Cela correspond à la diffusion du tréponème dans l’ensemble du corps par la voie sanguine. Ce phénomène peut durer de quatre mois à deux ou trois ans. Ces irruptions sont multiples et apparaissent un peu partout sur le corps et dans les muqueuses. Ces palpules sont très contagieuses sur une petite égratignure, plaies ou simplement sur un simple grattage.
La syphilis est également congénitale et se transmet de la mère au fœtus impactant ainsi l’ensemble de la famille.
Adrienne la belle de nuit de la rue des mousses à transmit ce beau cadeau à notre marin en virée qui lui l’a donné en cadeau de mariage à sa belle paysanne à la dote si avantageuse.
Malheureusement ce tréponème venu de la nuit des temps va à son tour pénétrer par voie transplacentaire dans le sang du petit être.
La grossesse se passe bien et son ventre grossit, au début elle arrive à concilier son travail de servante de ferme avec sa gestation. Mais des douleurs persistantes l’obligent pour un temps à se reposer.
Le bouton qu’elle avait dans son intimité est parti depuis longtemps mais elle aussi à son tour son corps se couvre de bouton, en son état de faiblesse s’est encore pire que pour son mari, elle en a partout. Les médecins sont impuissants et fort inquiets.
La maladie s’est propagée et il y a fort à parier que le mal soit passé chez le bébé.
L’accouchement arrive et ce qui survient n’est guère réjouissant, c’est une petite fille mais toute rabougrie, difforme serait même le mot juste.
Le médecin accoucheur prévient que l’enfant ne vivra guère et c’est tant mieux car ce petit être ne pourrait être qu’au mieux un phénomène de foire.
Deux jours plus tard la petite Marie décédera.
La vie reprit son cour, Louise n’avait plus de chancres ni de pustules et le corps de Charles était quand à lui redevenu d’une beauté qui ma foi ne laissait guère indifférente sa femme.
Des enfants il y en aurait d’autres.
La syphilis se transmettait de la mère à l’enfant par le placenta, elle entrainait des malformations congénitales des avortements et des accouchements prématurés qui à l’époque était évidemment mortels.
Le fœtus est surtout contaminé dans la deuxième partie de la grossesse, les risques sont plus élevés en fonction du degré et de la date de contamination de la mère.
Cette voie de transmission non visible faisait de nombreuses petites victimes, ceux qui survivaient, pouvaient développer avant l’age de deux ans des lésions cutanées, osseuses et des troubles hématologiques.
La syphilis congénitale tardive apparait après l’âge de 2 ans, elle est le plus souvent asymptomatique, mais elle peut entraîner des séquelles.
Le couple Louise et Charles reprit leur activité de couple mais jamais il n’eurent d’autres enfants ou plus précisément jamais aucune grossesse ne fut menée à terme.
Louise malheureuse rendait sont mari responsable de ce qui leurs arrivait, de fait elle n’avait pas tort, c’est bien lui qui avait introduit la maladie dans le couple.
Mais bon aucun lien de cause à effet, Louise avait le ventre sec et on disait que le Charles était bon à rien.
Quelques années plus tard Charles devint taciturne, irascible et constamment affecté de mauxs de tête, rien ni faisait, il devait rester immobile et dans le noir le plus absolu. Ce n’était guère facile pour un travailleur de la terre et l’efficacité de son labeur s’en ressentait.
Il avait également des troubles du comportement et dans des actes de démence il cassait tout chez lui, Louise seule pouvait le calmer. Mais la fréquence des crises augmentait et le docteur de Saint Sauveur consulté sut à quoi s’en tenir sur irrémédiable déclin syphilitique de Charles.
Il devint un pauvre hère, abruti par les céphalées, la bave à la bouche et inapte au travail.
Un beau jour il s’écroula dans la cour de la ferme .
Louise maintenant seule ne voulut point prendre le risque de se remarier et de nouveau transmettre la maladie, elle resta seule et résignée et devint à son tour une véritable valétudinaire, atteinte de problèmes de vue, de maux de ventre, de palpitations mais aussi de migraines lancinantes.
Elle s’éteignit dans son lit quelques années après son marin, cultivateur.
Ce mal Français ou mal de Naples leur avait mangé la vie, Adrienne par son action bienfaitrice a contaminé des centaines de personnes, par transmission directe alors qu’elle se savait contaminée et par transmission indirecte comme une chaine de vie mais à l’envers.
Comme on vient de le voir la maladie a donc trois phases, la dernière intervenant de façon variable entre trois et quinze ans après l’apparition du premier chancre.
Contrairement a ce que pensait Louise, elle aurait pu se remarier car la contamination n’est plus effective dans la troisième phase.
Comme on l’a vu les atteintes peuvent être neurologiques (on parle de neuro-syphilis), cardiaques, hépatiques, digestives, rénales, laryngées, oculaires.
Actuellement, la syphilis se traite fort bien, mais plusieurs millions de personnes sont encore contaminées de part le monde et il existe encore de nombreux cas en France.
Avant l’apparition de la pénicilline et des antibiotiques la maladie se développait jusqu’au stade trois, sans que l’on puisse y faire grand chose et menait irrémédiablement à la mort.
Il existe dans l’histoire de France de nombreux cas de syphilis avérés ou suspectés.
François 1er, notre roi galant mais vérolé et Charles Quint son rival, mais aussi une kyrielle d’écrivain et de peintres, Baudelaire, Flaubert, Shakespeare, Dostoïevski, Verlaine, Gauguin, Manet. Mais aussi quelques femmes comme Théroigne de Méricourt .
En 1860 la maladie aurait tué 120000 personnes en France en 1893 le célèbre Guy de Maupassant s’éteignait d’une paralysie générale due à une syphilis contractée seize ans plus tôt.
Il écrivait » J’ai la vérole ! Enfin la vraie, pas la misérable chaude-pisse, pas l’ecclésiastique cristalline, pas les bourgeoises crêtes de coq, les légumineux choux-fleurs, non, non, la grande vérole, celle dont est mort François Ier. ».
Ce fléau a fait l’objet d’une vaste campagne de prévention dans le monde et les autorités ont rapidement pris conscience du fléau qu’était cette maladie sexuellement transmissible.
Il y a fort à parier que dans nos arbres respectifs des décès doivent être mis à l’actif de ce chancre pernicieux, mais gageons qu’il était de bon ton de cacher son infortune.
Super récit, j’ai effectivement trouvé dans mes ancêtres deux individus mentionnés comme mort de la petite vérole par le curé sur l’acte de décès, une adulte et un enfant, Ceci entre 1770 et 1779.
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