POUR QUI SONNE LE GLAS (UNE ÉPIDÉMIE EN CHARENTE 1855 )

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La lugubre musique se fait de nouveau entendre aux oreille de Catherine, alitée depuis 4 jours elle devine que le morne glas des cloches de l’abbatiale sonnera bientôt pour elle. Elle est très faible, la migraine ne la quitte plus depuis son malaise au lavoir.

    • Ma fille pour qui sonne t’ on aujourd’hui ?
    • Pour Jean Bouffanais, ma mère.
    • Oh ton père ne l’aimait pas
    • Le Jean il aurait bien aimé me marier.

Ces quelques paroles l’épuisent, Catherine retombe en léthargie.

Nous sommes le 03 octobre 1855, Catherine Thorin veuve Coculet (ou Coqulet ) dans sa demeure de la rue haute à Saint Amant de Boixe en Charente est au plus mal. Elle vit maintenant avec sa fille Jeanne ( ou Marie ) et son gendre Antoine Dussautour. La maison est joyeuse et pleine des enfants qu’ a eu le couple ( mais pas que ).

Jeanne est très inquiète de l’état de santé de sa mère qui âgée de 74 ans aura ,et elle le ressent beaucoup de mal à réchapper à l’effroyable épidémie qui sévit dans la région.

Le médecin de Montignac Mr André Dumaine arrive justement avec sa carriole pour visiter Catherine. Le médecin de Saint Amant de Boixe, touché par l’épidémie, n’est plus en état d’effectuer sa mission.

Gravement le docteur examine la faible vieille dame, cette dernière est à peine consciente.

  • Jeanne depuis quand ta mère est telle prise par le mal?
  • Depuis 3 jours docteur, elle a fait un malaise au lavoir et a eu des crampes terribles, des voisines l’ont ramenée.
  • Elle a été prise immédiatement de diarrhée, elle se vide littéralement et j’ai du la changer une paire de fois.
  • Maintenant la colique est passée mais elle sue abondamment et a tout le temps soif.
  • Jeanne tu sais ce dont souffre ta mère?
  • Elle va mourir, je n’y peux plus rien, son état est trop avancé.

Résignée comme tous les habitants du village, Jeanne attend la mort de sa mère avec tristesse.

La malade ne réagit plus, elle vomit une bile jaunâtre et continue de secréter une sueur visqueuse.

Jeanne patiemment change sa mère et nettoie le pauvre corps décharné, les voisines fuient le foyer infectieux. Le labeur est dur, elle est seule, elle a écarté son mari par décence et ses filles par sécurité .

Le 5 octobre à 4 heure du matin, alors que Jeanne sommeille sur une chaise à coté du lit, la mourante expire dans un dernier râle. Jeanne prévient son mari et les enfants.

Antoine se lève va voir sa belle mère et va frapper à la maison voisine où demeure Pierre Thorin le frère de Catherine.

On organise bientôt une veillée, mais là aussi les visiteur se font rares tant la peur de la contagion est forte.

Le 6 octobre Pierre Thorin déclare le décès à la mairie en compagnie d’un voisin.

Le maire Louis Védrenne est consterné, l’afflux de morts est tel que le cimetière du village est complet. Il faut prendre une décision rapide, le conseil municipal est appelé d’urgence.

Le temps que tout le monde arrive, un quatrième décès est déclaré pour la journée du 5 octobre.

Un solution existe et elle est adoptée rapidement, un terrain vague sur le chemin qui mène à Mansle prés du lieu nommé les Métairies.

Le changement de place du cimetière avait déjà été évoqué, la place manquait autour de l’ancienne abbatiale et les conditions d’inhumation à même la terre sur ce flanc de coteau présentaient quelques inconvénients.

 

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1ere tombe du nouveau cimetière de Saint Amant de Boixe , 1855

 

Catherine Thorin a donc l’honneur d’inaugurer le nouvel emplacement. Elle ne reste pas longtemps seule, car le même jour la rejoignent les morts du 5 octobre puis ceux du 6. Le curé ne chôme guère et le bedeau sonne le glas toute la journée.

Le fléau est effroyable, le choléra laissera une trace indélébile dans la conscience collective du village.

Nota : quelques années plus tard Catherine fut rejointe par sa fille Jeanne, par son gendre Antoine Dussutour et par une de ses petites filles. Une autre personne est inhumée sans que je puisse établir la filiation exacte.

Jeanne Coculet, née le 11 juin 1822 est morte le 20 février 1900 à Saint Amant de Boixe, (Prénom de d’état civil, Marie )

Antoine Dussutour né en novembre 1814 à Saint Pierre de Cote en Dordogne ouvrier amidonnier, mort le 8 mars 1893.

Marie Augustine Dussutour née le 3 septembre 1845, morte le 27 octobre 1898 à Saint Amant de Boixe.

Victoria Isabelle Dussutour , décédée en octobre 1865 ( lieu naissance, filiation et date décès ignorés quand à  présent )

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Nota : un article sur le l’épidémie de choléra dans le village de Saint Amant de Boixe est en cours de préparation.

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