LE CIMETIÈRE DU GUÉ D’ALLERÉ, Histoire d’un lieu

 

LE CIMETIÈRE DU GUÉ D’ALLERÉ

Que l’on soit adepte de promenade en ces lieux, qu’on s’y rende une fois l’an pour fleurir une tombe ou qu’on évite cet endroit malséant, nous savons tous où le cimetière se trouve.

Celui de notre petit village ne fait pas exception .

Il est situé en marge du village respectant à la lettre les recommandations des autorités, bien qu’avec l’expansion du village les maisons des vivants se rapprochent de nouveau de celles des morts.

Avant d’ étudier sa simple histoire, il est sans doute bon de rappeler ce qu’est un cimetière et d’en appréhender un historique.

L’humanité enterre ses morts depuis une éternité mais le plus vieux cimetière connu se trouverait au nord de la Jordanie et serait vieux de 16500 ans.

Le mot cimetière vient du grec dortoir, en effet dans la religion chrétienne les morts sont en attente d’une résurrection.

Ils dorment donc du sommeil éternel dans un champs de repos.

Notons toutefois que jusqu’au 15ème siècle le terme cimetière est seulement utilisé par les religieux, le peuple utilisant le mot aître qui vient du romain atrium et qui on le sait ou pas nommait la pièce principale de l’habitation.

C’est dire l’importance que la population donnait à l’endroit.

Ce mot ensuite dériva vers la désignation du porche de l’église et du parvis, le mot cimetière s’étant imposé.

Dans l’antiquité romaine les morts étaient enterrés en dehors de la ville le long des voies de communication ou bien dans des catacombes.

La loi des douze tables ( 450 av JC ) interdisait par mesure d’hygiène d’être enterré ou incinéré dans les cités.

Les premiers chrétiens seront donc enterrés dans des catacombes.

C’est tardivement sous l’ère des carolingiens ( 8ème siècle ) et pour lutter contre les coutumes païennes de l’incinération qu’on prit l’habitude d’enterrer nos morts.

Tout d’abord dans un champs plein, puis peu à peu dans un endroit proche de l’église pour s’assurer une protection plus efficace des saints martyrs.

A l’aube des cimetières, ils se trouvent ouverts sans délimitation ni architecture bien établies. Viendra ensuite le temps ou ils seront clos avec l’adjonction d’une croix centrale.

Les tombes n’avaient pas le caractère permanent qu’on y attache aujourd’hui, les corps étaient mis en décomposition en terre et sans pierre tombale, on ignorait rapidement l’endroit où ils étaient enterrés.

La plupart du temps les tombes étaient sommaires, les morts entassés dans un espace restreint y exhalaient souvent une odeur pestilentielle. Les sources à proximité étaient polluées et il n’était pas rare que des corps fussent déterrés par des animaux en maraude.

De plus les cimetières d’antan étaient loin d être aussi silencieux que ceux d’aujourd’hui. Les gens y prenaient rendez vous, y discutaient, y commerçaient et s’y promenaient volontiers.

Régulièrement et pour faire de la place on collectait les os et on les plaçait dans un ossuaire ou dans une fosse commune.

On ne connaît pas de description du cimetière du Gué d’Alleré primitif ni d’ailleurs de la première église, mais rien ne nous indique qu’il n’en fut pas ici comme ailleurs.

 

La situation resta en l’état fort tard dans le 18ème siècle, mais l’empreinte humaine s’accélérant il fallut pallier par des textes à l’augmentation des nuisances.

Tout d’abord, les habitants ayant quelques aisances prirent l’habitude de se faire enterrer dans les églises, plus le niveau social montait plus on était inhumé près de l’autel. On imagine les inconvénients olfactifs et les risques de propagation épidémique.

Un décret royal en 1776 mit fin à cette pratique ancestrale.

Concernant l’église du Gué d’alleré, les dernières personnes ensevelies furent Marie Louise et Louise Guy Poirel héritières de la seigneurie du Gué d’alleré, le 31 janvier 1755.

Elles demeuraient toutes deux au château du Gué d’Alleré.

On se doute que la mesure ne fut pas appréciée de tous et que l’église qui y voyait une source de revenu importante freina des quatre pieds.

