Vandières et Chatillon sur Marne
Daniel était pour le moins un drôle de zigoto, né à Coulommiers petite ville de Seine et Marne en 1882 il était le 8ème enfant vivant d’un couple d’ouvriers agricoles.
Petit dernier de la fratrie, le travail agricole ne l’intéressait guère et une première petite condamnation pour outrage vint démarrer sa petite chronique judiciaire.
Il n’avait que 18 ans et l’affaire jugée au tribunal de Coulommiers ne lui valut qu’une amende de 25 francs.
Il n’empêche qu’il préféra s’engager au 18ème régiment de chasseurs à cheval, il y passa 4 ans devint 2ème classe et n’eut pas droit au certificat de bonne conduite.
Il n’avait pas eu le temps de finir son service qu’une demoiselle de Chailly en Brie se trouva grosse de ses œuvres. Il épousa Lucie Eugénie en 1906 .
L’armée ne l’avait guère assagi car une 2ème condamnation en 1907 lui coûta 50 frs, il ne s’agissait que de coups et blessures et bris de clôture mais enfin ce rejeton de la famille Tramaux ne pouvait rester tranquille.
La famille installée à Beautheil s’agrandit et 4 enfants se partageaient l’affection des leurs parents.
La tranquillité du couple se trouva bientôt troublée car en 1913 Daniel Trameau fut condamné à 3 mois de prison pour abus de confiance.
Vraiment cet arrière grand oncle n’était pas fréquentable.
Voila pour la présentation sommaire de notre futur héros qui était l’oncle du fameux Fernand notre zouave de la chronique.
Nous sommes en juillet 1918 les Allemand libérés du front Russe vont tenter de percer les lignes françaises une dernière fois
Lorsqu’il prit position le 3 juillet 1918 dans le secteur de Vandières le long de la Marne, Daniel savait que sa division, la 8ème du 4ème corps d’armée avait vocation au sacrifice. Les boches ne devaient pas passer la Marne. Affecté au 3ème bataillon du 115ème régiment sous les ordres du commandant Herique, enterré en lisière du bois Rarey il servait de couverture à l’assemble de la position.
Daniel pas plus que dans le civil n’était un bon élément dans l’armée, certes brave et courageux faisant son devoir, il n’était pourtant pas de ceux qui en rajoutaient tel son neveux Fernand un zouave fanatisé couvert de blessure.
D’ailleurs il avait pas mal bourlingué et changé souvent de régiment. D’un groupe spécial à la mobilisation ,il était passé au 169ème régiment d’infanterie, puis au 4ème , puis au 140 régiment territorial, puis enfin au 115ème.
La hiérarchie se méfiait de lui car nommé caporal le 1 septembre 1915 il avait réussit à se faire casser de son grade à peine 4 mois plus tard.
Jusqu’à présent il avait eut une chance insolente, pas une égratignure, pas une seule maladie, à peine quelques poux . Les bombes et les balles ainsi que les gazs l’avaient épargné. La campagne de la Marne, Verdun et le Cornillet n’eurent point raison de notre Seine et Marnais.
L’ éminence d’une attaque se faisait sentir depuis plusieurs jours et chacun anxieux en redoutait la venue.
Le 15 juillet 1918 à 0 h 10 un violent tir se déclencha, toute l’artillerie Allemande semblait s’être donnée rendez vous au même endroit. Les torpilles de gros calibre, les obus à araine ainsi que les obus à gaz s’abattaient comme une nuée de sauterelles sur les malheureuses tranchées françaises. Casqué de son Adrian et ayant positionné son masque à gaz, Daniel comme les autres faisait le gros dos en chiant dans son froc. La terre tremblait et se soulevait, enterrait et déterrait des morceaux de cadavres, la fumée épaisse empêchait les soldats de se voir, le bruit assourdissant abrutissait les poilus qui résignés attendaient la fin du matraquage. Des imprudents ou des malchanceux sans leur masque à gaz hurlaient de douleur, les poumons brûlés par l’ypérite. Les morts se comptaient par centaines.
L’artillerie Française contre balança celle des teutons et le duel se prolongea pendant de longues heures. Daniel ivre de bruit, de peur et de fatigue sentait encore que cette fois- ci il passerait à coté de la sanction finale.
Mal lui en prit de penser cela, la faucheuse l’a t’ elle entendu, qu’un énième obus tomba à proximité. Une violente douleur, de la terre dans la bouche, du sang chaud s’écoulant d’un plaie béante, Daniel Trameau n’était plus. Ses restes mortels furent dégagés quelques jours après que la dernière offensive Allemande de la guerre fut repoussée.
Il repose maintenant en paix au cimetière de Dormans dans la tombe numéro 36.
Dors tranquille oncle inconnu,
Mort pour la France, héros méconnu.
Pour que ton sacrifice soit reconnu
Je te ressuscite un instant pour que ta vie soit lue
PS : 1200 hommes du 115ème régiment périrent lors des combats de Vandières, bois de Rarrey et Chatillon sur Marne
Mémorial de Dormans ( Marne )