L’AGONIE DE JEANNE OU LES DANGERS DES GROSSESSES GÉMELLAIRES

 

Lorsqu’en ce début d’année 1806, Pierre Durand et Jeanne Rossignol, journalier et journalière se retrouvèrent à faire des galipettes dans les marais de Saint Michel en L’Herm ils ne pensaient pas que le destin venait de frapper à la porte de leur jeune vie.

Puisqu’ à la tentation ils avaient cédé, ils ne se génèrent plus guère pour la gaudriole. Hélas la belle était fertile et dans ce jeune corps se développa une petite graine.

Pierre était sérieux et pensa à régulariser la situation, accord de la famille, préparatifs, publication des bancs, il fallait faire vite car Jeanne s’arrondissait fortement.

Les deux amants se marièrent en l’église de saint Michel en L’herm et bien sur devant Monsieur le Maire René Jaulin. Un peu serrée dans sa robe, un peu fatiguée par les coups de pieds de son futur enfant, tous lui prédisaient un gros bébé tant son ventre était énorme.

Dix jours après les noces, elle entra dans les douleurs de l’enfantement, l’accouchement fut long et douloureux, la sage femme faisait du mieux qu’elle pouvait et les femmes du voisinage soutenaient la parturiente. Après une lutte âpre et douloureuse, ce fut la délivrance, une petite fille apparut sur les 3 heures du matin. Petite et point vaillante ayant juste poussé un petit cri, les femmes lui portèrent soins et revinrent auprès de Jeanne qui visiblement n’en avait point fini. Trois heures après un autre bébé arriva. Pas plus gros que le précédent c’était un garçon que l’on nomma Jean.

La joie fut de courte durée, Jean petit et malingre succomba en premier le 16 décembre 1806, sa sœur jumelle Marie mourut le lendemain.

Jeanne était effondrée, moralement atteinte et physiquement abîmée , pourrait elle encore donner un garçon à son mari.

Finalement très solide, elle se remit rapidement et autorisa son Pierre a lui témoigner de l’affection.

Décidément très fertile, son ventre s’arrondit et ses seins devinrent lourds. La grossesse lui fut pénible et n’arriva pas à terme.

Le 11 décembre 1807 au soir, Jeanne s’allongea sur son lit de souffrance, les mêmes personnes se trouvaient dans la chambre.

A demi assisse, les reins surélevés par un oreiller, les jambes écartées et maintenues par les voisines, la matrone pouvait officier. Hélas c’était encore des jumeaux et l’accouchement devint rapidement difficile. Jeanne souffrait atrocement et ses hurlements faisaient trembler Pierre qui attendait dehors avec son frère André . Jeanne était exsangue lorsque la sage femme réussit à extirper le premier bébé. Après plusieurs heures de travail Pierre naquit à 5 heures du matin mais Jeanne n’en avait pas encore terminé et il fallut souffrir une heure de plus pour que la petite Marie apparaisse.

Les deux bébés étaient très faibles et très petits, l’entourage des deux parents était inquiet. Mais si le sort des enfants jumeaux était emprunt de fatalisme l’état préoccupant de leur mère troublait davantage.

La pauvre Jeanne perdait du sang, la fièvre était montée et seul un râle sortait de sa bouche tordue par la douleur.

Elle entra en agonie et expira à minuit le 12 décembre 1807. Elle avait déjà perdu connaissance quand le petit Pierre avait rendu l’âme sur les coups de onze heures du soir.

Mais la faucheuse ne s’arrêta pas dans sa sinistre besogne, elle emmena la petite Marie alors que la première heure du 13 décembre venait de terminer.

Pierre plaça les deux petits anges à coté de leur maman et commença une triste veillée funèbre.

Sur son lit de misère devenu son lit de mort, les traits de Jeanne se détendirent, elle redevint belle et l’on cru qu’elle souriait.

2 réflexions au sujet de « L’AGONIE DE JEANNE OU LES DANGERS DES GROSSESSES GÉMELLAIRES »

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