En 1804 un décret napoléonien décida que le cimetière serait ouvert à toutes les confessions. Le cimetière sera désormais géré par la Fabrique en lieu et place de l’église et tous auront le droit d’avoir une sépulture identique.

On mit également en place les concessions renouvelables tous les cinq ans.

Le cimetière du Gué d’Alleré reste bien au chaud autour de l’église.

Avant de poursuivre, il convient d’apporter une précision d’importance. Le village du Gué d’Alleré était une paroisse avec ce qu’on appelait des annexes.

Il y avait le village de Mille Écus et le village de Rioux, entendons plutôt hameaux que villages mais chacun avait toute fois une église et un cimetière.

Le village était donc pourvu de trois cimetières ce qui après tout n’est pas très banal.

Il n’y a bien sûr aucun renseignement sur la création de ces cimetières mais il faut savoir qu’on a découvert lors du creusement d’un fossé à Rioux au 19ème siècle  deux sarcophages qui pourraient dater des premiers temps d’une installation chrétienne dans notre village. Cette découverte étant située à proximité de la métairie de Rioux, lieu de l’implantation de l’église.

L’église de Rioux portait le nom de notre Dame et la dernière inhumation eut lieu le 7 mars 1783. Après cette date il n’apparaît plus rien sur les registres. C’est donc Jean Jutteau 79 ans qui clôture les inhumations en cet  endroit. Le cimetière était de toutes façons très peu utilisé.

Avec un peu plus d’animation si j’ose m’exprimer ainsi, il y avait aussi le cimetière de Mille Écus qui se trouvait autour de l’église qui par ailleurs devait servir de chapelle au château.

Le dernier a être enterré en ce lieu est le fils de Pierre Bonnet et de Marie Naudin, âgé de trois ans, il est mort le 16 mai 1787 et a été inhumé le lendemain.

Au regard de l’étude des registres paroissiaux la majorité des inhumations se faisaient dans le cimetière du Gué d’Alleré. Les deux autres étant réservés aux habitants des hameaux bien moins importants que le bourg principal.

De toutes manières les églises ont été désaffectées et les cimetières abandonnés peu à peu, bien que l’on trouve encore trace d’une Fabrique (la Fabrique est l’ensemble des biens matériels d’une église et des revenus affectés à l’entretien de ces biens ), à Rioux et à Mille écus dans les premières années du  19ème siècle, ce qui tendrait à démontrer que les deux églises pouvaient être encore utilisées où du moins qu’il y avait encore des biens à gérer.

L’on sait également qu’en  1841 les trois cloches de nos églises du Gué, de Rioux et de Mille écus furent fondues en une seule et pesant  donc 347 kilos. Les pierres des églises de Rioux et de Mille écus ayant quand à elles, ont servi à agrandir l’église principale du Gué en  1837

Notre petit cimetière continua sa vie, si j’ose m’exprimer ainsi mais en 1842, il faut bien le dire nos morts sont à l’étroit.

 

La population globale qui était de 532 habitants en 1806 arrive à 882 en 1841, c’est encore moins qu’avant la révolution ( 976 en 1793 ) mais c’est maintenant trop car les cimetières de Rioux et Mille écus sont fermés.

Notons que cette expansion démographique coïncide avec l’expansion maximum du vignoble dit Rochelais.

Il faut donc en changer et en 1842 l’affaire est faite, le jardin des morts, qui depuis toujours était sous la protection tutélaire de l’église est déplacé sur le terrain actuel.

Les morts s’éloignent des vivants.

En 1843 les travaux de la clôture sont adjugés à François Raimond, le farinier du moulin David.

Puis en 1847 on érigera la croix qui se trouve encore au milieu du cimetière, dessinée par l’architecte P Coiffé et approuvé par le maire Monsieur Bontemps.

 

Mais des morts toujours des morts, il faut agrandir. Les terrains disponibles appartiennent à Auguste Boisson et Louis Raymon. Ils ne veulent sans doute pas vendre alors ils sont expropriés par jugement du tribunal de La Rochelle en avril 1861.

Dès lors notre cimetière ne changera guère jusqu’à une date récente. Mais un changement des pratiques et des mentalités fit que l’on dû adjoindre un columbarium et un jardin des souvenirs.

 

 

Une réflexion au sujet de « LE CIMETIÈRE DU GUÉ D’ALLERÉ, Histoire d’un lieu »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s