalité, vraiment Justine était faite pour mettre bas.
Nous l’appelâmes Edmond Albert.
Là encore quel tableau, Léon sein gauche et Edmond sein droit, Osithe qui avait deux ans et demi dut être rapidement sevrée ce ne fut point facile elle fut malade et on crut la perdre. Mais pourtant il fallait bien, Justine ne pouvait nourrir trois petits.
Ma Justine eut tout de même beaucoup de mal à assurer le labeur, sa mère qui n’était plus que l’ombre d’elle même au métier de tissage prenait sur elle les tâches ménagères. Mais il n’empêche pour le sein elle devait bien s’arrêter de tisser.
C’est aussi après cet accouchement qu’elle prit un peu de poids, ses seins étaient énormes, bon ça je ne m’en plaignais pas , mais ses hanches s’élargissaient et son ventre devenait pour le moins volumineux.
Dans notre chambre il y avait des enfants partout, Édouard avait prit place dans le galetas d’Augustin mais avait peur et pleurait toutes les nuits. Je dus me fâcher et lâcher de la ceinture, nous n’avions pas le choix les lits manquaient, Justine dormait avec Osithe et dans la même couche nous avions mis tête bêche notre fils Henri
Léon dormait avec nous et bien sur le nouveau vermisseau dans le berceau.
En cette année 1856 je repris les nuits au pacage sans avoir de nouveau goûté à Justine, elle ne voulait pas, son retour n’était point effectué qu’elle me disait. Je repartis au vrai un peu déconfit de cette rebuffade, mais la tranquillité de ma cabane, sans cri, sans pleur , sans ronflement valait bien après tout une courte abstinence. Mais avouons le, je fuyais mon foyer.
Un soir après avoir déplacé mes claies dans un nouveau champs, je décidais de rendre visite à ma petite famille, les chiens garderaient le troupeau quelques heures. Les petits me firent la fête d’autant que j’avais sculpté quelques petits animaux en bois et que je leurs avais offerts. Justine semblait soucieuse et il faut bien le dire guère amoureuse. Ses parents se couchèrent rapidement mais elle fit durer le temps. Moi le temps j’en avais pas, je lui soulevais le cotillon, la basculais sur le lit et je prenais ce qui m’était dû.
Je repartais seul dans la nuit, un peu penaud. Avec Justine l’amour allait fuir doucement mais inexorablement.
D’autant que comme d’habitude son ventre s’arrondissait, elle devint énorme et ne pouvait plus se traîner. Bon autant dire que sept enfants n’était pas un record et que Justine n’avait pas encore trente ans., comment faire. Son seul rempart à la fécondité était de se refuser à moi et cela moi je ne le tolérerais pas.
Jean Eugène naquit le 28 mai 1857, tout de suite on vit qu’il était un peu chacrot et on en tira de vives inquiétudes. Moi égoïstement je repartais au pacage, j’étais tranquille, de toute façon Justine me faisait comprendre qu’un enfant conçu dans le mal ne pouvait qu’être de santé précaire.
Le mal, le mal c’était vite dit, une femme se devait à son mari et il n’y avait rien à redire là dessus
Un malheur n’arrivant jamais seul, ma belle mère usée par des années de labeur se coucha pour ne plus se relever. Seulement elle fut dure à finir et ma Justine chargée d’enfants, de tâches ménagères, car c’était maintenant elle qui les assumait entièrement devait s’occuper de sa mère. Ce fut terrible.
Madeleine ne pouvait plus manger seule, et c’est Édouard mon aîné qui se chargeait de cette corvée, grabataire elle se faisait dessus et là seule Justine pouvait s’en occuper. Cela dura des mois. Le Florentin à part devant son métier à tisser on ne le voyait guère. Je vous expliquerai cela plus tard.
En février paix à son âme la vieille bique nous quitta pour de bon, on lui fit un bien bel enterrement mais personne ne la regretta. Ma femme respecta les coutumes, voila notre seul miroir, jeta l’eau qui se trouvait dans les cuvettes, ainsi l’âme de Madeleine pourrait s’en aller. A son corps décharné on fit une grande toilette ce qui avouons le ne lui était pas arrivé souvent. On l’accompagna au cimetière de Bec sur Mortagne où elle fut la première de la famille à être enterrée là bas.
Lors du convoi funèbre je m’aperçus que Justine avait du mal à suivre et que sa silhouette déjà massive prenait une forme que malheureusement je reconnaissais entre mille.
En rentrant je lui posais la question au sujet de ses menstrues, elle m’avoua qu’elle ne les avait plus depuis un moment. J’éclatais en imprécation et je faillis ce jour lui mettre une torgnole. Le soir on ne vit point le père de Justine, nous étions entre nous cela ne nous était jamais arrivé, Mais que je vous résume, Edouard 9 ans, Justine 8 ans, Henri 6 ans, Osithe 5 ans, Léon 3 ans, Edmond 2 ans et Jean 1 an. Une belle tablée de moutards. Justine avait préparé une bouillie et tout le monde se coucha rassasié. Justine était inquiète pour son père, moi je savais où il se trouvait, mais je ne pouvais décemment lui dire que son père se trouvait entre les cuisses d’une autre femme.
Merci pour ces épisodes de la vie courante et dure de nos ascendants ,c’est que du plaisir le matin de découvrir l’épisode du jour
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Des mots justes, pour décrire la vie quotidienne de nos ancêtres. Ĺeur souffrance apaisée par la douceur et justesse du ton employé. Merci à vous
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