Lorsque l’on fait de la généalogie, on est amené à découvrir des secrets de famille bien cachés. La vue d’ensemble des registres, des sites de données et des arbres en ligne nous permettent de visualiser les situations avec un recul que n’avaient pas les principaux intéressés.
Je m’en vais donc vous conter une petite découverte, pépite généalogique qui permettra un jour qui sait, à une famille de retracer son parcours et à compléter leurs chaînons manquants.
Suzanne Besselievre petite fille de 7 ans née au Havre en 1884 se tient fièrement sur le quai, il fait froid mais elle n’en n’a cure. Elle tient dans sa petite menotte la main rugueuse et calleuse de sa grand mère Marie.
Sur les pavés mal joints de l’avant port, les marins s’affairent, les filets et les caisses à poissons partout encombrent, les charrettes amenant les provisions attendent leur déchargement, les chevaux piaffent d’impatience.
Jules Besselievre est l’un des marins qui s’affairent, son bateau est bientôt prêt à lever l’ancre et à hisser les voiles.
Du pont il aperçoit sa petite fille et sa mère, à peine un regard, aucun signe, l’homme est dur, habitué aux longues absences, il n’aime guère les effusions sentimentales d’un départ.
Pourtant ce voyage à un goût particulier, il est le premier qu’il effectue après la mort de sa femme le 10 janvier 1891 précédent. Il sait pouvoir compter sur sa mère pour la garde de sa petite.
Sa défunte femme répondant au jolie nom d’Osithe Orange ne lui avait apporté que bonheur, à chaque retour de mer il retrouvait la douce tiédeur de sa couche et la tendre douceur de ses mains.
Elle lui faisait oublier pendant les brefs instants ou il était à terre, la réalité cruelle de la vie en mer.
Il aimait évidement retrouver sa fille qu’il caressait de ses mains de fer et qu’il faisait sauter sur ses genoux, mais depuis la disparition de sa femme les choses avaient changé. Il se sentait seul et l’aventure en mer lui laissait un goût amer. Mais c’était son métier il lui fallait pourtant repartir.
Âgé de presque 40 ans, Jules Achille Besselievre était né le 23 janvier 1852 à Ingouville, village maintenant englobé dans la ville du Havre, son père marin comme lui était mort depuis longtemps. Sa mère s’était remariée avec un paisible employé des chemins de fer. Il demeurait avec Osithe au 95 rue de Perry. Sa mère et son beau père habitaient non loin de là au passage des moulins près du port.
La petite pleurait chaque jour sa mère et le départ de son père n’arrangeait rien à l’affaire. L’amour que lui portait la rude Marie Maillard ne comblait pas celui de sa maman.
Puis le bateau s’éloigna du quai, elle sortit son mouchoir et l’agita, aucun geste ne lui répondit mais elle lui sembla voir son père sourire.
Elle ne le revit jamais et pendant de longues années elle fit station sur le quai, les yeux embués de larmes dans l’attente d’un hypothétique retour du père aimé.
Mais aucune nouvelle ne lui parvint, était il mort, noyé dans les mers incertaines, dans quelle infortune s’était il aventuré ?
Ses compagnons de mer rentrèrent, interrogés ils restèrent bien vagues dans leurs déclarations.
Le bateau n’avait pas coulé, il n’était pas tombé en mer. Elle ne put rien obtenir d’autre.
Les années passèrent sans lui, le souvenir de sa silhouette s’estompa.
Devenue femme elle épousa un employé des chemins de fer nommé Albert Didier.
Nous étions en 1909 dans la ville de Saint Germain en Laye. Marie, la grand mère, ne put assister à la cérémonie en raison de son grand âge.
Elle dut déclarer aux autorités que l’adresse de son père lui était inconnue et qu’il avait disparu de sa vie voilà fort longtemps. L’ officier d’état civil de l’époque ne fut guère regardant et consigna cette absence de renseignements dans l’acte de mariage.
La vie continua sans son père et elle aussi fonda une famille
Elle mourut très vieille en 1965 et resta dans l’expectative tout le long de sa vie, regrettant de n’avoir su.
Hors donc en ce mois d’août 2017 mes recherches sur la famille Besselievre avançaient à grands pas.
Ma défunte femme Nicole Besselievre pure Rochelaise avait comme arrière grand père un nommé Jules Achille, ce brave homme marin comme tant d’autres dans la blanche cité venait d’un village de Normandie appelé Ingouville, il avait convolé en 1895 en justes noces avec une demoiselle de la ville.
Mariage régulateur de situation car le fougueux marin avait engrossé la belle Estelle Marmagne dix huit mois auparavant.
Amour réel où amour d’un soir, notre Jules le Havrais puisque c’est de lui dont nous parlons resta donc sur La Rochelle. Bien obligé de déclarer qu’il était veuf, se vanta t’ il pour autant d’avoir déjà progéniture et qu’une petite fille l’attendait dans les brumes normandes.
La tradition familiale n’eut pas connaissance de ce fait et Jules Achille et Estelle Marmagne eurent 4 autres petits Besselievre.
Secret de famille ressortit d’un vieux grimoire qui peut être permettra un jour à une famille de retrouver un lien avec son passé.
La descendance de Jules Achille est fort nombreuse, mais il me serait plaisant de connaître celle issue de la petite fille abandonnée au Havre.
très belle histoire que celle qui vous a fait découvrir ce secret il vous restera maintenant à trouver la destiné de cette autre famille laissée par un jour sur le quai d’un port !
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