LES FARINIERS DE LA ROULIERE, PARTIE 8/17 , LA FONTAINE MIRACULEUSE DE LA GRACE DIEU

Marie et Pierre qui ne veulent pas l’avouer sont un peu perdus à ce moment là.

Ils ont un nouveau roi qui se nomment Louis XV et les ailes du moulin tournent toujours de la même façon.

Ces dernières années ont été dures pour le royaume, les guerres ont épuisé les âmes et les choses. Ici on y peut rien mais peut être qu’un jour…..

On décide tout de même de boire au nouveau et de boire au pourrissement de l’ancien.

Même Marie en boit une lichette, cela la remontera un peu. La servante va l’aider à retourner à la maison. Après tout si ce petit roi vit autant que son aïeul, il y a des chances pour qu’il ne trinque pas au successeur.

Le 12 septembre 1715 Marie se délivre d’un petit Antoine, ce sont les mêmes femmes qui l’assistent, le petit est un peu chat croc et l’on s’interroge pour savoir si il va vivre.

Le père n’est pas là, d’ailleurs il s’absente souvent. Marie sa sœur a entendu dire qu’on voyait traîner le meunier près de la Grenouillère. D’autres sont mêmes plus précis sur le sens des visites dans le quartier des charbonniers.

Enfin il arrive, la mine des mauvais jours, il commence à se lasser des grossesses à répétition de sa femme, deux filles et deux garçons en 5 ans, mon Dieu comme elle y va .

 l’enfant est faible et ne vivra surement pas , c’est presque un soulagement pour le père qui s’en veut malgré tout d’avoir de telles pensées, mais une épreuve cruelle pour Marie. Marie pourtant croit  à sa survie et depuis qu’Antoine est né, elle se démène comme une diablesse pour qu’enfin une étincelle de vie anime ce bout de chair qui se refuse à grossir et à s’épanouir.

Marie se rend même à la source de la Grâce Dieu avec son bébé,.

Un matin sans prévenir personne, elle enveloppe son fils dans sa grande pèlerine et s’en va, elle a deux choix. Celui de s’engager par Malpoigne et rejoindre le bois de l’abbaye et d’y pénétrer. Mais elle redoute de tomber sur le garde ou sur un moine.

Alors elle se résout à passer par le village, au risque d’alerter le monde et que son mari apprenne sa démarche divine. Mais elle se ravise, prend le chemin du fief blanc et plonge vers la Cintrée. Elle ne croise personne hormis un roulier avec son chargement de charbon de bois qui sûrement se dirige vers port Bertrand. L’endroit, elle le connaît parfaitement bien, il y a des pèlerinages fréquents, Pentecôte, Trinité, Fête Dieu, Assomption, Nativité de la vierge, cela attire une foule de gens venus de la France entière. Plusieurs milliers dit-on.

Cette histoire merveilleuse remonte à la fondation de l’abbaye, cela se perd dans la nuit des temps mais les plus érudits disent que le domestique de Saint Bernard qui était malade s’y est trempé et en est revenu guéri. Depuis on affirme que bons nombres d’infirmes y ont retrouvé la santé.

Ceux qui ont été guéris on ne les connaît guère mais enfin puisqu’on l’affirme c’est que cette fontaine est miraculeuse.

Le vieux Jean racontait d’ailleurs qu’on ne pouvait déplacer le timbre où coulait l’eau divine et que même avec plusieurs paires de bœufs on y arriverait pas. D’autres encore plus sûr, croyaient savoir qu’à chaque fois qu’il avait été déplacé, il était revenu à sa place.

Marie se moque de toutes ces légendes et il est même vraisemblable que des dévotions païennes ont eu lieu dans des temps immémoriaux.

Sur les lieux il y a déjà une pauvresse en mal d’enfant, une paysanne au ventre sec qui se désespère de ne pas enfanter. La source bonne enfant n’a pas de spécificité, elle fait tout, soigne tout. Maladie, stérilité, infirmité, la bonne mère n’est pas regardante, après avoir arrosé le cul de la paysanne en mal de drôle elle accueille le petit être.

Marie qui a déshabillé le petit le trempe dans le timbre, l’eau est glacée, le petit hurle, si cela ne le guérit pas cela va le tuer.

Le rite terminé, madame Fleurisson rentre au moulin. Pierre est là dans sa blouse blanche menaçant, il n’aime pas les bondieuseries, les niaiseries.

La tempête prend forme et Marie devant le garçon meunier et sa belle sœur se prend une retentissante gifle. Cela fouaille son honneur, Pierre aurait agi en toute intimité qu’elle ne se serait peut être pas indignée. Mais là c’est comme si il la jetait nue au milieu du chemin ou qu’il l’exposait au carcan sur la place.

Entre eux deux quelque chose s’était brisée.

Laisser un commentaire